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En football, les projecteurs se braquent de plus en plus sur le monde arabe

Karim Benzema. © Copyright : Al Ittihad
Cette époque de domination de l’Europe de l’ouest est en voie d’être contestée. Plusieurs indices montrent qu’une nouvelle orientation se met en place. Elle est surprenante et ouvre probablement la voie à une révolution géographique du sport le plus populaire au monde.
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Malgré l’émergence du football du Brésil, de l’Argentine ou l’Uruguay au XXème siècle, le centre du football mondial est resté figé en Europe Occidentale. C’est en effet en Europe que le football a rencontré son public, son financement et sa bonne gouvernance. Les clubs les plus riches, les mieux organisés et les plus attractifs se trouvent en Europe, plus exactement en Angleterre, en Espagne, en Allemagne ou en Italie. En France depuis peu avec le PSG. C’était vrai hier, c’est encore vrai aujourd’hui. Sur les quinze dernières années, les clubs les plus en vue sont le Real Madrid, le Bayern Munich, Liverpool, le FC Barcelone, Chelsea, l’Inter Milan ou Manchester City.

Plusieurs tentatives, visant à déplacer ce centre de gravité du monde du football, ont échoué pour une raison ou pour une autre. Manque d’intérêt du public, absence de financements durables et échecs sportifs en sont les raisons principales.

C’est ainsi que l’on a vu fleurir des championnats dans les coins les plus reculés du globe sans succès. En Inde, l’Indian Super League, le championnat lancé à grand coup de publicité, s’est crashé rapidement, idem en Chine avec la Chinese Super League qui n’est jamais arrivée à convaincre. Seul le championnat du Japon connait un succès d’estime, l’audience de la Japan Soccer League reste locale. Ce ne sont pas les moyens qui ont manqué ni les ambassadeurs. Des joueurs au talent confirmé se sont frottés à ces compétitions. De mémoire on peut citer Iniesta, Alessandro Del Piero, Robert Pires, David Trezeguet, Nicolas Anelka, Didier Drogba et tant d’autres.

Déjà dans les années 70, les communautés italiennes et mexicaines avaient tenté de pénétrer le marché américain du sport. Très vite cette tentative a fait pschitt. Et pourtant, à l’époque, ils avaient fait appel au top du football mondial avec Pelé, Beckenbauer, Cruyff et Muller. Quelques décennies plus tard, le soccer finira par s’imposer, mais dans sa version féminine.

Cette époque de domination de l’Europe de l’ouest est en voie d’être contestée. Plusieurs indices montrent qu’une nouvelle orientation se met en place. Elle est surprenante et ouvre probablement la voie à une révolution géographique du sport le plus populaire au monde.

Et c’est dans le monde arabe que l’on peut s’attendre à trouver le plus sérieux candidat au mouvement en cours.

Tout a commencé avec le groupe émirati Abu Dhabi United. Émanation d’un fonds souverain des Emirats, qui a racheté un club anglais, Manchester City en 2008, alors que le club était en galère depuis les années 70. Les fonds investis ont permis au club de renaitre de ses cendres pour devenir un des clubs les plus titrés et les plus suivis des 15 dernières années. C’est ensuite au tour de «beIN Sport», un réseau de chaînes de télévisions sportives qataries qui depuis 2012 s’impose sur le marché de la diffusion d’événements sportifs de premier plan, dans le monde arabe et surtout en Europe. En France, la chaîne a acquis les droits de diffusion de la Ligue 1, la Ligue des Champions, l’Europa League, etc. barrant la route au diffuseur traditionnel qu’étaient, TF1 et Canal+.

Ce n’est pas tout, Qatar Sport Investissement a racheté le PSG en 2011 pour le faire entrer dans une nouvelle dimension. Aujourd’hui, le PSG tutoie les grands du foot, sur le marché des transferts et sur les infrastructures avec aménagement du stade et construction d’un complexe d’entraînement très moderne.

Le PSG a aussi pris du galon au niveau de la gouvernance du football européen. Le président du club, un Qatari, est également président de «l’European Club Association». Un seul hic, sur le plan sportif, le PSG n’a pas encore touché le graal; la prestigieuse Ligue des Champions continue à lui échapper.

L’intérêt du monde arabe s’est aussi exprimé via l’organisation des phases finales de la Coupe du Monde au Qatar. L’excellente organisation de cette compétition a convaincu les plus farouches des détracteurs de l’attribution de cette compétition au Qatar par la FIFA.

La candidature du Maroc, couplée à celle de l’Espagne et du Portugal en 2030, et la probable candidature Saoudienne en 2034 vont dans le même sens. La présence des Lions de l’Atlas en demi-finale de la Coupe du Monde renforce la nouvelle posture arabe.

Enfin la Saudi Pro League recrute à tout va. Elle a déjà enregistré la présence de Cristiano Ronaldo, Sadio Mané, Karim Benzema, N’Golo Kanté, Riyad Mahrez et des rumeurs parlent de l’arrivée de Neymar. C’est sérieux, parce que cette fois l’engouement du public ne fera pas défaut.

C’est une véritable révolution tectonique à laquelle on assiste. Elle trouble l’hégémonie de l’Europe Occidentale sur le football mondial. On a tendance à l’oublier, mais la force du football c’est qu’il a conquis le monde et que le monde se l’est approprié. Chaque pays à sa manière, selon ses rites, sa culture et ses traditions. Le renouveau du monde Arabe est en cours il est porté par une nouvelle génération de dirigeants ambitieuse et créative, le football lui ouvre une porte vers la gloire, il s’agit de la franchir avec rigueur, sérieux et sérénité.

Par Larbi Bargach
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