Lorsque vous regardez un match de football dans un lieu public ou avec des amis, toutes les émotions que génère le sport le plus populaire et le plus universel au monde s’additionnent avec force et de manière spectaculaire. Lorsque le match en question comporte un enjeu particulier, un titre ou une qualification à une étape supérieure, l’émotion est encore plus forte et plus puissante, mais quand ça concerne le pays tout devient incontrôlable. C’était le cas ce jeudi lors d’un match palpitant entre des marocaines accrocheuses et déterminées et des colombiennes vexées et revanchardes.
Dans ce genre de match la tension est souvent palpable tout au long des 90 minutes, entrecoupée par les faits de match, un coup franc, un but, un pénalty ou une action dangereuse. Les commentaires des présents accompagnent chaque action dans un cadre souvent rationnel, même si les analyses ne le sont généralement pas. Chaque participant y va de ses recommandations tactiques ou de coaching, ses sentences qui souvent sont liés au caractère de celui qui les formulent. «On va perdre, c’est sûr» disent les plus pessimistes, «on va gagner» leur répondent les autres pour les rassurer ou se rassurer. C’est bon enfant et cela participe à l’animation et l’ambiance du match. L’irrationnel frappe à la porte, à partir de la 80e minute, c’est-à-dire à 10 minutes de la fin du temps réglementaire.
Certains, parmi les habitués de l’espace public, changent de place, d’autres prient, d’autres enfin tournent le dos à la télévision en se bouchant les oreilles. En réalité le suspense est insoutenable pour tous et pousse à des commentaires de plus en plus irrationnels, cette fois. Les visages se décomposent et les regards se figent avec un œil sur le match, un autre sur la montre.
Ce jeudi, deux matchs étaient programmés au titre de la dernière journée du groupe F de la Coupe du Monde féminine: Corée du Sud-Allemagne et Maroc-Colombie. Pour envisager une qualification et pour faire simple, il fallait que l’Allemagne perde ou fasse match nul face à la Corée et que dans le même temps l’équipe nationale marocaine batte les Colombiennes. Inimaginable au début des deux matchs, c’est ce qu’il s’est passé au final. La Corée du Sud qui avait perdu ses deux premiers matchs a accroché les Allemandes, épouvantails du groupe surtout après leur victoire face au Maroc par 6-0, le Maroc a battu la Colombie qui était sur un nuage et qualifiée depuis sa victoire contre les Allemandes.
C’est cette ambiance qu’ont vécu tous les Marocains et Marocaines, devant leurs postes ce jeudi matin en direct d’Australie. Dix dernières minutes infernales que les arbitres des deux matchs ont décidé de proroger de 9 minutes supplémentaires, ce sera 18 minutes pour les allemandes, et à la fin libérer les joueuses et leur encadrement dont certains ont éclaté en sanglot.
Il faut dire que les anciens ont gardé en mémoire le triste souvenir d’un finish catastrophique pour les Lions, cette fois. C’était en 1998, l’équipe nationale marocaine venait de battre 3-0 l’équipe d’Ecosse et se croyait qualifiée, un match nul de l’équipe nationale brésilienne face à la Norvège qualifiait le Maroc. Les Brésiliens ne l’entendaient pas de cette oreille, ils allaient encaisser un but pendant les arrêts de jeu et éliminer les Lions qui ne s’y attendaient pas du tout. La peur que ne se répète ce sinistre scénario hantait ceux qui l’avaient vécu.
En 1/8 de finale les Lionnes seront confrontées aux Françaises. Ceux qui ont surnommé les joueurs de football français « Coqs » ne s’attendaient probablement pas à l’éclosion du football féminin en France.
Il va sans dire que Le Maroc n’est pas favori. Le staff, les joueurs et les supporters de l’équipe du Maroc le savent. C’est un nouveau défi, qu’elles ont de toutes façons déjà relevé. En effet, leur parcours est plus qu’honorable et va générer un engouement certain pour leur sport au Maroc. Une fierté pour nous tous.
Déjà les vidéos prolifèrent sur les réseaux sociaux, elles sont déjà virales et célèbrent l’attente du résultat du match de la Corée, leurs joies et dansent dans les vestiaires, les félicitations de Gianni Infantino, le président de la Fifa. Son « Dima Maghrib » et son soutien à Benzina Nouhalia marqueront à jamais les Marocains et Marocaines reconnaissants.
Les victoires du Maroc au titre de Qatar 2022 ont très probablement impacté les chiffres du tourisme cette année, cette qualification en drainera d’autres en provenance de Nouvelle Zélande, d’Australie et de Corée du Sud. On peut l’espérer.
En attendant, Dima Maghrib!