Commençons par la bonne image, celle renvoyée par le Real Madrid qui présentait, cette semaine, sa nouvelle recrue: le galactique Kylian Mbappé. Le président Florentino Pérez, qui a l’étoffe d’un homme d’Etat, a imaginé les choses en grand. Il a fait de cette signature un spectacle à part entière, un show. Avec un stade plein pour souhaiter la bienvenue à la recrue. Laquelle y est allée de son discours, tout comme le président, entouré de deux anciennes gloires du club: Zidane et Pirri (légende des années 1960-70).
Pérez, on le sait, est le président qui avait inventé cette formule: «Des Zidane et des Pavon». Il voulait dire qu’un grand club, et le Real est le plus grand, a besoin d’avoir des stars et des joueurs du cru. Des patrons et des joueurs de devoir.
Pérez voulait Mbappé depuis que le gamin avait 16 ans. Il a attendu et attendu. Pourquoi attendre et espérer alors que le Real, entretemps, gagne tout, en Espagne comme en Europe? Eh bien, parce que ce Pérez aime le foot. Il est fan avant tout. Il veut que les meilleurs joueurs rejoignent le meilleur club, le sien. Et il a raison de s’accrocher. Parce qu’il arrive toujours à ses fins.
Le résultat est juste beau. Il y avait beaucoup d’amour dans un stade rempli par 80.000 personnes, s’il vous plait. Toute une cérémonie et tout un peuple qui souhaite la bienvenue à un joueur qui a eu la classe de déclarer, dans la foulée, qu’il n’a encore rien prouvé et rien amené (au Real).
Dans l’intention, dans la manière et dans tout ce qu’on veut, c’est beau.
Passons à la mauvaise image. Elle nous a été renvoyée par la sélection d’Argentine, numéro un mondiale au classement FIFA, championne du monde en 2022 et qui vient tout juste de gagner la Copa America. On se rappelle de la manière grossière, pour ne pas dire obscène, dont ils avaient célébré leur titre mondial, avec ce geste incroyable du gardien (Martinez) au moment de s’emparer du trophée…
Nos amis Argentins, décidément incorrigibles, viennent de récidiver. L’un de leurs joueurs cadres, Enzo Fernandez (Chelsea), a enregistré et entonné, avec d’autres, le chant de guerre des ultras. En voilà un extrait (avec nos excuses pour les mots qui suivent): «Ils jouent pour la France mais viennent d'Angola, c’est bien, ils savent courir, ils aiment les travestis comme cette p… de Mbappé, sa mère est algérienne, son père est camerounais, mais sur le passeport: français».
Evidemment, la FIFA a ouvert une enquête et va, très sanctionner, sévir. Chelsea aussi s’apprête à sanctionner son joueur. Et ce n’est pas fini!
Un membre du gouvernement argentin s’est (logiquement) indigné et écrit: «Je crois que le capitaine de la sélection (Lionel Messi) doit présenter des excuses, de même pour le président de la Fédération argentine». Ce serait la moindre des choses. Mais voilà que le cabinet du président argentin a décidé de licencier ledit membre gouvernemental!
La vice-présidente et numéro deux du gouvernement est allée encore plus loin: «Enzo (Martinez), je te soutiens. Aucun pays colonialiste ne nous intimidera pour une chanson, ni pour dire les vérités qu’ils ne veulent admettre».
Incroyable. Censés rattraper les égarements de leurs footballeurs, les dirigeants politiques font l’exact contraire.
Quelle triste image renvoyée par les footeux et les politiques de ce pourtant magnifique pays, celui de Maradona et de Kempes, celui de Boca Junior et de la Bombonera, le stade le plus bouillant au monde…