On ne prépare pas une finale comme n’importe quel match. Une finale, c’est un combat. Au-delà des schémas tactiques, de la composition d’équipe et du coaching, deux éléments auront toute leur importance: la fraicheur physique et la force mentale.
Le Maroc a écarté l’Espagne au prix d’une incroyable débauche d’énergie. Cela peut laisser des traces pour des organismes en surrégime. Des cadres majeurs ont tiré la langue (Ziyech ou Mazraoui, voire Amrabat et Saïss) ou trainé la patte avant de quitter le terrain avant terme (Aguerd).
Dans quel état physique seront ces garçons, sachant qu’un Aguerd est largement incertain et que l’ensemble des défenseurs titulaires est pratiquement sur le flanc? C’est l’une des clés de ce match, quand on sait que le Maroc a bâti ses succès sur la folle intensité que les Lions ont mis lors de chaque sortie, avec une assise défensive en béton.
En termes d’intensité, la sélection marocaine est probablement celle qui a le plus impressionné, depuis le début de ce Mondial. C’est une qualité et une vertu exceptionnelles, et surtout nouvelles, que l’on ne connaissait pas trop aux Lions de l’Atlas, qu’ils n’avaient pas forcément dans les gênes.
Mais, en plus d’un moral gonflé à bloc, l’intensité exige d’énormes réserves d’énergie et de bagage physique. La question est de savoir si les Lions en ont encore sous le capot. C’est une énigme, la réponse ne saura connue qu’au moment du match…
Techniquement, le Portugal est fort, très fort. Le carton passé à la Suisse (6-1) en atteste. Mais c’est une équipe qui n’a pas le même profil que l’Espagne.
Le Portugal sera plus embêtant parce qu’il joue plus vite vers l’avant. Ils ne vont pas faire la passe à dix, leur jeu est beaucoup plus direct. Cette caractéristique peut gêner les Marocains. Parce que, face à une équipe rapide, et au jeu plutôt direct, il ne sert à rien d’attendre dans sa moitié de terrain.
Le Portugal n’est pas, non plus, un inconditionnel de la possession. Pas besoin. Cela veut dire que les Marocains seront amenés à sortir plus, à jouer plus haut, à produire davantage de jeu, un peu à l’image de ce qu’ils ont montré en 1ère mi-temps face au Canada.
On notera aussi que cette équipe a plus de vice que l’Espagne, la Belgique ou la Croatie. Des garçons comme Bruno Fernandes ou Cristiano aiment provoquer les fautes, quitte à les simuler (rappelez-vous du penalty «inventé» par CR7 face au Ghana).
Maintenant, si le Portugal est évidemment supérieur sur le papier, le Maroc est tout à fait capable de le contrer. Regragui répète, et il a raison là aussi, que les Lions ont faim et qu’ils n’ont encore rien gagné. Son équipe a déjà vaincu plus fort qu’elle.
Et puis, l’expérience nous a montré que les équipes qui passent aux tirs aux buts arrivent boostées au tour suivant: en 2018, la Croatie, qui est parvenue jusqu’en finale, a gagné deux fois aux penalties.
Le Maroc fait bien partie en ce moment même des huit meilleures sélections du monde. Et, comme l’appétit vient en mangeant, les Lions ont toujours faim. A chaque match, ils élèvent encore leur niveau. Regardez un garçon comme Ounahi, si timide face à la Croatie, virevoltant face à l’Espagne. S’il continue sur sa lancée, et les autres aussi, le Maroc peut s’inviter au dernier carré mondial.
Allez les Lions, vous pouvez encore le faire!