Ce mardi 12 août 2025, dans une atmosphère empreinte d’émotion et de recueillement, la ville de Oujda a rendu un dernier hommage à Mustapha Tahiri, ancien international et figure emblématique du football local. Cet homme au parcours exemplaire laisse derrière lui un vide immense et des souvenirs à jamais gravés dans les mémoires.
Mais au-delà de son talent et de son engagement, son départ a aussi révélé une triste réalité: celle d’un homme longtemps oublié et négligé dans ses dernières années.
«Nous avons perdu un modèle, un athlète d’exception, un homme incarnant l’humilité et la générosité», confie avec tristesse Kadouri Ben Sultan, président de l’Association des anciens joueurs de l’Union sportive musulmane d’Oujda. Il rappelle que malgré sa carrière brillante, au service du Mouloudia d’Oujda puis de l’équipe nationale, Tahiri a souffert du silence et de l’isolement, terminant sa vie loin des projecteurs et du soutien.
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Mohamed El Yamani, son beau-frère et compagnon de route depuis plus de cinquante ans, témoigne avec émotion: «Jamais je ne l’ai entendu proférer la moindre parole déplacée. C’était un homme d’une rare noblesse d’âme, toujours prêt à tendre la main».
Les supporters eux aussi se souviennent avec respect et admiration de cet homme au charisme tranquille, dont la présence sur le terrain rassurait. Sa loyauté envers Oujda et son attachement à sa ville étaient palpables, tant dans ses gestes que dans ses paroles.
Abdelhamid Bakkal, ancien joueur du Mouloudia d’Oujda, ne cache pas sa colère envers ceux qui ont ignoré Tahiri: «Il a tant donné au football national, mais il n’a jamais reçu en retour la reconnaissance qu’il méritait. Ils l’ont laissé lutter seul contre l’oubli». Il déplore que ses appels à l’aide, relayés dans plusieurs vidéos et interviews, n’aient trouvé d’écho qu’une fois le mal irréparable.
Kamal Smiri, autre ancien coéquipier, rappelle un choix fort de Tahiri: avoir renoncé à la nationalité algérienne pour embrasser pleinement le maillot marocain. Un geste qui illustre son amour profond pour son pays. Il regrette cependant que cette fidélité ait trop souvent été oubliée, malgré l’aide sporadique de quelques proches bienveillants.
Un supporter de longue date évoque une «relation de cœur à cœur» entre Tahiri et le public d’Oujda, admirant son intégrité naturelle et son humilité, qui faisaient de lui un homme à la fois simple et grandiose. À l’inverse, Ahmed Chadmi, surnommé «Hamida» et ami fidèle depuis 1973, souligne la dure réalité: «Il a vécu pauvre, et il est mort pauvre», pointant l’absence de soutien dans les moments les plus difficiles.
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«Il n’a jamais eu la reconnaissance à laquelle il avait droit», confirme également Herras Yahya, ancien coéquipier à la Renaissance de Berkane, rappelant que Tahiri jouait uniquement par passion, défendant avec rage les couleurs du club et de l’équipe nationale.
Enfin, Khalil Mottahid, président du Mouloudia d’Oujda, adresse ses plus sincères condoléances, saluant «une légende du football marocain, un chapitre glorieux de notre histoire, écrit avec fierté sous les couleurs de la Mouloudia et de la sélection nationale». Il conclut avec émotion: «Mustapha Tahiri s’en est allé, mais son souvenir restera éternel, témoignage d’un engagement hors du commun et d’un amour indéfectible pour le football et sa patrie».
