Pour retrouver la fraîcheur pour l'Euro (11 juin-11 juillet), il faut commencer par dresser "une cartographie extrêmement précise des joueurs", explique Moine, 49 ans, qui a intégré le staff des Bleus en septembre 2019.
Il s'agit de tirer un bilan des états de forme des joueurs, après une longue saison qui les a vus enchaîner les rencontres sans forcément couper.
Comme l'exercice écoulé en club, la compétition paneuropéenne à venir est marquée par le Covid, un test positif pouvant provoquer le forfait d'un joueur convoqué, comme cela est arrivé pour le gardien néerlandais Jasper Cillessen.
Dernier joueur touché, l'Espagnol Sergio Busquets, dont le sort est aujourd'hui en suspens en attendant une décision du sélectionneur Luis Enrique.
"C'est une pression supplémentaire, une épée de Damoclès pour les joueurs et nous le staff, on doit être extrêmement vigilants par rapport au virus, d'où la création d'une bulle, cette vigilance pour les entrées et sorties. Il n'y a aucune possibilité, on reste entre nous, on n'a aucun contact, ce n'est quand même pas toujours simple, psychologiquement, même si on fait un superbe métier", explique Cyril Moine, physique de joggeur, cheveux poivre et sel.
"Attendre d'arriver à l'hôtel"
Quant aux conséquences sur les performances des joueurs, on manque encore d'études à grande échelle.
"Il y a beaucoup de choses qu'on ne sait pas sur le Covid", remarque le Bourguignon, passé par Nantes et les sélections du Japon et de l'Algérie, entre autres.
"Quand on discute avec des joueurs qui ont eu le Covid, il y a diverses réponses, il y a des joueurs totalement asymptomatiques qui n'ont eu aucun effet et n'ont absolument rien ressenti, et d'autres qui ont été très symptomatiques, avec une énorme fatigue qui s'était installée", détaille-t-il.
L'autre particularité de cet Euro organisé dans onze villes de onze pays différents, reste ses nombreux déplacements, parfois longs, pour les équipes qui devront aller à Bakou ou Saint-Pétersbourg.
Pour les Bleus, Munich et Budapest sont au programme.
"Sur plusieurs points, cela nous contrarie, explique Moine. D'abord sur la récupération des joueurs: quand on voyage on récupère moins bien, dans les avions on piétine, on ne peut pas faire tout de suite les soins, on est obligé d'attendre d'arriver à l'hôtel..."
"C'est un peu plus compliqué aussi pour l'entraînement des joueurs qui ne jouent pas beaucoup, poursuit-il. Quand vous avez un camp de base, c'est plus simple, là on va être obligé de s'adapter au maximum pour avoir des joueurs qui restent au top de leur forme, de travailler directement après le match".
"Gérer" les trois en tribunes
Enfin les listes, élargies de 23 à 26, posent un autre problème: "les trois qui vont aller en tribunes, pendant une journée (celle du match, NDLR), ils ne travaillent pas, ça va être difficile à gérer", estime le préparateur physique des Bleus.
"Et quand vous avez 23 joueurs, vous en avez beaucoup qui ne jouent pas, il faut aussi les gérer, pour qu'ils ne passent pas une journée sans s'entraîner", ajoute-t-il.
En revanche, la saison très longue, avec une trêve estivale 2020 très courte pour pouvoir finir la plupart des championnats, n'a pas un impact prépondérant, selon Cyril Moine.
"Non", explique-t-il, les tests de début de rassemblement étaient "surtout basés sur ce qu'ils ont fait pendant les derniers mois, voir quel était leur état de forme depuis notre dernier rassemblement (en mars, NDLR)".
Comme d'autres sélections avec des joueurs de Villarreal, Manchester United (finale de la Ligue Europa), Manchester City ou Chelsea (finale de la Ligue des champions), la France "a aussi récupéré des joueurs tardivement comme Paul (Pogba), +NG+ (Ngolo Kanté), Kurt (Zouma) ou Olivier (Giroud) après les finales de coupes d'Europe".
Mais "ce qu'il s'est passé il y a onze mois est déjà du passé", estime-t-il.
Et de toute façon, conclut-il, "ce n'est pas Cyril Moine qui va faire la condition physique des joueurs de l'équipe de France pendant l'Euro, mais c'est la gestion intelligente et la mise en place de tous les entraînements avec le sélectionneur, avec le staff médical et avec moi-même. C'est un travail d'équipe". Covid ou pas.
