Dans ce Mondialito au format étrange, le Wydad avait l’avantage et l’inconvénient de jouer à domicile. Avantage, parce que le public est un 12e homme dont le soutien peut faire la différence. Inconvénient, parce qu’en jouant à domicile, l’ambition grandit automatiquement, la pression et la peur de perdre aussi. Et cela peut faire trembler un pied au moment de tirer un pénalty…
Personne n’était assez fou pour demander au représentant marocain de gagner ce Mondialito. On demandait au Wydad d’atteindre les demi-finales, c’est-à-dire de gagner son premier match, ce fameux choc face au Hilal saoudien. L’objectif n’a pas été atteint, échec total.
Dans le contenu, et face à un adversaire de qualité, les Rouges ont plutôt tenu le choc. Ce qui leur a manqué, et c’est une constante depuis le début de la saison, c’est une plus grande présence offensive. Ce Wydad n’a pas d’attaquant de haut niveau, Mbenza n’a pas été remplacé. Le club a lésiné sur les moyens, préférant faire des paris à moindre coût plutôt que de sortir le chéquier pour signer des joueurs confirmés.
Le Wydad a toujours agi ainsi. C’est sa politique, elle est frileuse et aventureuse, mais elle a très souvent réussi. Depuis Evouna jusqu’à Mbenza, en passant par Jebor ou Kazadi, tous ces garçons ont été des paris. Personne ne les connaissait avant leur passage chez les Rouges. Un passage qui se réduisait souvent à une saison, sans plus. Même El Kaâbi, passé aussi par le Wydad, rentrait dans cette case.
Le Wydad ne connait aucune continuité chez les attaquants. Quand ils arrivent en prêt, avec ou sans option d’achat, ils repartent au bout d’une saison, très rarement deux. Le secteur offensif des Rouges ressemble à un éternel chantier. Chaque nouvelle saison démarre dans le mystère, avec une nouvelle cuvée surgie de nulle part.
La cuvée 2023 n’est pas la meilleure de ces dernières années, tout simplement.
Mais il y a un autre problème, qui explique la sortie précoce du Mondialito, et le parcours plutôt moyen en Botola. Ce problème s’appelle la lassitude.
Il y a un an, le Wydad a atteint le Graal avec le doublé Botola–C1. Ses meilleurs cadres (les Jabrane, Attiatallah, Tagnaouti) sont allés encore plus haut en jouant le Mondial 2022, avec la consécration que l’on sait.
Depuis le retour du Qatar, ce trio qui a porté l’équipe ces dernières saisons est à la rue!
Jabrane n’est plus que l’ombre de lui-même. Face au Hilal, il commet une véritable faute professionnelle en prenant un rouge pour protestation inutile (le pénalty concédé était clair comme l’eau de roche).
Le gardien Tagnaouti fait également du surplace. Il n’est plus décisif, comme on l’a encore vu lors de la séance de tirs au but face au Hilal.
Et que dire de Yahya Attiatallah? Face au Hilal, c’est lui qui concède le pénalty, et c’est encore lui qui rate sa frappe lors de la séance de tirs au but. Est-ce un hasard? Peut-être pas, quand on sait que le garçon ne devait probablement jamais jouer ce match, alors que son transfert à Montpellier était quasi-acté.
C’est précisément là que le bât blesse. Ce trio mondialiste a probablement déjà fait son temps au Wydad. En septembre d’abord, ou en janvier au plus tard, ces trois garçons auraient dû faire leurs bagages. Ils ont tout gagné avec le Wydad et ne peuvent plus aller plus haut, plus loin. Ils ont atteint ce fameux plafond de verre.
Avec un mercato raté et des locomotives en panne, ce Wydad-là n’avait guère de chance de briller au Mondialito. Espérons que les Rouges garderont suffisamment de jus pour la suite de la saison, avec la Botola et la C1 où ils auront du boulot pour défendre leurs titres.