Mais pourquoi jouent-ils encore comme «ça»?

Khalil Essalak

Le Wydad a quitté prématurément, hier, la coupe arabe des clubs champions. Et, soyons honnêtes, ce n’est que justice!

Le 03/08/2023 à 14h55

Sur le papier, l’élimination du Wydad n’a rien d’infâmant. Les Rouges se trouvaient dans un groupe relevé avec, notamment, deux clubs bien costauds, financièrement et sportivement: les Qataris d’Al-Sadd et surtout les Saoudiens d’Al-Hilal.

Pensez qu’à lui seul, un garçon comme Ruben Neves (Al-Hilal) pèse deux fois plus lourd que l’ensemble de l’effectif wydadi: 40 millions d’euros contre 19, d’après le site spécialisé transfermarket. Clairement, le Wydad et les autres n’appartiennent pas au même monde.

Mais il y a la forme, le contenu, l’attitude. Et là, franchement, ce que le Wydad a laissé entrevoir est bien indigent.

Nous parlons tout de même d’un club qui a joué les deux dernières finales de la C1 africaine. Un club avec un énorme prestige africain, une vraie stature internationale. Un club comme ça a des devoirs, parce qu’il représente le haut du panier.

Alors mettons de côté le fait que les joueurs n’ont pratiquement pas eu de vacances, ou que les effectifs sont en période de transition (mercato d’été en cours), puisque c’est le cas des autres équipes engagées dans cette compétition. Mettons de côté aussi le fait que le coach, Adil Ramzi, effectuait ses premiers matchs officiels depuis sa prise de fonction. Restons dans le jeu, dans le contenu.

Les deux premiers matchs, conclus sur des nuls poussifs, voire heureux (comme face à Al-Sadd lors du match inaugural), ont au moins eu le mérite de préserver les chances des Rouges. Mais face à l’ogre saoudien d’Al-Hilal, le WAC jouait son avenir, c’était quitte ou double. On allait voir ce qu’on allait voir…

On a vu une équipe recroquevillée dans sa moitié de terrain, qui défend en jouant au sauve-qui-peut, sans jamais aligner plus de deux passes. Du classique comme on a pu le voir lors de la finale de C1, avec un autre entraineur et d’autres joueurs.

On a vu des joueurs extrêmement nerveux, à l’image du capitaine Jabrane, déjà exclu face à Al-Sadd, et qui aurait pu récolter un rouge direct pour un attentat face à Ruben Neves en 1ère mi-temps. Y a-t-il quelqu’un au Wydad pour expliquer à ce garçon que l’on ne joue plus comme «ça»? Qu’il ne faut plus tacler en glissant et en levant le pied?

On a vu un gardien, El Motie, au comportement suicidaire avec le ballon (à tenter des dribbles dangereux devant son but) ou sans le ballon (à aller systématiquement chercher noise à ses défenseurs ou aux attaquants adverses). Et cela fait un moment que cela dure avec ce garçon, pourtant talentueux… Y a-t-il quelqu’un pour le recadrer et lui apprendre à se calmer et à se concentrer sur son jeu au pied?

On a vu un coach, Ramzi, qui préfère parler des erreurs de l’arbitrage au lieu d’évoquer le jeu, ou plutôt l’absence de jeu, de son équipe. En bon professionnel, il aurait pourtant pu et dû nous expliquer ses principes de jeu, son plan pour gagner, pourquoi en trois matchs son équipe a justement produit si peu de jeu… 

Et on a vu, encore une fois et comme face à Al-Ahly du Caire, comment les défenseurs ou les milieux restent «en place» sans oser aller de l’avant, alors que leur équipe est éliminée et qu’il ne reste plus que quelques minutes à jouer. Personne, pourtant, ne joue plus comme «ça». Quand ils n’ont plus rien à perdre, même les plus faibles tentent le tout pour le tout et «montent» créer le surnombre à l’intérieur de la surface adverse…

On a donc vu, surtout, l’écart (au niveau technique et dans le comportement) qui sépare le meilleur club marocain des meilleurs du monde arabe. Et cela fait mal, forcément.

C’est triste, mais la meilleure chose qui pouvait arriver à ce Wydad-là, c’était de rentrer le plus vite à Casablanca. Voilà au moins qui est fait.

Par Footix marocain
Le 03/08/2023 à 14h55