Le Président algérien vient de lancer, à l’occasion du 61e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la construction d’une Média City. Ce projet vise la création, sur 74 hectares d’un ensemble de zones dont la plus importante hébergera les sièges de l’Entreprise Publique de Télévision, L’agence de presse, la radio nationale, etc. Il veut doter le pays d’un outil de propagande à grande échelle capable d’occulter les difficultés sociales qui ne manqueront pas de revenir au premier plan avec les premières baisses des prix des hydrocarbures.
En ce qui concerne le sport, cette couverture médiatique servira à accompagner les éventuels succès sportifs du pays et à mettre en scène des complots, ourdis ailleurs, pour camoufler les véritables raisons des défaites.
Les interventions récentes de Messieurs Hafid Derradji et Lakhdar Berriche donnent un avant-goût des contenus attendus de cette cité médiatique. En effet, ces deux journalistes, d’origine algérienne, ont connu la notoriété grâce à leur passage sur beIN Sport, la chaîne qatarie qui détient la quasi-totalité des droits TV de la région. Ils se sont lancés dans un process de dénigrement systématique du football marocain en prétendant que l’Algérie aurait réalisé un meilleur parcours au dernier Mondial Qatar 2022, si elle s’était qualifiée. Elle a, pour rappel, terminé dernière de son groupe de la dernière CAN avec 1 point derrière, la Côte d’Ivoire, la Guinée Equatoriale et le Sierra Leone.
Ils se sont également attaqués au responsable officiel du football marocain, Fouzi Lekjaa, qu’ils accusent de profiter de son poste de vice-président de la CAF pour influer sur les résultats sportifs du Maroc et, sur l’organisation de la CAN 2025, pour laquelle Maroc, Algérie et d’autres sont candidats.
Ils ne sont pas seuls à participer à ce cirque médiatique, d’autres journalistes sportifs, travaillant directement sur les chaînes algériennes, consacrent l’essentiel de leurs émissions au voisin marocain. Les attaques de ces chaînes ne sont pas importantes et leur impact est très limité. On sait qu’elles visent une propagande à consommation interne, courante dans les pays sous-développés. On sait aussi que ça ne convainc personne.
Par contre les propos de Messieurs Derradji et Berriche ont plus de poids. Ils doivent être mesurés et responsables compte tenu du statut qu’ils ont obtenu en exerçant sur beIN. Ils peuvent influer sur la rue arabe. On l’a vu avec le comportement de quelques jeunes joueurs égyptiens lors de la cérémonie de clôture de la Coupe d'Afrique des Nations U23.
Ils nous font prendre un risque, en tant que parents, celui d’associer, dans l’esprit des jeunes arabes, la victoire à la corruption et à la triche. En agissant ainsi, ils rendent le succès détestable et la défaite injuste. On ne fait pas mieux pour détruire les valeurs de l’effort, de l’abnégation et de l’estime de soi.
En réalité ce qui les ennuie, ce sont les résultats des équipes marocaines, ½ finalistes de la Coupe du Monde et qualifiées pour le Mondial U17 et les Jeux Olympiques de Paris avec les U23. L’Algérie n’était pas au Qatar et, est éliminée des deux autres compétitions auxquelles s’est rajoutée, depuis mardi dernier, une élimination en demi-finale des Jeux arabes qui se tiennent à Alger.
Les résultats récents du Maroc ont surpris. Le niveau des équipes et l’influence grandissante des dirigeants du football national n’étaient pas dans les radars de ceux qui sous-estiment la valeur du travail et surestiment le poids de leurs revenus rentiers. Ils ne savent pas que les résultats actuels sont le fruit d’une réflexion et d’investissements.
L’Académie Mohammed VI, le Complexe Mohammed VI de Football, la mise aux normes FIFA d’un grand nombre de stades... ce sont des investissements en Hommes et en Capitaux autrement plus efficaces que les soi-disant travaux de coulisses. Le tout s’est accompagné de conventions avec plusieurs fédérations du continent en vue du partage d’expérience et de l’utilisation des infrastructures du Maroc. On l’a vu lors des éliminatoires de la CAN Côte d'Ivoire 2023, le nombre de pays qui ont utilisé les installations marocaines pour leurs matchs officiels est impressionnant. La coopération Sud-Sud, ce n’est pas des valises diplomatiques, elle se construit via des projets en commun, des ressources humaines affectées et de l’émulation.
C’est ce qui fait du Maroc le favori pour l’organisation de la CAN 2025. Il dispose des infrastructures et de l’expérience. Il a déjà organisé trois éditions de Coupe du Monde des Clubs de la FIFA et s’est engagé dans des travaux de rénovation de stades. Le Maroc brigue l’organisation de la Coupe du Monde, la plus prestigieuse des compétitions, en 2030 en partenariat avec le Portugal et l’Espagne. Sa crédibilité est plus qu’avérée.
Il est vrai que l’Algérie vient de faire construire des stades et qu’elle entame un nouveau cycle d’investissements sportifs. C’est bien, c’est ce que l’on attend de la rivalité, lorsqu’elle est saine, elle génère de la compétitivité et de l’émulation, on ne peut que s’en réjouir.
Lorsqu’elle se traduit par des accusations gratuites, sans fondements et une propagande stérile, elle détruit de la valeur, sous couvert de communication et ne pose pas les doigts sur l’origine réelle des problèmes. Avec la construction de cette cité, c’est malheureusement la direction choisie par nos voisins, c’est regrettable.