L’un des clasicos les plus emblématiques du football marocain a livré une bonne copie de ce que le public est en droit d’attendre des équipes de la Botola Pro Inwi. L’AS FAR, une des équipes en forme du moment, a clairement dominé les débats en première mi-temps avant de voir les poulains de Hafid Abdessadek, l’ex-international marocain, revenir avec de meilleures intentions en deuxième mi-temps.
Le score du match, un match nul un but partout, reflète la physionomie de la partie et permet à l’équipe de Rabat de se qualifier en quart de finale et à l’équipe casablancaise, championne en titre, de continuer à espérer.
Le public, entièrement acquis à la cause de l’AS FAR, à la fois parce que le club est censé jouer à domicile et en raison d’une décision administrative, l’interdiction de déplacement formulée à l’encontre des supporters du Raja, a fait preuve d’une grande mobilisation et n’a cessé d’encourager les siens durant les 90 minutes du choc.
En plus d’être de bonne facture, le match s’est déroulé dans un bon esprit empreint de fair-play et de respect de la part des joueurs des deux équipes. C’est une bonne nouvelle pour le football marocain et pour son image à l’international.
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Le contexte du match, la cinquième journée du groupe B de la Ligue des Champions d’Afrique, et son organisation sous l’égide de la Confédération Africaine de Football, imposaient un sans-faute et une tenue exemplaire de la part des joueurs et du public.
Sur le plan sportif, ce résultat qualifie directement l’AS FAR en quart de finale de la compétition. Avec neuf points au compteur, ils ne peuvent plus être rattrapés par le troisième, le Raja qui totalise cinq points.
Par contre, ce dernier garde un espoir de qualification; il n’est qu’à trois points du second, les Mamelodi Sundowns. Pour cela, il faudrait, pour des raisons de goal-average, une victoire du Raja par 3-0 face au dernier du groupe, le Maniema Union, et une victoire de l’AS FAR par 1-0 à Pretoria face aux Mamelodi Sundowns, l’un des favoris du tournoi lors de la dernière journée de groupe.
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Les deux matchs sont prévus dimanche prochain, le 19 janvier à 17 heures. Toutes les autres formules qui permettent de réduire l’écart de trois points et de surmonter le retard de buts accumulés par le Raja sont, bien entendu, valables.
Les spéculations vont bon train et les réseaux sociaux s’emballent sur le sort du Raja et le comportement des joueurs de l’AS FAR lors de leur prochain match. C’est mal connaître l’histoire et l’ADN des deux clubs.
Le Raja a habitué ses supporters aux «remontadas» les plus spectaculaires. Son histoire en Ligue des Champions est pleine d’anecdotes sur le sujet; il suffit de se rappeler leurs victoires épiques en déplacement lors des finales à Oran en 1989 face au Mouloudia de Lakhdar Belloumi et à Tunis face à l’Espérance de Tunis, alors qu’ils étaient réduits à 10.
L’AS FAR n’a jamais failli au respect de la régularité des compétitions. Les clubs mal classés ou en course pour le titre n’étaient jamais rassurés à l’idée de rencontrer l’équipe lors des dernières journées de la Botola.
Ils savaient qu’ils allaient avoir du fil à retordre face à des joueurs motivés et engagés. C’est l’ADN du club. Cela ne veut pas dire que la cause est entendue; la victoire se gagne sur la pelouse, mais on peut être sûr que les joueurs vont tout donner, même s’ils sont déjà qualifiés au prochain tour.
En plus de cette motivation naturelle, les joueurs seront habités par la réalisation de trois objectifs: la nécessité de terminer premiers du groupe, une place très avantageuse sur le plan financier et sportif. Ensuite, par la volonté d’éliminer dès la phase des groupes un adversaire coriace et un candidat sérieux au couronnement final ; enfin par le défi d’éliminer un club issu de la fédération sud-africaine, un pays avec lequel le Maroc est en compétition directe dans le domaine du football depuis quelques années déjà.
Dire que le destin du Raja est entre les mains de l’AS FAR c’est manquer de respect au club congolais du Maniema. Un club chargé d’une histoire tragique. En effet, en 2005, l’avion qui transportait l’équipe s’est écrasé sur une montagne avec 22 joueurs à son bord.
Le club en garde les stigmates et l’énergie. Ils sont passés, en outre, à quelques minutes d’un exploit historique lors de la cinquième journée; ils menaient 1-0 face aux Mamelodi Sundowns jusqu’à la 83ème minute. La victoire du Raja sur un score honorable, il faudra la mériter avant de penser au résultat de l’autre match du groupe.
L’AS FAR, dont c’est la première qualification en quart de finale de la Ligue des Champions depuis le passage à la nouvelle formule en 1997, devra confirmer son nouveau statut par un exploit à Pretoria. Elle n’aura pas la pression du résultat ni le statut de favori; c’est un avantage en football, plus que dans tout autre sport collectif.