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Hicham Aït Menna, l’homme qui veut à tout prix jouer dans la cour des grands

Hicham Aït Menna (d), président du Chabab Mohammedia, et Rivaldo, ancienne star du Barça et de la sélection brésilienne. © Copyright : DR
Dans la sphère footballistique marocaine, il y a Fouzi Lekjaa, Said Naciri, Jawad Ziyat et Hamza El Hajoui. Mais depuis peu, il y a surtout Hicham Aït Menna. Le président du Chabab de Mohammedia, club de deuxième division, s’est fait un nom en un temps record. Portrait. 
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Mieux vaut être grand parmi les petits que petit parmi les grands. Cet adage, vieux comme le monde, colle à merveille au président du Chabab de Mohammedia, Hicham Aït Menna. Sur les traces de son père, Mohamed Aït Menna, qui est parti de rien pour construire une grande fortune familiale, le nouveau boss du SCCM a repris ce club historique des divisions amateurs et compte en faire un cador de la Botola. Sa méthode: des recrutements chiffrés à des dizaines de millions de dirhams, une représentativité dans les instances dirigeantes de la discipline et une présence continuelle dans les médias. Pour Aït Menna, toutes les occasions sont bonnes pour faire parler de lui et de son club, quitte à créer une ou deux polémiques et, si l’opportunité se présente, pourquoi pas tirer à boulets rouges sur “ses confrères”, généralement les verts d’entre eux. Le personnage aime la lumière et peu importe la manière pour se mettre sous les feux des projecteurs. La démesure et même le ridicule ne lui font pas peur. L’obsession de grandeur frôle même la mégalomanie. 

Au nom du père
Typique, le profil de Hicham Aït Menna ne détonne pas avec l’image du dirigeant sportif classique dans les clubs marocains. Né le 12 février 1971, Hicham est un des 11 enfants de Mohamed Ait Menna, homme d’affaires et ex-président du club de la ville des roses. La légende urbaine raconte que le défunt est arrivé à pieds de Demnate à Mohammedia pour débuter comme maçon vers la fin du protectorat. Membre de l’Istiqlal, il s’est lancé dans les marchés publics accordés par la municipalité, dirigée à l’époque par des élus du parti de la balance. En pleine ascension, il a profité de la marocanisation pour étendre et diversifier son business. Aït Menna se lance alors dans la commercialisation du bois en 1973, avec Maysonnier, puis s’offre la SOGER (Société Générale des routes maghrébines) et rachète les établissements Gouvernec (emballages métalliques) ainsi que la SMIM et la SMEET au Groupe ONA, les tuileries et Briqueteries du Maroc et la société marocaine d’explosifs au Groupe Mohamed Karim Lamrani. Décédé en 2003, il laisse derrière lui une grande fortune à Hicham et ses 10 autres frères et sœurs. 

Objectif lune
Pour Hicham Aït Menna, la lune a une silhouette courbée, se compose essentiellement d’or et d’argent et se montre une fois par an: la coupe du monde des clubs est la lune du président du Chabab Mohammedia. Lors d’une récente réunion des socios du FC Barcelone, dont il fait partie, Aït Menna avait eu un échange avec un des “adhérents” du club espagnol qui l’a interrogé sur ses objectifs avec le SCCM. Ce jour-là, le Marocain lui a répondu qu’il rêvait d’une finale Barça-Mohammedia à la Coupe du monde des clubs. Seulement, qu’il n’était pas sûr que le FC Barcelone remporte la Ligue des Champions de sitôt. 

Cet échange montre l’ambition du dirigeant du SCCM. Passé de la division amateur à la deuxième division, cette saison, son club est en passe de gagner sa place parmi l’élite (leader avec 47 points, à 4 unités de son dauphin le MAS), à 3 journées de la fin de l’exercice en cours. Et pour sa remontée en Botola Pro 1, Aït Menna voit les choses en grands. “Je vise le titre dès la saison prochaine”, nous avait déclaré l’intéressé lors de son passage dans notre émission Nes-Nes. Ni plus, ni moins.

À lire aussi: Vidéo. Nes-Nes S03. EP01. Hicham Aït Menna: “Je suis devenu anti-Raja”

Et pour arriver à ses fins, Aït Menna ne lésine pas sur les moyens. Après son ascension en Botola Pro 2, il a bâti, à coup de millions, une forteresse qui avait de la gueule en recrutant de bons joueurs et en produisant un jeu séduisant, mais pas seulement. Il a fait parler de son club au-delà de nos frontières en annonçant la signature de l’ancien international brésilien et Ballon d’Or 1999, Rivaldo, comme directeur sportif de son équipe. L’ancienne star du FC Barcelone ne s’est jamais présentée au centre d’entraînement du SCCM, mais qu’importe le bluf du moment que toute la presse a parlé du fameux Rivaldo qui va coacher les hommes de Aït Menna.  Quand le Brésilien n’a pas pris ses quartiers sur le banc de touche du SCCM, le président n’a pas été pour autant décontenancé invoquant un conseiller à distance. Un sacré coup de pub pour l’équipe et son patron qui avaient inventé le télétravail bien avant cette crise du Covid. Et ce n’est pas tout. 

