France: la radicalisation, un vrai fléau dans le foot amateur?

Jusqu’à quel point le sport le plus populaire de France est-il réellement à l’abri des dérives religieuses constatées dans certains quartiers et dans certaines banlieues comme le prétend la Fédération française de football (FFF)? C’est l’objet d’une enquête très fouillée publiée, le 8 février, par le magazine France Football. La perception de la radicalité est l’une des clés de lecture de cette enquête qui démontre qu’un regard extérieur sur les comportements des footballeurs dans les divisions amateurs pourrait se tromper et conclure à la radicalité de ce milieu.

Ancien délégué au Préfet de Seine-Saint-Denis pour les quartiers sensibles de 2009 à 2013, Mohamed Chirani, corrobore ce postulat en indiquant qu’«un regard extérieur pourrait prendre pour de la radicalité ce qui relève en réalité de la communautarisation.»

On rembobine. En 2015, une note confidentielle rédigée par le Service central de renseignement territorial (SRCT), et intitulé «Le sport amateur vecteur de communautarisme et de radicalité», avait été révélée par les médias français. Ce document de 13 pages, citait l’exemple des joueurs de football d’une équipe de Perpignan qui prient sur la pelouse, ou des éducateurs sportifs «fichés par les services de renseignement comme des musulmans salafistes» qui encadrent des adolescents en déployant des tapis de prière dans les gymnases, avant de conclure que certains fondamentalistes religieux profiteraient ainsi du sport pour répandre leurs idées.

Un constat accablant au point que la FFF a mis en place une charte de la laïcité pour les Ligues d’Ile-de-France. Or, l’enquête de France Football indique que les comportements religieux des jeunes dans le milieu du football ne sont que le corolaire de la recrudescence du communautarisme et l’apparition des «zones grises» de la république. «Les jeunes ne font plus la différence entre espace public et espace privé, car ils sont dans une sous-culture religieux et citoyens. Ce n’est pas le problème du foot ou du sport, mais d’une société malade et fragmentée... », conclut le magazine français.