Cris de singes, «propos déplacés»: le foot européen pollué par le racisme

Victor Osimhen, l'international nigérian de Naples.

Victor Osimhen, l'international nigérian de Naples. . DR

"Propos déplacés" d'un entraîneur, "cris de singes" en tribune: plus une semaine ne passe sans que le football ne soit touché par une affaire de racisme, dans les vestiaires, en tribune, ou sur les réseaux sociaux.

Le 12/10/2023 à 11h44

Derniers incidents en date: mardi, le parquet d'Orléans a lancé une enquête pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale et pour injures publiques à caractère raciste contre l'entraîneur de l'US Orléans (National, 3e division), l'ancien international Bernard Casoni. Et, mercredi soir, toujours en National, son homologue du Red Star Habib Beye a dénoncé des "cris de singes" visant plusieurs de ses joueurs noirs, à Nancy.

Casoni, 62 ans, suspendu par le club orléanais depuis mardi, s'est excusé jeudi matin à la radio. "Je suis tout sauf raciste. J'ai pu tenir des propos déplacés", s'est-il défendu.

Interrogé sur l'adhésion de l'effectif à son plan de jeu, il avait déclaré en conférence de presse: "Je l'ai fait dans tous les clubs où je suis passé, je l'ai fait avec des Maghrébins! Ils ne sont pas plus cons que des Maghrébins, hein...". La commission de discipline de la Fédération française (FFF), dont dépend la compétition, va ouvrir une instruction.

"Le pire des sports" 


A Nancy, mercredi, Habib Beye a explosé en fin de match: "Quand j'ai trois de mes joueurs qui viennent me voir et me disent +coach, ils miment des bruits de singes et tout ça+, pour moi c'est inacceptable", a-t-il dit à chaud au micro de Canal+.

"On laisse dans les stades des choses comme ça se produire (...). J'ai des gens qui me disent aujourd'hui qu'il ne faut pas envenimer les choses. On a banalisé en fait toutes ces situations", a dénoncé l'ex-international sénégalais, qui demande des sanctions contre les coupables.

Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), Olivier Klein, s'est lui insurgé jeudi matin: "On a encore vu (que) des cris de singe sont descendus des tribunes, on l'a vu lors du match du Parc des Princes avec des chants homophobes particulièrement virulents (...) sans aucun effet ni du côté du délégué ni de l'arbitre, et même une forme d'indifférence (...), on nous a expliqué que tout ça n'était que du folklore et de l’anecdotique", a-t-il protesté.

La France n'est pas le seul pays touché. Fin septembre, l'entraîneur de l'équipe anglaise de Sheffield avait tiré un constat alarmiste après des attaques racistes sur les réseaux sociaux contre son gardien de but Wes Foderingham et sa famille, au lendemain d'une défaite: "C'est triste. Je pense que nous sommes le pire des sports sur ce sujet. Je ne sais pas si c'est dû au profil (du public, NDLR), mais nous sommes les plus touchés".

"Pas la première fois" 


Même les plus grandes stars, comme Romelu Lukaku ou Vinicius Jr, ne sont pas épargnées. En Espagne, le cas Vinicius cristallise les passions depuis des mois. La justice enquête depuis mai sur des insultes qui ont visé l'attaquant du Real Madrid dans le stade de Valence. Son entraîneur Carlo Ancelotti a confirmé avoir entendu le cri "mono" (singe en espagnol), lancé par des supporters.

"Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga", avait dit à l'époque le Brésilien de 23 ans.

Le 2 octobre, une fillette noire de 8 ans portant un maillot à son nom a été prise à partie et injuriée par des supporters de l'Atlético. La justice a ouvert une enquête.

Même rengaine en Italie, où la saison passée a de nouveau été polluée par nombre d'incidents, de Turin à Rome en passant par la Spezia ou Vérone. Victor Osimhen, Samuel Umtiti et Romelu Lukaku notamment ont été la cible de slogans injurieux.

Les supporters de la Lazio se sont illustrés par des chants antisémites lors du derby de la capitale, confirmant l'impuissance du calcio face à ces dérapages. Même si le directeur de la Ligue, Luigi De Siervo, a promis une "tolérance zéro".

En Allemagne, le Bayern Munich a dû récemment prendre la défense de son jeune attaquant Français noir Mathys Tel, lui aussi harcelé sur les réseaux sociaux après une défaite.

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/10/2023 à 11h44