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Une règle importante: on ne peut pas se faire justice soi-même

Federico Valverde, milieu de terrain du Real Madrid, et Alex Baena, joueur de Villarreal. © Copyright : DR
Valverde est un joueur sympathique, timide et généreux, il ne mérite pas cette mise en lumière. Il a pourtant fauté et devra répondre de ses actes. Il aura des circonstances atténuantes s’il arrive à prouver qu’il a été victime de harcèlement moral. Pour le moment, il n’y a pas d’image. Mais qui peut penser qu’il a inventé cette histoire?
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A la fin du match de Liga entre le Real Madrid et Villarreal au Bernabeu, à Madrid, remporté par les visiteurs, Federico Valverde, l’international uruguayen du Real, a frappé violemment sur la pommette Alex Baena, un jeune joueur de l’équipe adverse. C’est un acte à la fois prémédité – Valverde attendait le joueur à la sortie du vestiaire – et motivé – juste après lui avoir assené un coup violent, il l’a apostrophé: «Maintenant, répète ce que tu m’as dit lors du match de Coupe». Les deux joueurs s’étaient croisés quelques semaines auparavant en Coupe du Roi d’Espagne et Alex Baena aurait agressé verbalement Valverde en lui disant: «Pleure, puisque ton enfant ne va pas naître!» A cette époque, il y avait un pronostic vital inquiétant pour l’enfant porté par l’épouse de Valverde et une grossesse difficile. Depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre et c’est tant mieux!

Cette agression ne figurera pas sur la feuille de match, le match était terminé et les joueurs se dirigeaient vers les bus pour quitter le stade. Après quelques heures de réflexion, Alex Baena a finalement déposé plainte contre Valverde auprès de la Guardia Civil. Quels que soient les motifs qui ont conduit à cette agression, elle est condamnable et l’a été par toutes les instances, qu’elles soient civiles ou sportives. C’est une violence physique intolérable et elle sera sanctionnée très certainement et lourdement par la justice espagnole.

Sur le plan sportif également, il y aura une suite. C’est une affaire pénale, par conséquent le Comité de discipline du football espagnol s’est autosaisi pour diligenter une enquête. C’est la procédure. Valverde risque entre 4 matchs et 2 ans de suspension. C’est triste pour un joueur prometteur qui commence à s’imposer parmi les meilleurs milieux de terrain du football mondial. Il a un potentiel énorme, une générosité et un sens du sacrifice qui forcent l’admiration. On se souvient du tacle qui a freiné une action de but de Morata lors de la finale de la Supercoupe d’Espagne qui opposait son club à l’Atletico de Madrid. Il a sauvé son club d’un but quasi certain. C’est une faute tactique, un sacrifice qui lui a valu le carton rouge et un tapotement sur l’épaule de Diego Simeone, l’entraîneur de l’Atletico, qui voulait lui signifier qu’il comprenait le geste.

Alex Baena nie catégoriquement les accusations de Valverde et souffre à son tour, avec sa famille, de menaces et d’insultes. Ce n’est pas la première fois qu’un joueur est victime d’agressions verbales. Zidane en a été victime, il s’est fait justice en assenant un coup de boule à Materazzi qui lui a valu l’expulsion et probablement coûté la Coupe du monde 2006 à la France.

En football, c’est fréquent de chambrer l’adversaire pour le faire sortir du match. Vinicius Jr, Neymar, Suarez en sont victimes fréquemment, ce n’est pas sanctionné à juste titre. Ça fait partie du «jeu», il y a une dimension psychologique et mentale qu’il ne faut pas négliger et qui fait partie des ingrédients nécessaires pour forcer une victoire. Toutefois, il semble nécessaire de prévoir un curseur pour délimiter la frontière entre l’agression verbale et le chambrage. Toutes les attaques à caractère raciste sont clairement du côté de l’agression. Le harcèlement moral qui consiste à se moquer d’un handicap personnel ou qui touche à la famille aussi. Le racisme et le harcèlement physique ou moral sont considérés comme des crimes et sont punis par la loi. C’est une question qui a été tranchée et le législateur lui a trouvé les sanctions adéquates. Au-delà, c’est une affaire de bonne éducation, d’exemplarité et de valeurs. La FIFA en a fait un crédo, c’est une condition sine qua non pour un sport qui tend vers l’universalité et qui a l’ambition de conquérir le monde entier. «Le football sans fair-play, sans éducation, sans valeurs, ce n’est plus du sport mais un combat de rue avec d’autres règles.»

La question qui reste posée est: comment détecter et interpréter des paroles agressives? La vidéo et la lecture des images peuvent servir de moyens. La multiplication des caméras dans les stades et l’amélioration des moyens technologiques le permettra dans un bref avenir.

Il y a pourtant une règle qui ne changera jamais: on ne peut pas se faire justice soi-même. C’est une règle indispensable pour une vie sociale sereine en communauté. Se faire justice soi-même, c’est un retour à l’état primitif, lorsqu’il n’y avait pas d’Etats.

Valverde est un joueur sympathique, timide et généreux, il ne mérite pas cette mise en lumière. Il a pourtant fauté et devra répondre de ses actes. Il aura des circonstances atténuantes s’il arrive à prouver qu’il a été victime de harcèlement moral. Pour le moment, il n’y a pas d’image. Mais qui peut penser qu’il a inventé cette histoire?

Par Larbi Bargach
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