L’extraordinaire renouveau du football marocain repose incontestablement sur un travail de fond et une stratégie conçue et initiée par Sa Majesté le Roi qui a consisté à doter le pays; d’un côté d’infrastructures ultra modernes, à même de préparer, de suivre et d’accompagner les sportifs marocains dans la recherche de la performance et le haut niveau. De l’autre, se donner les moyens de détecter, prendre en charge et former les élites de demain à travers un nouveau site inauguré, par Sa Majesté en personne en 2009, la dorénavant bien connue à l’international, l’Académie Mohammed VI de football. Plusieurs des vedettes des équipes nationales des différentes catégories sont issus de cette académie.
Le Maroc, on le sait aujourd’hui de façon quasi officielle, avait été victime d’une conspiration, quelques années plutôt. Une conspiration qui l’avait privé de l’organisation de la Coupe du Monde 2010 attribuée à l’Afrique du Sud. Cette machination faisait suite à un travail de coulisse mafieux facilité par un soupçon très lourd de corruption. A l’époque, c’était au tout début du règne de Sa Majesté Mohammed VI, le Maroc n’avait pas encore la légitimité sportive, qu’il a acquis depuis, tant au niveau des équipes nationales qu’à celui des clubs. Il n’était pas représenté non plus, au niveau des dirigeants dans les instances internationales.
Il s’est largement rattrapé depuis, avec les résultats sportifs que l’on sait et s’est installé dans la Confédération Africaine de Football et à la FIFA grâce à des actions de partenariats et d’échanges totalement transparents avec des fédérations représentatives du continent. Ainsi 44 conventions ont été signées avec des partenaires en Afrique pour des échanges d’expériences et l’exploitation des infrastructures marocaines pour la préparation et l’organisation de matchs de sélections appartenant à des fédérations devenues amies dans le continent.
Cette dynamique il faut l’entretenir pour maintenir le soutien du public, de plus en plus nombreux et mobilisé autour des équipes nationales et des clubs.
Cette mobilisation est évidente lorsque les résultats sont au rendez-vous, elle se disloque lorsqu’ils viennent à manquer.
Le parcours des équipes nationales et des clubs en Afrique, les attributions d’importantes compétitions au pays ont créé un engouement autour du football au Maroc, sans précédent. Il s’est largement répercuté sur l’ambiance générale, économique et sociale et a développé un sentiment de fierté nationale incontestable. Il ne faudrait pas que des résultats un peu décevants viennent gâcher la fête. C’est un peu le ressenti de ce week-end à travers la lecture de certains commentaires sur les réseaux sociaux.
A part la Renaissance Sportive de Berkane, qui a su tirer son épingle du jeu, l’équipe des U17 a été dominée par le Mali. Une équipe malienne à la portée des Lionceaux qui les avaient éliminés en Coupe d’Afrique en Algérie en demi-finale. Le Wydad aussi a créé la sensation, dans le mauvais sens du terme, en s’inclinant à domicile face à un adversaire présumé beaucoup plus faible. La défaite fait partie du jeu et nous interpelle sur plusieurs aspects. Techniquement, et cela relève des responsables des techniciens des équipes, elle impose une analyse et des réajustements. Socialement, elle pose la question de la gestion des attentes.
Parce que si la victoire réveille notre patriotisme, la défaite ne l’éteint pas. On a juste plus de mal à l’exprimer. Et c’est justement ce qu’il y a lieu de changer pour maintenir cette dynamique et cette flamme.
Ainsi il nous faut passer de la culture du résultat à la culture du sport. Et quoi de mieux que de s’inspirer des meilleurs. Et s’il y a un pays dans lequel la culture du sport fait partie de l’ADN des citoyens, c’est bien les Etats-Unis. Là-bas, le sport est une discipline majeure du cursus éducatif que ce soit en primaire, en secondaire ou à l’université. C’est à travers le sport que se forgent les personnalités, que se créent les valeurs communes et que s’entretient le sentiment d’appartenance. Un américain soit pratique le sport à haut niveau ou en qualité d’amateur soit le regarde. Il est tellement ancré dans la culture populaire américaine qu’un nouveau sport pour le pays, comme le football, a du mal à s’y implanter. Aux Etats Unis c’est le football américain qui domine, il s’apparente au Rugby dont il utilise la forme ovale du ballon, il réunit pour son match phare, le Super Bowl, 80.000 spectateurs et plus de 110 millions de téléspectateurs. C’est aussi le Hockey sur Glace, le Basket Ball et le Base Ball. Il n’y a pratiquement pas un américain qui n’a pas pratiqué un de ces sports au cours de sa vie. Avant toute compétition, qu’elle concerne l’élite ou un simple match universitaire, l’hymne national américain est exécuté et chanté avec la ferveur qui lui est dû. Les phases de repos au cours des matchs sont mises à profit pour promouvoir des actions sociales, honorer des vétérans ou des héros, un pompier, un chirurgien ou le simple gardien du stade lors de son départ à la retraite. C’est aussi ça l’ancrage du sport dans la culture populaire, d’autant que les valeurs du sport sont utiles et profitables à la nation.
La compétition, le respect des règles, le sens de la compétition pour faire toujours mieux et le dépassement de soi chez chaque individu contribuent à la socialisation d’autant que ces valeurs sont transmises via des shows à l’américaine. Et ça, au Maroc, on sait faire.