Même si le tournoi a été plutôt décevant du point de vue du jeu et du spectacle, l'épilogue prévu à partir de 20 heures au stade olympique devrait rester dans les mémoires. Car c'est une page d'histoire qui s'écrira dans la capitale allemande lors d'un duel qui s'annonce très indécis.
Pour les Anglais, considérés avec la France comme les grands favoris avant le début de la compétition, un succès réparerait une anomalie. Le seul trophée glané par le pays inventeur du football remonte à la Coupe du Monde 1966 organisée sur son sol et il aimerait bien en finir avec cette étiquette de perdant éternel qui lui colle à la peau.
Demi-finaliste du Mondial-2018, finaliste de l'Euro-2021, battu de peu par les Bleus en quarts de finale du Mondial-2022 (2-1), le sélectionneur Gareth Southgate a déjà échoué à plusieurs reprises tout près d'une consécration internationale. Arrivé en Allemagne à la tête d'une génération exceptionnelle, le technicien de 53 ans espère briser cette malédiction et revenir à la maison avec une coupe.
Rien n'a été facile pour l'Angleterre, qui n'a remporté qu'un seul de ses six matches dans les 90 premières minutes, le premier contre la Serbie (1-0), avant deux nuls (Danemark et Slovénie), une prolongation (Slovaquie), des tirs au but (Suisse) et une victoire acquise dans le temps additionnel face aux Pays-Bas (2-1).
Les stars, à l'image du prodige Jude Bellingham (21 ans) et du prolifique attaquant Harry Kane, n'ont pas toujours brillé durant cet Euro mais Southgate a pu compter sur un groupe solide et soudé ainsi que sur un banc de touche regorgeant de talents comme l'avant-centre Ollie Watkins, auteur dans les dernières secondes du but de la qualification pour la finale.
«Je ne crois pas aux contes de fées, mais je crois aux rêves (...) Le destin, le parcours que nous avons eu (...), tout cela ne veut pas dire que c'était notre moment. Nous devons faire en sorte que cela se produise demain, nous devons évoluer au niveau nécessaire pour y arriver», a déclaré le sélectionneur anglais, samedi en conférence de presse.
Enfin un titre pour Kane?
Alors que l’Angleterre, poussive au départ, est montée en puissance au fil des rencontres, la Roja a gardé un rythme de croisière et a été la formation la plus impressionnante et rayonnante du tournoi. Adeptes comme d'habitude de la possession de balle, les Espagnols ont su y ajouter de la percussion sur les côtés grâce à leurs deux ailiers de feu, Lamine Yamal (seulement 17 ans depuis samedi) et Nico Williams (22 ans).
Les hommes de Luis de la Fuente ont réussi à éviter toutes les embûches. Après s'être extraits facilement du «groupe de la mort», avec trois succès en trois matches contre la Croatie (3-0), l'Italie (1-0) et l'Albanie (1-0), ils ont écarté sans ménagement la Géorgie (4-1) avant de frapper les esprits en éjectant le pays-hôte allemand en quarts de finale (2-1 a.p.) puis la France de Kylian Mbappé en demi-finales (2-1).
Après les titres de 1964, 2008 et 2012, ils ne sont qu'à une victoire d'une quatrième couronne, un exploit qu'ils seraient les premiers à réaliser. L'Espagne veut «marquer l’histoire», a assuré De la Fuente samedi.
«Mais si nous ne sommes pas l'Espagne que nous avons montrée jusqu'ici, nous n'avons aucune chance. Il n'y a qu'en nous appuyant sur nos points forts, en étant nous-mêmes, que nous pourrons le faire», a-t-il ajouté.
Avec leurs formidables milieux Rodri, Fabian Ruiz et Dani Olmo, les Espagnols vont donc tenter d'imposer leur jeu. Mais ils devront se méfier des tours de passe-passe de Phil Foden ou de Bukayo Saka sur le côté droit et de la soif de trophée de Kane.
Le joueur du Bayern Munich est sans conteste l'un des meilleurs attaquants de la planète mais à 30 ans, son palmarès reste désespérément vierge.
«J'échangerais tout dans ma carrière pour vivre une soirée spéciale et gagner», a-t-il reconnu. L'occasion est belle de combler ce vide personnel et de délivrer tout un pays en succédant aux héros de 1966.
Espagne-Angleterre, c'est à suivre en direct sur beIN Sports et M6 à partir de 20 heures, ce dimanche 14 juillet.