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Algérie: une junte perdue entre «disco» et «brutalité» contre de jeunes footballeurs

Les Lionceaux de l'Atlas agressés après la finale de la Coupe arabe U17. © Copyright : DR
La junte algérienne déteste internet, les réseaux sociaux et les nouvelles technologies. Pour l’appareil militaro-politique, le net est une menace fatale, car il facilite la communication entre les «hirakistes» et dénonce la corruption et les interminables règlements de compte au sein de l’armée.
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Les vieillards de la junte algérienne ont essayé de «vendre» au monde leur «intérêt» et leur «bienveillance» pour les jeunes et la jeunesse, notamment lors de la visite, fin d’août, du président français en Algérie.

Mais, moins de deux semaines après, tout a été complètement gâché et anéanti par le «tabassage», sur le terrain d’Oran, jeudi 8 septembre 2022, de l’équipe de football du Maroc, lors de la finale de la Coupe arabe des jeunes de moins de 17 ans.

Cette violence téléguidée et fomentée n’est pas un épiphénomène. Elle est conforme à cette animosité contre notre pays qui est la marque patente des «décideurs» algériens. Elle reflète aussi une relation odieuse à la jeunesse. Ces gens-là auraient pu estimer que le «litige» est entre adultes et épargner à ces adolescents cette barbarie. Mais ils ne sont ni dans la sérénité, ni dans la sagesse pour faire preuve de retenue.

En plus d’être déconnecté du monde d’aujourd’hui, le mental des caciques du système est imprégné d’«anti jeunisme» ou de «jeunophobie». D’ailleurs, ces très largement septuagénaires, octogénaires et même nonagénaires en uniforme, oppriment en permanence leurs propres jeunes. Ils leur rappellent de façon douloureuse leur illégitimité et leur décalage avec l’époque. Nous verrons quelques exemples de cette fracture.

Après les Jeux méditerranéens organisés péniblement et à l’arraché et instrumentalisés pour «rajeunir» la façade du régime…, les chibanis de l’appareil ont fanfaronné à l’occasion de la tenue, à Oran, de la Coupe arabe de football des moins de 17 ans. Le symbole n’est pas anodin car ces adolescents, enthousiastes et emplis d’une belle énergie, représentent bien les générations de la relève du monde arabe pour un avenir meilleur.

L’affiche est donc inespérée pour la junte afin de faire oublier ces images de patriarches scotchés au pouvoir. Ils ont essayé de faire bonne figure mais à la fin ils ont craqué. Le naturel courant plus vite que leur âge biologique, ils ont brutalisé les jeunes, qu’ils soient d’Algérie ou d’ailleurs.

Une brutalité à effet double
Nos jeunes ont été roués de coups à la fin d’un match que l’équipe algérienne a gagné aux tirs aux buts. Le terrain a été envahi par un public «remonté» contre nos enfants. Ils ont oublié que dans les pays «normaux» qui ont le sens de l’accueil, on ne «tape» jamais sur un invité qui est sous votre toit, donc sous votre protection.

Les forces de l’ordre sont restées passives. La main des services algériens a été évoquée. Une évidente «hospitalité nizaro-toufikienne» qui fait honte au peuple algérien. Cette finale fut pour eux une belle opportunité. Faire d’une pierre deux coups. Une brutalité à effet double: contre notre pays et contre les jeunes! En fait, ils se moquent du sport. L’essentiel pour eux est de transmettre constamment des messages de haine et de conflictualité conformes à leurs démons. 

Les propagandistes de la junte ont osé écrire que la victoire contre le Maroc est «dédiée à la Palestine». Faut-il aussi comprendre que l’agression contre de jeunes footballeurs a été aussi dédiée à la Palestine?

Un deuxième exemple du malaise de ce régime vis-à-vis de la jeunesse et du monde d’aujourd’hui a été fourni à l’occasion de la visite du président français en Algérie. Un contraste cruel entre un président né en 1977 (on compare ici l’âge!) et ce binôme de vieux, l’un en uniforme et l’autre en civil. La visite a été exploitée pour vanter l’image d’un régime ouvert sur les jeunes, mais ils se sont plantés.

Ce n’est pas tout d’accepter et de valider la visite de Macron à une boutique de «cassettes à bande magnétique» à Oran, appelée Disco Maghreb, qui éditait de la musique lors des années 80 et était fermée depuis des années.

Surprenantes et insolites ces images du président français posant et repartant avec une cassette audio de Feu Cheb Hasni dont le mystère de la mort reste entier. Cheb Hasni, mort en 1994 à l’âge de 26 ans et dont le destin symbolise les sévices subis par la jeunesse algérienne lors de la décennie noire.

La diplomatie du disco
L’effet politique voulu par cette visite a été estompé par le retour à un passé vieillot. Disco Maghreb avec ses présentoirs de cassettes audio (que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent même pas) renvoie à une époque révolue. Ce lieu a ressurgi du passé grâce à un clip musical– portant le même nom que la boutique, Disco Maghreb, signé du chanteur franco-algérien William Sami Etienne Grigahcine, alias DJ Snake. Un clip, techniquement bien fait, mais dont le contenu est intrigant et étrange. Des images surannées d’une Algérie d’il y a 40 ans qui peine à évoluer. Un clip flash-back qui montre surtout le mal-être algérien aujourd’hui.

Finalement, la visite de Disco Maghreb par Macron semble relever surtout d’une combine ou d’une «salade diplomatico-politico-musicale» montrant qu’il y a quelque part une profonde perte de repère chez les caporaux-généraux. Cette visite a juste permis à la junte d’inventer la diplomatie du «disco» «Chteh - Rdeh!»… comme le scande le chanteur William Grigahcine.

A moins aussi que le disco, genre musical né dans des années 70 et dont il ne reste que le souvenir, ne fasse écho à un pouvoir sclérosé qui refuse l’avènement d’une Algérie véritablement nouvelle. A moins aussi que le disco, dont l’un des tubes planétaires est le fameux Staying Alive des Bee Gees, ne soit la devise de ces vieux galonnés dont l’unique projet est leur propre «survie». Un Staying Alive qui a coûté beaucoup de malheur au peuple algérien. Lors de cette visite du président français, il y a eu aussi des «propos» destinés aux jeunes: «start-up», «création cinématographique»,  développement de «l’industrie numérique»…Evidemment tout cela ne parle pas aux généraux qui détestent l’internet, les réseaux sociaux et les nouvelles technologies. Pour eux, le net est une menace fatale, car il facilite la communication entre les «hirakistes» et dénonce la corruption et les interminables règlements de compte au sein de l’armée.

Malgré les fausses professions de foi, tous les prétextes sont bons pour gêner le développement des nouvelles technologies. Si la junte était véritablement à l’écoute de sa population, elle n’entraverait pas le déploiement de la 4G, sachant que le débit en Algérie est l’un des plus faibles du monde. Ne parlons même pas de la 5G! Mais les propagandistes affirment que le pays  va devenir une «start-up nation», alors que ce minimum du «vivre ensemble» pour créer une «nation» tout simplement… n’existe pas encore en Algérie.

Enfin, tout montre que l’anti-jeunisme, la jeunophobie, la brutalité, le refus de toute dynamique de changement ou d’évolution, les entourloupes et les slogans pour «vendre» l’idée d’un pays ouvert…, sont bien les marqueurs de la dictature militaire algérienne qui rend impossible toute projection vers l’avenir. 

Par Jalal Drissi
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