Mondial 1970: il était une fois les Lions de l’Atlas

En 1970, le Maroc est le premier pays de l’Afrique décolonisée à disputer le Mondial à Mexico. Dix ans auparavant, le royaume disputait la qualification pour le mondial chilien de 1962.

Sortis vainqueurs de la Zone Afrique, les Lions de l’Atlas doivent affronter en barrage un pays européen. Et c’est la grande Espagne de Di Stefano et Gento... Les Lions de l'Atlas s'inclinent 1-0 à Casablanca puis 3-2 à Madrid lors du match retour, rappelle le portail Sofoot ce mardi 28 juillet.

Arrivent le Mondial 1966 et le boycott massif des pays africains qui protestent contre le système de qualifs qui ne réserve qu’une unique place en Coupe du monde à trois confédérations réunies, l’Asie, l’Afrique et l'Océanie !

Quand l’Afrique obtient gain de cause pour le Mundial 70, c’est le Maroc qui va la représenter après une autre très «longue marche» de qualifs de novembre 1968 à novembre 1969.

Lors du tirage au sort, la FIFA ménage le Maroc qui refuse d’affronter Israël. Les nouveaux chapeaux conduiront Israël dans le Groupe A et le Maroc dans le Groupe D, avec la RFA (vice-championne du monde 1966), le Pérou et la Bulgarie. Du lourd !

En match amical, la Mannschaft avait écrasé le Maroc 4-1 à Casablanca en décembre 1963 puis 5-1 à Karlsruhe en février 1967. La presse allemande pronostique une balade de santé pour la RFA.

Saïd Ghandi, 22 ans et grand milieu offensif du Raja de Casablanca, avait raconté le complexe légitime de l’équipe marocaine: «La RFA, c’était comme Goliath. Ils avaient des stars comme Franz Beckenbauer, Gerd Müller ou Sepp Maier».

«Si vous n’avez pas confiance en vous-même, alors ce n’est pas la peine de jouer», rappellera plus tard Allal Ben-Kassou. «Nous représentions le Maroc mais aussi l’Afrique entière! Donc c’était un match à prendre avec un sérieux extrême. Ce serait donc un match très difficile mais nous voulions essayer du plus fort de nous-mêmes pour obtenir un résultat qui nous satisfasse, nous, et les supporters marocains», poursuit-il.

Le 3 juin 1970 à 16h, dans la touffeur de l’Estadio Nou Camp maigrement garni de 13.000 spectateurs, les Marocains pénètrent dans l’arène avec leur beau maillot rouge aux lisérés verts, couleurs du royaume.

Le Maroc, disposé en 4-4-2, peut compter sur son ossature articulée autour de l’AS FAR de Rabat: le gardien Ben-Kassou, le défenseur Abdallah Lamrani, l’attaquant Maouhoub Ghazouani et surtout l’excellent milieu, meneur et capitaine Driss Bamous.

Mohamed Houmane entre dans l’histoire en ouvrant le score à la 21e minute, sur une mésentente entre Maier et Schultz. Les Lions ratent le 2-0 de peu quand Maier sort en corner d’une détente salvatrice une tête de Ghandi.

A la li-temps, le Maroc mène toujours 1-0. Un scénario que personne n’avait prévu. A la reprise, la Mannschaft va imposer sa puissance et sa vitesse. A la 56e, c’est l’égalisation, et à la 78e, Muller reprend de la tête un ballon renvoyé par la transversale: 2-1 !

Pour rester vivants, les Lions de l’Atlas devaiten battre le Pérou, vainqueur de la Bulgarie (3-2). Mais un grand flou s’installe… Le 31 mai 70, un tremblement de terre avait ravagé le Pérou et les Incas ont décidé de quitter le Mexique et de rentrer chez eux.

Pensant gagner le match sur tapis vert, l’effectif marocain bénéficie d’une journée de repos. Or, les Péruviens décidèrent de rester au Mexique et poursuivre la compétition. Perturbés par cette décision, les Lions de l’Atlas sont battus par les Incas (3-0), le 6 juin 1970.

L’épopée marocaine s’achèvera le 11 juin par un bon nul face à la Bulgarie (1-1), grâce à l’égalisation de Ghazouani, qui offre au Maroc son premier point en Coupe du monde.