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La femme est l’avenir de l’homme, en football aussi

La joie des Lionnes de l'Atlas contre la Colombie, le jeudi 3 août 2023. © Copyright : AFP
Les Lionnes de l'Atlas ont brillé, déjoué les pronostics, renversé les Allemandes, grandes favorites de cette édition, et démoralisé les détracteurs animés de haine et de jalousie.
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«Look at that!» La vidéo de cette injonction prononcée par un commentateur anglais du match Maroc-Colombie a fait le buzz sur les réseaux sociaux. La scène de découverte du résultat de l’autre match du groupe par les marocaines est à la fois émouvante, spontanée et puissante par les messages qu’elle véhicule.

Cette victoire s’inscrit bien entendu dans une continuité de bons résultats qui remplissent de joie et de fierté l’ensemble des Marocains et des Marocaines, mais à y regarder de plus près, elle a un goût particulier parce qu’elle concerne la femme marocaine un des piliers les plus importants de la nation.

On avait déjà célébré les mamans des joueurs lors du magnifique parcours des Lions de l’Atlas au Qatar en 2022. Elles étaient, à juste titre, associées à leurs enfants les héros du tournoi. Cette fois ce sont nos filles les héroïnes. Elles qui ont brillé et déjoué les pronostics, renversé les Allemandes, grandes favorites de cette édition, et démoralisé les détracteurs animés de haine et de jalousie.

C’est une belle revanche pour des compatriotes souvent attaquées de façon sexiste, par des frustrés et de manière vulgaire par des hypocrites. Elles ont marqué un point vers plus de reconnaissance, d’égalité et de visibilité et envoyé un message destiné à la société marocaine et à son environnement. En effet si la prestation des Lions a envoyé une image de puissance et une revendication de positionnement du football marocain et africain dans le Monde, celle des Lionnes renvoi à la réalité du statut de la femme marocaine et sa perception dans son environnement immédiat. On ne verra plus la femme marocaine avec le même regard dorénavant. Quelque soit le résultat du match d’aujourd’hui l’objectif est atteint, le sportif pour lequel l’équipe nationale s’est déplacée en Australie, mais aussi l’autre que nos joueuses ont imposé sans le vouloir, bien évidemment.

C’est d’abord l’affaire du foulard et des commentaires nauséabondes qu’il a généré dans les médias français. Le racisme anti religieux sort de plus en plus souvent du bois et parade sans complexes dans certains supports notamment français. La liberté de conscience est devenue le principe le plus souvent foulé sous les pieds dès que l’Islam est en scène. Sans surprise, ils sont rejoints dans leurs critiques par des radicaux islamiques qui ne comprennent pas comment une fille peut jouer au football et surtout qu’une jeune fille voilée enlace, quasi paternellement son entraineur à la fin du match. Les obscurantistes de tous bords sont souvent alliés objectifs dans le pire, ils le démontrent à nouveau.   

C’est aussi l’affaire des prévisions, certains «spécialistes» de «L’Equipe» et du «Nouvel Obs», ont éliminé prématurément les Marocaines, la veille des matchs décisifs, alors qu’elles avaient de réelles possibilités arithmétiques de qualification. Ce manque de respect est totalement contraire à l’esprit du sport et reflète une méconnaissance globale de sa réalité. Pourtant en France ils avaient l’expérience des pronostics déjoués. En 1993, au titre des éliminatoires de la Coupe du Monde des Etats Unis, l’équipe de France avait besoin d’un seul point, un match nul, sur deux matchs à domicile pour se qualifier. C’est dire à quel point ils étaient favoris.  Résultat, les Bleus ont perdu le premier match à Paris face à Israël et le deuxième face à la Bulgarie à la dernière seconde sur une contre-attaque mémorable et un but de Emil Kostadinov suite à une perte de balle de Ginola. Il faut croire que la modestie et l’arrogance ne sont pas les principales qualités du Coq, emblème du football français.

Ces deux injustices ont été vécues comme tel par les supporters marocains, et ont engendré encore plus de sympathie envers les joueuses. Même les militants et militantes anti voile au Maroc, il y en a, cela ne les empêche pas d’avoir des amies voilées, ont pris une position claire et sans ambiguïté en faveur de leur jeune compatriote. Ils ont été rassurés par le soutien de M. Gianni Infantino, président de la FIFA. Ce soutien s’est exprimé deux fois, sur twitter et sur la pelouse lorsqu’il est venu saluer et féliciter les Marocaines pour leur brillante qualification.

La femme est l’avenir de l’homme disait le poète, il a raison. La Marocaine, jadis première femme arabe championne olympique (on ne pouvait pas conclure sans rendre hommage à notre légendaire Nawal El Moutaouakel), est aujourd’hui leader et précurseur dans un sport collectif. Un positionnement mérité, un leadership obtenu à la sueur du front de nos valeureuses championnes et acquis grâce au sérieux et l’implication de tous.

Pourvu que ce sérieux soit viral.

Par Larbi Bargach
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