Cette soif d’être vu lui fait aussi commettre des actes qui provoquent un tollé sur la toile. Comme cette photo en compagnie de la veuve du défunt Abderrahman Youssoufi, en pleine crise Covid-19, sans masque de protection à côté d’une personne très âgée et supposée être particulièrement vulnérable en cas d’une contamination au coronavirus.

Ziyat: je t’aime, moi non plus 
Dans cette progression fulgurante, le principal atout de Hicham Aït Menna est sans conteste sa parole populaire, sinon populiste. Loin du discours élitiste, formaté et soporifique, Hicham Aït Menna parle le langage simple et direct des footeux. Il a en plus ce goût de l’affrontement, du contact avec les gens et des sorties où l’on adore étriller l’adversaire à coups de formules dont les médias sont si friands. Il est le syndrome d’une nouvelle génération de dirigeants, qui se reconfigure, se réinitialise et, surtout, ne parle pas la langue de bois. 

Sa rivalité avec le président du Raja de Casablanca, Jawad Ziyat, en est la preuve. Le patron du SCCM, pourtant hors compétition avec le Raja ces dernières années, ne laisse pas passer une occasion pour fustiger son “ami”. “Ziyat est un bon gars, de bonne famille que j’aimais bien, mais il a manqué de respect à mon équipe et cela je ne le permettrai jamais”, avait-il précisé. 

Dans une ancienne déclaration, le président du Raja de Casablanca avait déclaré que son club n’avait besoin de l’aide de personne pour recruter des joueurs et surtout pas d’un club de 5e ou 6e division. Il réagissait à Aït Menna lui avait proposé de ramener Badie Aouk du HUSA au RCA en contrepartie de 50% du contrat de Badr Banoun. 

Depuis, Aït Menna a déclaré la guerre à Ziyat et s’est tourné vers l’autre équipe casablancaise, le Wydad, lui proposant son aide. Une démarche bien accueillie par la direction des Rouges. “La différence entre Ziyat et Naciri, est que le second m’a traité d’égal à égal, de président de club à président de club. C’est pour cela que je suis prêt à tout pour aider le Wydad”, nous avait expliqué Aït Menna. 

Le Wydad comme lot de consolation 
Son rapprochement du voisin wydadi n’était pas la seule démarche du président du SCCM pour agacer son nouveau “rival”. Aït Menna cherche à doubler les Verts dans n’importe quel transfert en surenchérissant ou en proposant un meilleur contrat au joueur. C’est ce qui s’est passé avec l’international marocain et capitaine de l’Olympique de Safi, Mohamed El Mourabit, qui était à deux doigts de signer pour le Raja avant de rejoindre finalement Mohammedia. 

À lire aussi: Vidéo. Ait Menna prendra en charge le Zamalek avant son choc face au Raja

Dernier exemple en date de cet “acharnement” contre le Raja, la promesse d’Aït Menna de prendre en charge le séjour de l’équipe égyptienne du Zamalek, adversaire des hommes de Jamal Sellami en demi-finale de la Ligue des Champions. Mais cette fois, cette hospitalité a déchaîné la colère des fans du Raja qui ont pris pour cible le président du SCCM le qualifiant même de traitre à la nation. Contacté par nos soins, Aït Menna explique que cette histoire n’a rien à voir avec le nationalisme et que ça reste une simple affaire de négociation entre deux clubs. “Je ne suis et je ne serai jamais contre les clubs marocains qui prennent part à une compétition internationale. Je les soutiendrai toujours et s’ils ont besoin de mon aide, je n’hésiterai jamais. L’histoire est que nous comptons (SCCM) signer un partenariat avec le Zamalek et, en plus, nous sommes en négociation avec eux pour Hamid Ahaddad”, précise Aït Menna. 

Qu’il dise vrai ou pas, le président du Chabab Mohammedia a réussi, en l’espace de quelques mois, à faire ce que d’autres n’ont pas réalisé en plusieurs années, devenir l’une des personnalités les plus influentes du football vert et rouge. Du moins sur le plan de la comm. On verra ce qu’il en sera sur le terrain quand le SCCM va évoluer dans la Botola.

Par Mohamed Yassir
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