Décembre 2023: début de campagne
Thierry Henry, alors sélectionneur des Espoirs français, endosse le costume d'entraineur de l'équipe olympique. Trois ans après le mauvais souvenir de Tokyo, sa première mission est de convaincre les présidents de clubs de libérer les joueurs sur qui il compte, alors même que le tournoi olympique ne figure pas dans les dates Fifa et que les clubs n'ont pas l'obligation de laisser leurs joueurs à disposition.
Avec Philippe Diallo, le président de la Fédération française (FFF), Henry se lance dans une campagne éreintante de persuasion auprès des clubs, français comme étrangers. En France, le projet fait plutôt l'unanimité. A l'étranger, l'ancienne gloire d'Arsenal, passée par le Barça, ne reçoit aucune garantie.
Janvier: faux suspense
Dans un entretien accordé à l'AFP, Henry affirme ses ambitions pour les Jeux: il "visualise l'or" malgré le peu de "certitudes" dont il dispose sur son groupe. A ce moment-là, plusieurs joueurs majeurs des Bleus, Kylian Mbappé en tête, ont exprimé leur désir de disputer les Jeux à Paris.
Henry, qui affirme que personne ne l'a sollicité, prend acte des candidatures sans être dupe: "si tu parles à n'importe quel joueur en France, il voudrait faire les JO. Mais est-ce qu'il le pourra?"
Mars: premiers accrocs
Thierry Henry dévoile sa première liste olympique, pour deux matches amicaux, avec Bradley Barcola ainsi que trois Lillois, Lucas Chevalier, Leny Yoro et Bafodé Diakité.
Premier accroc, le Real Madrid, dont tout indique alors que Kylian Mbappé en portera les couleurs à l'été, fait savoir par une lettre adressée aux différentes fédérations qu'il ne libérera pas ses joueurs pour les JO s'ils ont disputé l'Euro un mois avant. Pour la France, outre Mbappé, cela concerne Eduardo Camavinga, Aurélien Tchouaméni et Ferland Mendy.
Le même jour, Didier Deschamps, que Henry appelle "le patron", avait déjà douché l'enthousiasme, estimant qu'il était "très difficile d'enchaîner deux compétitions" comme l'Euro et les JO.
Dans la foulée, Florian Maurice, directeur sportif de Rennes, dont le club pouvait alors disputer les tours préliminaires de la Ligue des champions aux mêmes dates que les Jeux, brise les espoirs: "On ne peut pas se déshabiller pour habiller l'équipe de France".
Finalement, Rennes ne jouera pas l'Europe et laissera ses joueurs, Adrien Truffert et Désiré Doué, participer aux Jeux, au contraire de Lille, concerné par la C1, qui bloquera Chevalier, Yoro et Diakité. Alors qu'ils figurent tous deux dans la liste de Deschamps pour disputer l'Euro, le PSG fait savoir en mai qu'il ne libèrera ni Bradley Barcola ni Warren Zaïre-Emery. Le premier aura un temps de jeu famélique en Allemagne, le second n'y disputera pas une seule minute.
Juin: rassemblement
Henry dévoile une pré-liste de 25 joueurs pour les JO. S'il ne retient pas Mbappé ou Griezmann, sur qui il a fait une croix, le champion du monde 98 tente un coup de poker en sélectionnant les Lillois Chevalier, Yoro et Diakité et les Parisiens Zaïre-Emery et Barcola. Peine perdue.
Il nomme aussi deux joueurs de plus de 23 ans, sur les trois auxquels il a droit: Alexandre Lacazette, 33 ans, à l'histoire troublée en bleu, et Jean-Philippe Mateta, 28 ans, sorti des radars français depuis son départ en 2018 en Allemagne puis en Angleterre.
Le sélectionneur a fixé au 16 juin le début de la préparation pour le tournoi, sans savoir sur qui il pourra compter définitivement. Alors que le rassemblement des Bleus n'a pas débuté depuis deux jours, Burnley, le club du défenseur Maxime Estève, rappelle son joueur, remplacé par Loïc Badé, 24 ans, troisième joueur de plus de 23 ans, un habitué du groupe.
Jusqu'au 24 juillet, date du premier match des Bleus aux Jeux, Henry aura encore perdu un gardien, Robin Risser, sur blessure, un cadre, Khephren Thuram, transféré de Nice à la Juventus et bloqué par son nouveau club, une pépite, Mathys Tel, finalement empêché par le Bayern Munich, et un réserviste Lesley Ugochukwu, rappelé par Chelsea.
