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La FIFA confie au Maroc l’organisation de 6 à 7 Coupes du Monde en 6 ans, un record

Le trophée de la Coupe du monde de football. © Copyright : DR
En s’imposant le challenge d’organiser 5 Coupes du Monde consécutives, auxquelles il faudra probablement rajouter le Mundialito 2029 en co-organisation avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc montre qu’il a pris conscience de l’importance des prochains défis qui l’attendent.
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Décidément le Maroc est un pays de défis. Il n’a été servi ni par le voisinage, un régime hostile à l’est et un continent méfiant au nord, ni par la nature, une grande zone désertique au sud et très peu de ressources énergétiques, très abondantes chez la plupart des pays arabes. De tous ces manques le Maroc a fait des atouts, l’hostilité du voisin l’a poussé à compter sur lui-même, le désert une source d’énergie propre et avec l’Europe, il a développé un partenariat exigeant basé sur des projets communs, économiques, politiques, sécuritaires et sportifs.

Pour chaque difficulté, qui aurait pu pousser le pays vers une guerre destructrice, les autorités marocaines ont eu une réponse intelligente. Avec l’Espagne, pour éviter l’affrontement, il a choisi la Cour Internationale de Justice et la Marche Verte pour imposer ses droits. Avec l’Algérie, il a construit un mur pour contenir les ambitions militaires voisines. Et enfin pour le défi du développement, il a préféré l’exigence d’un système libéral basé sur la concurrence et la compétition génératrice de valeurs. Un défi si l’on se réfère aux idéologies dominantes des années 60 qui se sont toutes fracassées 30 ans plus tard en laissant chez les pays qui les ont adoptés des séquelles sérieuses.

Aujourd’hui, la FIFA, le monde du football, lui lance un autre défi, celui d’organiser la Coupe du Monde 2030, conjointement avec l’Espagne et le Portugal, et 5 éditions de la Coupe du Monde féminine des moins de 17 ans entre 2025 et 2029, en attendant de le choisir probablement pour la nouvelle formule de la Coupe du Monde des clubs en 2029. La première édition de ce Mundialito nouvelle formule est prévue en 2025 aux Etats-Unis.

Pour le pays qui a organisé la Marche Verte, ce n’est pas vraiment un défi. Conçue dans le plus grand secret par Feu Hassan II durant 3 mois, cette épopée a été mise en œuvre en trois semaines du 16 octobre 1975 au 6 novembre de la même année. Déplacer 350.000 personnes, les nourrir, les loger, les transporter, les soigner, les encadrer et les maitriser, c’est la teneur du défi relevé, aujourd’hui inscrit dans l’ADN de tous les Marocains.

C’est en puisant dans cet ADN que Sa Majesté le roi Mohammed VI a accepté de proposer la candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, conjointement avec l’Espagne et le Portugal avec toutes ses conséquences. Un événement grandiose, le deuxième avec la participation de 48 pays. Le Maroc avait présenté sa candidature plusieurs fois, pour les éditions 1994, 1998, 2006, 2010 et 2026. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui ont permis de convaincre, cette fois-ci le comité, bien avant l’officialisation de l’attribution prévue en décembre 2024. A cet effet, il convient de noter que le Maroc ne part pas en terre inconnue. Il s’est exercé à l’organisation de grandes compétitions de football: la Coupe du Monde des Clubs en 2013, en 2014 et en 2022. Et pour accumuler de l’expérience, va continuer à améliorer ses capacités organisationnelles en abritant la Coupe d’Afrique des Nations 2025. Un savoir-faire qui a encore besoin de s’améliorer, si l’on se réfère aux difficultés rencontrées par les stadiers pour imposer au public des places numérotées, pour gérer la fluidité des entrées et sorties aux stades…

Il faut près d’une demi-heure jusqu’à trois quart d’heures pour sortir du stade lorsqu’il faut 10 mn au Bernabeu ou au Camp Nou par exemple. Le Maroc, conscient de l’apprentissage nécessaire pour atteindre les standards internationaux, s’est porté candidat et obtenu l’organisation des prochaines éditions de la Coupe du Monde féminine U17 pour les saisons 2025, 2026, 2027, 2028 et 2029. Une compétition avec 24 équipes. C’est-à-dire que dans une année il faudra disposer de 6 stades minimum aux normes FIFA, des normes très exigeantes. C’est un exercice grandeur nature qui permettra au pays d’être à l’heure lorsqu’il faudra se présenter face au Monde. Parce qu’en réalité la Coupe du Monde ce n’est pas uniquement des stades, c’est une infrastructure importante pour recevoir les équipes dans les meilleures conditions, hébergements, restaurations, terrains d’entraînements, transports, sécurités. Il faudra recevoir les supporters, des futurs touristes à conquérir, et leur offrir animation et fan zones. Le Maroc à l’expérience et les Marocains le sens de l’hospitalité, ce ne sera pas suffisant. Il faudra aussi offrir des circuits touristiques autour des villes retenues pour les journées sans matchs. Le Maroc a un savoir-faire, il faudra le déployer et capitaliser sur les expériences acquises avec Mawazine, le Festival des Musiques Sacrées, le Festival Gnaoua, TanJazz et tant d’autres. C’est donc aussi une occasion pour promouvoir le patrimoine marocain et en partager les moments festifs avec le Monde entier.

En s’imposant le challenge d’organiser 5 Coupes du Monde consécutives, auxquelles il faudra probablement rajouter le Mundialito 2029 en co-organisation avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc montre qu’il a pris conscience de l’importance des prochains défis qui l’attendent. Le sourire de M. Gianni Infantino, le Président de la FIFA, en est un témoignage visuel. Son message multi-visionné sur les Réseaux Sociaux a obtenu un nombre incalculable de likes. Il est vrai que son «Dima Maghrib» fait mouche à chaque fois qu’il le prononce.

Cette prise de conscience doit nous concerner tous. Le public doit s’habituer à remplir les stades, pas uniquement lorsqu’il s’agit de soutenir son équipe nationale. Le spectacle de stades vides est désolant. Les investisseurs doivent saisir les opportunités, non pas pour gagner de l’argent immédiatement mais pour s’inscrire dans la durée. Un touriste arnaqué ne revient plus, il faut apprendre à gagner sa fidélité sur le long terme. De multiples petits métiers vont naitre en parallèle, c’est une chance pour le pays. Les taxis et les transports publics vont être sollicités par des étrangers peu habitués au sympathique désordre organisé coutumier pour les Marocains. Il faudra qu’ils jouent le jeu. Les commerces auront une occasion en or pour doubler, voir tripler leurs chiffres d’affaires avec d’importantes marges. Qu’elles soient réalisées sur la quantité des produits vendus pas sur les prix, ni la qualité.

L’objectif sera de pouvoir dire «Dima Maghrib» non seulement pour les exploits sportifs mais aussi pour le reste, un vaste chantier.

Par Larbi Bargach
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