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Mahrez Ballon d’Or, un débat stérile, inutile et stupide

Riyad Mahrez, capitaine de l'équipe nationale algérienne. © Copyright : DR
Il faut savoir qu’en termes de récompenses individuelles dans des sports collectifs, les critères des experts différent des critères du public. Les experts s’appuient sur des données objectives laissant au public la part affective de la décision.
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La distribution de récompenses individuelles pour des performances collectives crée toujours des polémiques. Ces controverses génèrent des flux de commentaires qui alimentent les articles de presse sources de revenus pour les médias. Ce n’est pas par hasard que le Ballon d’Or de France Football, le premier trophée attribué à un joueur de football, a été créé par l’hebdomadaire sportif français éponyme.

D’autres médias ont suivi la tendance et lancé des trophées avec plus ou moins de succès, leur but était d’accompagner la starisation des joueurs transformés en vedettes d’un spectacle sportif.

La télévision a beaucoup contribué au phénomène. Longtemps appréhendée avec suspicion par les dirigeants de clubs qui avaient peur de voir leurs stades désertés au profit du confort des salons privés, ces derniers ont finalement compris l’intérêt de la transmission des matchs de leurs équipes par la télévision. C’est la TV qui a donné de la visibilité à leurs sponsors et qui a poussé ces derniers à investir dans ce sport.

Le déclic a commencé avec la commercialisation du football et sa diffusion sur les écrans de télévisions. Cela s’est fait par étapes. En 1966, date de la première diffusion de la Coupe du Monde en mondovision via les satellites, ensuite les années 80 avec les premières chaînes privées spécialisées (Canal+ en France, Sky Sports en Grande Bretagne…) et enfin avec la multiplication des innovations technologiques, des caméras dédiées à quelques joueurs, des ralentis sous plusieurs angles et des zooms sur les réactions des acteurs du match. Toutes ces images renforcent le système de vedettariat avec ses héros et ses champions glorifiés.

Grands bénéficiaires des droits télévisés, qu’elles redistribuent aux clubs affiliés, les fédérations et confédérations de football ont fini par s’intéresser au phénomène et ont créé leurs propres trophées individuels distribués au cours de cérémonies grandioses dignes des grands événements tels que les Oscars, les Césars ou les Molières.

Tout cela s’inscrit dans la dynamique du développement du football mondial. Le football africain, longtemps entre les mains de lobbies opportunistes à courte vue, est en train de rattraper son retard. Il a besoin de figures emblématiques pour le représenter, le vendre et le promouvoir. La CAF, Confédération africaine de football, l’a bien compris et s’est lancée dans plusieurs projets de modernisation. Elle a introduit des cahiers de Charges pour les stades. Chaque pays doit répondre à des conditions draconiennes pour organiser un match officiel à domicile. Elle l’a fait intelligemment en favorisant la coopération entre fédérations. Le Maroc, qui accompagne cette volonté, a signé des conventions avec 44 fédérations pour l’utilisation de ses stades. Ces accords prévoient également des échanges d’expériences. La coopération Sud-Sud prend ici tout son sens.

La CAF a aussi lancé l’idée d’une Super Ligue compétitive destinée à l’élite du football africain. Objectif: préparer les clubs du continent à la nouvelle formule de la Coupe du Monde FIFA dont la première édition est prévue en 2025 aux Etats Unis.

Enfin, elle a lancé une panoplie de récompenses pour assurer la promotion du football africain et surtout ses acteurs. Malheureusement, tous les wagons ne suivent pas et certains nostalgiques du football des années 60 ont déclaré la guerre au progrès. Une polémique est née à l’occasion de la cérémonie des CAF Awards 2023 qui s’est tenue à Marrakech cette semaine. Une polémique inutile, stupide et à contre-courant. Elle concerne Mahrez, un joueur algérien, au demeurant brillant, ex de Manchester City et évoluant actuellement en Arabie saoudite, à Al Ahli, depuis juillet dernier. Il n’a pas été nommé parmi les trois prétendants au Ballon d’Or 2023, une bonne excuse pour la fédération algérienne pour boycotter la cérémonie de Marrakech et lancer des accusations tellement grossières qu’elles en deviennent insignifiantes.

Il faut savoir qu’en termes de récompenses individuelles dans des sports collectifs, les critères des experts différent des critères du public. Les experts s’appuient sur des données objectives laissant au public la part affective de la décision. Mais malgré cette différence d’appréciation rien ne justifie cette critique déplacée qui suggère que l’Algérie aurait été défavorisée au profit du Maroc.

Mahrez a certes été associé au parcours exceptionnel de son ancien club vainqueur du championnat, de la Coupe et de la Ligue des Champions, mais en tant que remplaçant. S’il a quitté son club c’est bien pour avoir du temps de jeu. Ensuite son équipe nationale a brillé par son absence en Coupe du Monde.

Le Maroc brillant demi-finaliste au Qatar n’a pas été favorisé pour autant. Bounou, Amrabat, Ounahi ou Saïss n’ont pas fait partis des nommés, seul Achraf Hakimi l’a été. Pourtant ils ont été choisis par la FIFA et d’autres médias (l’Equipe, RMC, Foot Mercato, Ouest France...) pour faire partie de l’équipe type du Mondial ou de l’équipe des remplaçants.

En réalité la cause de cette campagne et ce boycott stupide est ailleurs. Nos voisins ne voulaient pas participer à un événement qu’ils savaient qu’il allait être grandiose. Le Maroc a acquis un tel savoir-faire en matière d’événementiel qu’il sait transformer une simple cérémonie en spectacle hollywoodien. La joie du président de la CAF, M. Patrice Motsepe, une des plus grosses fortunes d’Afrique du Sud avec un patrimoine estimé à 2,3 milliards de dollars, faisait plaisir à voir. Pour lui, l’essentiel était la promotion de l’Afrique à travers son football. Un projet ambitieux et prometteur qui n’a que faire de l’absence de ceux qui veulent le retarder.​

Par Larbi Bargach
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