Avec les binationaux, il y a match

Brahim Diaz.

Brahim Diaz.. AFP

Avant la prochaine liste de Walid Regragui, le débat autour du choix de Diaz, Ben Seghir et les autres s’intensifie. Et il y a de quoi.

Le 11/03/2024 à 09h30

A 24 ans, Brahim Diaz a déjà perdu pas mal de temps. En club comme en sélection. Lancé à Manchester City, il quitte le club alors qu’il n’a pas soufflé sa 20ème bougie et Guardiola, à l’époque, regrettait le départ de ce garçon talentueux mais impatient. Avant de revenir au Real en début de saison, il passe trois années probantes au Milan AC.

Mais le Real ressemble à City, c’est un très grand club et les places y sont chères, très chères. Pour s’y imposer, il ne suffit pas d’aligner quelques éclairs de génie. Il faut de la patience et du travail pour pouvoir progresser et espérer se faire une place au soleil. Regardez Vinicius ou Rodrygo, et avant eux Benzema: sans cette patience, ils ne seraient jamais devenus des incontournables au Real. Et encore, au moindre relâchement, ces garçons seront envoyés au banc sans ménagement.

En sélection, Diaz aurait pu jouer pour le Maroc il y a un moment déjà. L’Espagne a fini par l’appeler et il a disputé un match amical (avec un but à la clé) en 2021. Il y a trois ans donc. Cela fait un moment…

Que le garçon se décide enfin pour le Maroc, comme les dernières tendances semblent l’indiquer, ou pour l’Espagne (un énième revirement n’est pas à écarter), il lui faudra prouver sur le terrain et s’armer de patience. C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter, même si nous avons évidemment notre préférence…

Le cas d’Eliesse Ben Seghir n’est pas le même. Nous parlons ici d’un jeune de 19 ans qui a tout l’avenir devant lui. Révélé l’année dernière à Monaco, il marchait sur l’eau quand une blessure est venue ralentir sa progression. Là, il revient à peine depuis quelques matchs et a ouvert son compteur de la saison en inscrivant, ce weekend, le but de la victoire de Monaco en championnat.

Que vaut ce garçon? Ceux qui l’ont vu évoluer sont unanimes: ce 10 à l’ancienne, très technique, mobile et bon passeur–finisseur, capable aussi de jouer plus haut, est une perle. En France, où il a fait toutes les sélections de jeunes, il a une chance de grimper chez les A de Didier Deschamps. Mais il lui faudra du temps pour y arriver parce qu’il revient à peine. Et si Deschamps le suit, la profusion des talents chez les Bleus est telle que le «petit» risque de beaucoup attendre et le train du prochain Euro partira certainement sans lui. Alors qu’avec les Lions de l’Atlas, il peut tout de suite intégrer un groupe déjà tourné vers des objectifs élevés (CAN) et devenir rapidement un élément essentiel. 

Ainsi présenté, le choix semble facile. Mais il y a toujours un mais.

D’autres joueurs de talent sont passés par les mêmes hésitations. On se souvient de Younès Kaboul (années 2000), qui aurait pu avoir un grand destin avec les Lions, mais qui a choisi les Bleus et dont la carrière internationale a rapidement fait pschitt.

On se souvient aussi des «Hollandais» Boulahrouz et Afellay. Fellaïni a «échappé» au Maroc, mais il a fait une grande carrière avec la Belgique. Plus près de nous, Yamal, l’un des plus grands espoirs actuels du foot européen, a opté pour l’Espagne. Alors qu’El Aynaoui semble encore hésiter entre la France et le Maroc.

Le fait est que les joueurs ne vivent pas dans une bulle. En plus de la pression médiatique et familiale, il y a celle des agents. Ces garçons traînent un petit monde derrière eux, qui les conseille et les presse de partout.

Le choix dit du cœur est une denrée rare: on a connu cela avec un Ziyech qui a opté pour le Marc, alors qu’il avait tout pour percer avec les Oranjes de Hollande. Cas aussi de Hakimi, même si au moment de choisir le Maroc, il n’était encore qu’un jeune espoir issu de la Castilla madrilène.

La règle s’appelle plutôt le choix de la raison. Le rôle des agents, à ce niveau, est déterminant: parce qu’ils posent des questions techniques et matérielles, liées à la carrière et à l’avenir du joueur. Personne ne peut leur jeter la pierre. Même si le cœur, en l’occurrence notre cœur, voudrait que tous les binationaux de talent optent pour les Lions de l’Atlas.

Par Footix marocain
Le 11/03/2024 à 09h30