Les feux d'artifice et l'euphorie déclenchés par l'arrivée du joueur portugais aux cinq ballons d'or ont fait place à une certaine apathie lorsqu'il a terminé la saison avec son club d'Al Nassr sur le banc, blessé, lors du dernier match contre Al Fateh mercredi.
Après avoir fait venir Ronaldo pour deux ans et demi et un contrat dont le montant atteindrait, selon des informations non confirmées, 400 millions de dollars, Al Nassr n'a terminé que deuxième du championnat saoudien, sans trophée mais avec une qualification pour la Ligue des champions asiatique comme lot de consolation. Et le Portugais n'a marqué que 14 buts, dont cinq pénalties.
Mais l'arrivée de la star de 38 ans, passée par Manchester United, le Real Madrid et la Juventus, reste une très bonne opération marketing pour le football saoudien, qui veut s'imposer sur la scène mondiale, et plus généralement pour le pays, qui cherche à attirer investissements étrangers et touristes.
Selon plusieurs médias, le septuple Ballon d'Or et champion du monde argentin Lionel Messi, actuellement au PSG, a reçu une offre faramineuse de l'ordre de 400 millions d'euros par an pour débarquer à son tour dans le royaume. Et, depuis mardi, la presse espagnole évoque une offre d'Al-ittihad à laquelle réfléchirait le dernier lauréat du Ballon d'Or, l'attaquant français du Real Madrid Karim Benzema.
Les immenses ressources du fonds d'investissement public saoudien pourraient permettre ces transferts. Elles financent déjà la ligue dissidente de golf LIV et ont permis l'achat du club anglais de Newcastle United.
L'Arabie saoudite envisage également de se porter candidate à l’organisation de la Coupe du monde de football en 2030 ou 2034, suivant l'exemple du Qatar voisin.
"Les fans veulent des trophées"
Les efforts des autorités saoudiennes de se faire une place dans le monde du sport sont souvent décriés comme visant à masquer leur bilan peu reluisant en matière de droits humains. Quelque 81 personnes ont été exécutées en une seule journée l'année dernière et l'homosexualité est toujours réprimée. L'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en 2018 avait également soulevé une vague d'indignation internationale.
Ronaldo n'a fait que peu de déclarations publiques depuis son arrivée à Ryad avec sa compagne, la mannequin Georgina Rodriguez, elle-même influenceuse comptant 49,5 millions d'abonnés sur Instagram.
Après avoir appelé par erreur sa nouvelle terre d'adoption "Afrique du sud" lorsqu'il a été accueilli à Al Nassr, le Portugais s'est quelque peu rattrapé en estimant que le championnat saoudien pourrait devenir l'un des meilleurs au monde.
"Petit à petit, je pense que ce championnat fera partie des cinq premiers au monde", a-t-il assuré lors d'un interview.
Si Ronaldo ne peut gagner des matches à lui seul, son arrivée a braqué les projecteurs sur le championnat national. Le nombre de personnes suivant Al Nassr sur Twitter est passé de 800.000 à 4 millions et sur Instagram de 2 millions à plus de 14 millions.
Les supportrices, encore interdites de stades il y a quelques années, sont maintenant devenues une vision familière, la présence de Ronaldo attirant aussi les familles.
Mais certains fans se plaignent des performances plutôt décevantes du joueur, qui a souvent échoué à marquer les rencontres de son empreinte.
Après le match nul contre la modeste équipe d'Al Khaleej il y a deux semaines, Mubarak Al-Shehri, un supporter d'Al Nassr s'est indigné de "la performance mauvaise et incompréhensible" de Ronaldo.
Un autre, Ibrahim Al-Suwailem, a lui remis en question la décision de le faire venir en Arabie saoudite. "Ronaldo seul n'est pas suffisant. Vaut-il autant d'argent? C'est pour la publicité mais les fans veulent au final gagner des championnats".