La gestion des transferts, un indicateur de bonne gestion sportive

Une étude publiée sur le site Football Benchmark et largement relayée sur les réseaux sociaux a attiré l’attention des observateurs du football de l’élite mondiale. Elle porte sur le coût net des transferts des meilleurs joueurs au cours des dix dernières années et sur la valorisation de l’effectif actuel des clubs objets de l’étude. Ce travail, auquel ont été associés des experts multidisciplinaires mérite que l’on s’y attarde tant il contient des enseignements utiles pour notre football et nos dirigeants.

Sur la base des recherches effectuées par le cabinet sur 10 ans, un classement a été établi en fonction du coût des transferts, c’est-à-dire le coût des joueurs achetés moins les recettes accumulées obtenues des ventes de joueurs. En face du chiffre obtenu, un indicateur a été rajouté, il a toute son importance. C’est la valeur marchande totale de l’effectif actuel des clubs retenus. Cette valeur est déterminée selon les performances du joueur, de ses statistiques et de son influence sur le jeu de son équipe. Un autre des sites spécialisés dans ce genre d’évaluation est connu sous le nom de «Transfermarkt». Il est mis à jour régulièrement. 
     
C’est ainsi que Manchester United figure en tête, du classement établi par Football Benchmark, avec un net de 1,29 milliard de livres sterling soit 16,383 milliards de dirhams. C’est, à priori, un indice de la richesse du club qu’il faut très vite atténuer par la valorisation de son effectif actuel qui est évalué à 877 millions de £ soit la contrevaleur de 11,137 milliards de dirhams soit une dévalorisation de 524 millions de dirhams.

En deuxième position on trouve Man City, l’autre club de Manchester, avec un net de 1,01 milliard de £, suivi d’Arsenal (1), du PSG (960 millions) et de Chelsea avec 728 millions de £.

Barcelone, un des clubs majeurs du football mondial est en 6ème position avec un net de 596 millions de £, loin devant le Real Madrid qui pointe à la 10ème place avec un net de 250 millions de £. Et pourtant Real et Barça ont été particulièrement actifs sur le marché des transferts. C’est dire la qualité de leurs achats et de leur politique de vente.

Pour plus de précision un autre ratio doit être mis en avant. Celui du rapport entre la valorisation des effectifs à ce jour et la valeur nette des acquisitions sur les 10 dernières années. Il présente un classement complétement inversé. C’est le Real qui se retrouve à la première place avec une valorisation de 345% suivi du Barça avec 71% et Tottenham en 3ème position avec 57%. Lorsque l’on sait que le Real a gagné 5 Ligues des Champions et 3 Ligas depuis 2014 et que le Barça a remporté 1 Ligue des Champions et a été 5 fois champion d’Espagne, on se rend compte que ce n’est pas uniquement l’argent qui apporte le prestige et les titres. C’est aussi la qualité de la gestion sportive qui est mise en avant grâce à cette étude et l’on constate que sur ce registre les deux clubs espagnols restent une référence incontestable. Leur capacité à détecter des joueurs à fort potentiel, à améliorer de façon significative leur rendement et leur notoriété leur permet de garder un statut unique en Europe.

Cela devrait être une source d’inspiration pour les clubs marocains, surtout ceux impliquées dans les compétitions continentales au cours desquelles ils croisent des pépites souvent à leur portée sur le plan financier. C’est une obligation si l’on souhaite rester dans le sillage de ce qu’il se fait de mieux à l’international.

Le football a beaucoup changé, c’est devenu un vrai spectacle de qualité supérieure avec un public très exigeant. Avant l’arrivée d’une deuxième chaîne au Maroc en 1989 et les chaînes sportives spécialisées, le téléspectateur marocain était figé sur les matchs du «GNF». Aujourd’hui, il compare.

Le Maroc s’est inscrit dans la dynamique de la mondialisation et s’est ouvert à l’économie mondiale avec un flux de plus en plus important d’échanges migratoires. Les entreprises marocaines ont créé des filiales un peu partout dans le continent et RAM, la compagnie nationale, dessert une grande partie des principales villes africaines. Cette ouverture a forcément affecté favorablement le football national et il faudrait qu’il en profite pour devenir un vrai hub, un tremplin vers l’Europe et vers d’autres championnats. A cet effet, les équipes marocaines doivent développer leurs politiques de détection, au Maroc d’abord, des talents par dizaine, échappent à la vigilance des recruteurs mais aussi à l’étranger. La FRMF a formalisé des conventions sportives importantes avec plus de 40 fédérations affiliées à la CAF. Elles prévoient l’échange d’expériences, l’accompagnement et la mise à disposition des installations sportives du pays. Comme à chaque fenêtre FIFA, des équipes vont recevoir leurs adversaires au Maroc, qui devient ainsi, symboliquement, leur deuxième patrie, c’est une occasion à saisir pour dénicher de futures vedettes pour le football marocain. Même si ce n’est que temporaire ce sera un plus pour nos clubs.

Apprendre à acheter et à bien vendre rendra les clubs nationaux plus fort et meilleur. L’exemple des clubs espagnols est édifiant, ils sont moins riches que leurs homologues anglais et français à travers le PSG, mais avec de la rigueur dans le choix des joueurs et de la bonne gestion sportive, Real et Barça, clubs appartenant à leurs supporters, répondent encore présents dans un monde ou l’argent coule à flot.