L’Algérie a fini par voir la vérité en face. Mais elle en a mis du temps, beaucoup de temps. Voilà huit mois, soit depuis fin mars dernier, que le voisin de l’est crie au complot et dénonce une machination savamment orchestrée par le Maroc pour l’éloigner de la grand-messe du ballon rond.
Battus, sur leur propre terrain, par les Lions indomptables du Cameroun (1-2), les Fennecs avaient péché par leur manque d’inspiration et par leur infériorité technique. Mais la pilule était dure à avaler. Sans exception, responsables et médias, à la solde de la junte militaire, ont pointé du doigt l’arbitre de la rencontre, le Maroc et, notamment, le président de la Fédération marocaine comme étant la cause de leur élimination.
Que d'accusations gratuites, que de balivernes, que de déclarations frisant le ridicule ont été colportées à l’encontre de ces boucs émissaires bien désignés! Encore plus triste, l’Algérie caressait l’espoir de faire rejouer sa rencontre contre le Cameroun.
Mais le «pays d’un million et demi de martyres» est vite redescendu sur terre, comme le rappelle, non sans complaisance, TSA (Tout sur l’Algérie) dans un article paru ce jeudi 24 novembre 2022 sous le titre on ne peut plus édifiant: «Élimination de l’Algérie du Mondial 2022: les langues se délient».
«Mais le public et une grande partie des observateurs ont préféré regarder ailleurs, du côté de l’arbitre de la rencontre, le Gambien Bakary Gassama. Même le sélectionneur Djamel Belmadi et la Fédération algérienne de football ont trouvé dans l’homme en noir le bouc émissaire parfait», écrit ce média proche du pouvoir en place.
Notant que «l’Algérie a vécu une hystérie collective, raillée aux quatre coins du monde», après que certains (algériens évidemment) affirmaient détenir des «preuves solides» de la corruption de l’arbitre, TSA reconnaît les vraies raisons de la débâcle des Fennecs.
La responsabilité en incombe à l'entraîneur et aux joueurs. «La cause principale de l’élimination réside dans les choix de Djamel Belmadi, qui s’est perdu dans des polémiques sans fin avec la presse, les binationaux, Andy Delort…», déclare Mohamed Chikhi, un ancien international algérien, cité par TSA. Selon lui, Belmadi s’est livré à des polémiques en dehors des terrains, «exactement le contraire de ce qui est demandé à un sélectionneur national».
Suite à ces révélations émanant, qui plus est, d’un média connu pour ses accointances avec le régime qui gouverne le pays, l’arbitre Bakary Gassama n’a-t-il pas droit à des excuses pour avoir été malmené sans égards et traité de tous les noms?
Et le Maroc, accusé à tort d’avoir ourdi un complot contre l’Algérie? Et le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, dont on affirmait qu’il avait manigancé pour l’élimination des Fennecs? N’ont-ils pas droit, après ces aveux «croustillants», à des excuses?
Mais on le sait, le mea-culpa n’est pas le propre de la junte algérienne et encore moins des «voix de ses maîtres». Comme dirait l’autre: «Cause toujours, tu m’intéresses».