Messi Ballon d’Or, le sucre de trop

Lionel Messi

Lionel Messi. AFP

Cristiano a été aidé par son physique, Messi par son talent. Ils méritent le respect de tous et ils l’ont, ils n’ont pas besoin d’un nouveau Ballon d’Or qui dévaloriserait tous ceux qu’ils ont obtenus avant.

Le 20/07/2024 à 10h37

Les amateurs de café ont du plaisir à le boire sans sucre, les autres, ceux qui le prennent pour éviter de dormir, préfèrent l’adoucir avec un morceau de sucre, des fois deux. Au-delà le café devient imbuvable. Lionel Messi, que beaucoup, avec des arguments solides, considèrent comme le meilleur joueur de l’histoire, est sorti de sa retraite dorée, par des fanatiques de son art, pour une campagne en vue d’un neuvième Ballon d’Or. La consécration de trop, pour lui et pour la crédibilité de ce trophée individuel. Il est vrai que cette campagne ne prospère, pour le moment, que sur les réseaux sociaux, toujours avides de buzz.

Les médias classiques sont pourtant en manque de compétition à commenter. La reprise, des principaux championnats européens, n’est prévue que mi-août. Ils consacrent leurs unes aux transferts interclubs avec un nouveau venu très vorace, le championnat saoudien. La fenêtre des transferts est ouverte depuis fin juin. Elle a déjà enregistré l’arrivée, au Real Madrid en grande pompes, de Kylian Mbappé et reste ouverte jusqu’en septembre prochain. On peut imaginer qu’elle va réserver, aux amateurs de football de grosses surprises.

Les dirigeants du Paris Saint-Germain viennent de perdre celui qu’ils considéraient comme l’Alpha et l’Oméga de leurs projets pour Paris. Ils ne vont pas rester les bras croisés. Ils envisagent, si l’on en croît les rumeurs, de frapper un grand coup pour faire oublier le départ de leur numéro 7. Vinicuis et Rodrygo du Real Madrid et Lamine Yamal, la jeune étoile du Barça, font partie de leurs rêves secrets. Ils en ont d’autres et, certainement, d’autres grands noms sur les tablettes.

Le président du FC Barcelone négocie un contrat triple XL avec un équipementier de premier rang. Il espère le conclure rapidement pour envisager sérieusement la piste Nico Williams, il ne s’en cache pas. Le jeune espagnol, de l’Athletic Bilbao fait partie des révélations de l’Euro 2024 avec Lamine Yamal et le turc Arda Guler. On peut s’attendre aussi à une vaste offensive des clubs anglais, ils en ont les moyens, et à des attaques ciblées du côté du Bayern Munich et des clubs italiens. C’est le quotidien des mois d’été en football.

Pendant très longtemps le débat Messi-Cristiano a alimenté toutes sortes de rumeurs et de complots sur l’attribution du Ballon d’Or. On pensait qu’une nouvelle rivalité Mbappé-Haaland allait clore l’histoire de ce duo, d’autant qu’ils se sont exilés vers Miami pour le premier et l’Arabie Saoudite pour le second. Elle n’a finalement pas eu lieu, le parcours du PSG en Ligue des Champions, bien qu’honorable, n’a pas permis à Mbappé de briller. Il a probablement mal fait de céder aux pressions politiques qui ont pesé sur lui en 2021. S’il était venu au Real, il aurait participé à la conquête de deux Ligues des Champions. Le Norvégien Haaland, champion d’Europe avec Manchester City, s’est régulièrement éteint en équipe nationale, malgré la présence de grands joueurs à ses côtés, dont le meneur de jeu d’Arsenal Martin Odegaard.

Ils ont partiellement raté le coche et de nouveaux prétendants frappent à la porte. Le Brésilien Vinicius, l’Anglais Bellingham et l’Espagnol Rodri sont les plus sérieux d’entre eux.

Messi est probablement écarté de la course, Cristiano aussi, ce dernier ne sera probablement même pas choisi parmi la liste définitive des 30 nominés. Ceux qui défendent l’idée d’un Ballon d’Or pour Messi, se basent sur le parcours de son équipe nationale. L’Argentine, dont il assure le capitanat, a conservé son titre en Amérique du Sud et a enchaîné 3 titres majeurs de suite après une longue période de disette. Même s’il s’est blessé sans jamais peser sur la finale, il est soutenu. Ils font le parallèle avec l’Euro 2016 qui a permis à Cristiano de remporter le Ballon d’Or parce que le Portugal avait décroché l’Euro. Comme Messi, il était sorti sur une civière en finale. Ils oublient de préciser que Cristiano, cette année-là, avait remporté la Ligue des Champions avec son club. Ce sont des calculs de chiffonniers inutiles.

Le talent de Messi est intact mais il n’a plus les jambes pour le porter, sa blessure est symptomatique des difficultés qu’il rencontre dans l’enchaînement des mouvements. Les organisateurs de la Copa América ont fait preuve de beaucoup d’amateurisme, dans l’organisation. Le terrain de la finale à Miami était impraticable. Ils doivent revoir leur copie en vue de la prochaine Coupe du Monde. Ils ont eu pourtant la lucidité d’attribuer le titre de meilleur joueur du tournoi au Colombien James Rodriguez, un revenant qui est probablement passé à côté d’une brillante carrière. C’est un indice sérieux sur la sentence du trophée «France Football». Cette désignation comporte aussi un enseignement important. Jouer dans des grands clubs ne suffit pas pour être grand. Il faut aussi du sérieux, du sacrifice et une discipline quotidienne. Messi et Cristiano, dans des registres différents se sont imposés une discipline de fer pour réussir dans la durée. Cristiano a été aidé par son physique, Messi par son talent. Ils méritent le respect de tous et ils l’ont, ils n’ont pas besoin d’un nouveau Ballon d’Or qui dévaloriserait tous ceux qu’ils ont obtenus avant. Le Ballon d’Or 2024 devrait revenir en priorité à Vinicuis, Bellingham, Rodri ou Carvagal. Pour chacun d’entre eux, il y a des arguments sérieux à produire. Désigner Messi, c’est laissé parler le cœur et des considérations extra sportives, y céder c’est déposer le morceau de sucre de trop.

Par Larbi Bargach
Le 20/07/2024 à 10h37