Beaucoup semblent découvrir, aujourd’hui, l’existence du foot féminin au Maroc, alors que cela fait près d’un quart de siècle qu’il avance en douceur, avec un championnat lui aussi en constants progrès (et sur lequel les FAR règnent sans partage). Eh oui.
Il faut saluer ces pionniers et ces pionnières. Avant de tourner la page et de basculer dans un monde nouveau.
Après la formidable exposition qui a été offerte par la récente CAN, que les Marocaines ont brillamment terminée à la 2e place, on ne peut pas demander à ces «Lionnes» de rentrer dans leur tanière pour ne plus en sortir. Elles doivent continuer de rugir.
Le retour en arrière n’est pas possible. La réussite de la CAN, qui a été sportive et populaire, ne doit pas être une parenthèse que l’on referme pour mieux l’oublier.
Ce qui a changé entre hier et aujourd’hui, c’est que nous ne sommes plus face à des mousquetaires qui se battent contre des moulins à vent et éprouvent toutes les peines du monde pour monter et préparer une équipe, mais face à des structures et une stratégie, une politique, une ligne toute tracée. Et si les Lionnes de l’Atlas sont allées aussi loin dans cette CAN, c’est qu’elles ont bénéficié d’une bonne préparation avec un encadrement technique de haut niveau.
Le sélectionneur s’appelle Reynald Pedros, ancienne gloire du FC Nantes, ce n’est pas rien.
Maintenant, pour développer ce football, il faut d’abord des clubs forts et un championnat de qualité. C’est là qu’il y a encore un effort à faire. Et c’est un préalable pour attirer plus de sponsors.
La logique économique du football veut que le financement du foot féminin dérive directement du masculin. Ce sont les mêmes ou presque qui récupèrent l’argent et le redistribuent à leur section féminine. C’est sur cette base de regroupement que le football féminin s’est développé en Europe. Et c’est pour cela que le PSG, Chelsea, le Barça ou le Bayern dominent leurs championnats. Ce qui est vrai pour les hommes l’est aussi pour les femmes, c’est cela qu’il nous faut comprendre aujourd’hui.
Le foot féminin n’est pas un îlot isolé au fond de l’océan. Il est connecté et alimenté à la même source. Les plus grands clubs, les plus riches et les mieux structurés, dominent le foot féminin et tirent leurs championnats vers le haut. Avons-nous cela au Maroc? Pas vraiment, pas encore.
Entre le football masculin et le féminin, la connexion n’existe pas encore, pas tout à faite. Il n’y a pas de passerelle. Elle est pourtant indispensable pour créer des locomotives capables de tirer le championnat vers le haut et d’alimenter la sélection.
Les FAR jouent ce rôle pour le moment, avec les clubs de Khénifra et Laâyoune, qui ont toujours été des fiefs très forts du foot féminin au Maroc. Mais les locomotives naturelles du football marocain, à savoir les deux grands clubs de Casablanca, les plus populaires et les plus riches de tout le pays, ont du mal à suivre. Leur quasi-absence au plus haut niveau est une anomalie.
Imaginons-nous un championnat masculin fort sans un Raja et un Wydad au niveau? Evidemment que non. C’est pareil pour le championnat féminin.
On en reparlera quand les deux géants casablancais décideront vraiment de booster leurs sections féminines!
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