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L’enfer du décor. Pourquoi M. Halilhodzic doit partir

Vahid Halilhodzic. © Copyright : DR
Se séparer manu militari de Vahid Halilhodzic serait contraire à la bienséance. L’idée serait de trouver un accord amiable avec lui -dans les plus brefs délais-, de manière à ce qu’il parte la tête haute, en organisant -pourquoi pas?- une cérémonie d’adieu en son honneur, digne de lui et digne de nous.
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En début de soirée hier, mardi 3 mai, l’AFP balance une dépêche avec ce titre: «Mondial-2022: imbroglio au Maroc autour de l'avenir d'Halilhodzic». L’agence de presse française fait ici référence à un communiqué, diffusé la veille, par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). 

Cependant, il n’est plus question de se voiler la face, et il faut le dire sans ambages: entre Vahid Halilhodzic et le Maroc (les différentes composantes du football national: opinion publique, responsables, nombre de joueurs, etc.), le cordon ombilical est coupé. La saga «Je t’aime moi, non plus», avec son lot d’épisodes malencontreux -à coups de déclarations et de contre déclarations- n’est pas productive pour l’équipe nationale, encore moins pour l’image du Maroc.

Ces derniers temps, M. Halilhodzic a multiplié les sorties sur des médias étrangers, faisant montre d’une obstination quasi-maladive envers Hakim Ziyech et lançant des mots qui frisent l’indécence. Des mots qui, arrivés à l’oreille du joueur, l’ont sans doute affecté. 

Le B.a.-ba du foot exige que l’on respecte les choix de l’entraîneur. Mais la raison veut aussi que les choix de ce dernier concordent avec les desiderata de ses employeurs, et que sa marge de manœuvre ne soit pas synonyme d’un blanc-seing lui permettant de faire ce que bon lui semble, suivant son humeur et ses états d’âme.

A ce que l’on sache, partout où Hakim Ziyech (puisque c’est vraisemblablement lui qui pose problème à M. Halilhodzic) est passé, nul entraîneur ne s’est plaint de son comportement. Le dire ne signifie forcément pas prendre parti pour lui. 

Méditons, au passage, sur ces propos du grand Carlo Ancelotti après le 35e sacre du Real Madrid, qui a fait de lui le seul technicien à avoir remporté les cinq grands championnats européens: «quand j'étais à Parme, j'avais négocié pour recruter Roberto Baggio. Il me disait qu'il voulait jouer comme milieu offensif, mais pour ce faire, je devais changer mon système en 4-4-2, donc je lui avais dit que non. S'il me reposait la question aujourd'hui, je lui dirais: ‘mais viens, évidemment qu'on va changer le système’. Après Parme, je suis allé à la Juventus, et il y avait Zidane. A partir de là, je me suis toujours adapté aux caractéristiques des joueurs». 

Dans quelques jours, le patron du football marocain, Fouzi Lekjaa, tiendra une réunion avec Vahid Halilhodzic. Officiellement, il est question de préparer les prochaines échéances de l’équipe nationale, dont le match contre les Etats-Unis ainsi que les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 et du Mondial 2022. Officieusement, il sera aussi question de l’avenir du sélectionneur national. 

M Halilhodzic -force est de le reconnaître- n’est plus en odeur de sainteté auprès de quiconque, ici. A chacune de ses apparitions dans un stade  au Royaume, il est hué. Et avec les responsables, le courant ne passe plus.

Se séparer de lui ces temps-ci, surtout à l’approche d’échéances importantes, serait préjudiciable à l’équipe nationale. C’est l’argument «solide» que tiennent ceux qui plaident, à contre-cœur, pour son maintien. 

Dans un sens, c’est vrai. D’autant plus que la fédé a péché en n’ayant pas désigné un adjoint à la hauteur, pour prendre le relais -le cas échéant- comme cela se fait naturellement, aussi bien au sein des sélections nationales que dans les clubs. Par conséquent, il est peu évident d’engager un nouvel entraîneur, lequel aura nécessairement besoin d’un certain temps pour «s’acclimater».

Mais M. Halilhodzic doit partir. Parce qu’aujourd’hui pour lui, le cœur n’y est pas. Il sait pertinemment qu’il est devenu «persona non grata». Et, aussi, parce que pour les dirigeants marocains, le cœur n’y est pas: le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont hâte (et, apparemment, ils sont même prêts) à un divorce. 

Quant à l’argument selon lequel l’on est «obligé de supporter M. Halilhodzic pour cause de manque de temps», il ne tient pas. L’histoire regorge d’exemples d'entraîneurs ayant été remerciés à la veille de tournois importants, dont celui de Julen Lopetegui, alors entraîneur de l’équipe espagnole, qui fut démis de ses fonctions à la veille de l’ouverture de la Coupe du monde 2018. La fédé espagnole ne s’est pas trop creusée les méninges pour lui trouver un successeur. 

Au Maroc, il est vrai que, malheureusement, l’on est dans l’embarras parce qu’on n’a pas de choix. Mais un choix s’impose et peut s’avérer crucial: Houcine Ammouta. Il connaît fort bien les joueurs, et nombre de ceux-ci le connaissent bien. Et en plus, il est compétent et a déjà fait ses preuves. Why not?

Sinon, pourquoi donc les uns et les autres seraient-ils dans l’obligation de «se supporter» alors qu’ils savent déjà bien pertinemment que ça ne marche plus?

Par Abdelkader El-Aine
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2 commentaires /

  • Badr
    Le 05 May. 2022 à 14h25
    l'exemple de la fédération espagnole est EXACTEMENT ce qu'il ne faut pas suivre . ils ont été sorti en 1/8 contre la russie et ont galéré contre l'Iran et le maroc donc à partir de là il faut déduire le contraire ce que votre manque d'esprit critique vous empêche de voir : ils se sont complètement vautré en changeant le sélectionneur à la veille du mondiale :) rien de bon ne pouvait ressortir de leur sursaut d'égo!

    Je ne suis ni pour ni contre Vahid il y' a du pour et du contre: effectivement un entraîneur qui ne sait pas être flexible ne fait pas long feu et malheureusement pour lui il l'a déjà vécu 2 fois sans se remettre en question.

    parcontre je ne cède pas à l'émotion populiste qui veut son départ et le retour de Ziyech absolument. il n'a jamais vraiment bien géré la pression de la sélection c'est pas comme si il était intouchable hors que par son nom en selection
  • 40millions de marocain
    Le 05 May. 2022 à 06h55
    Est-ce que l'équipe nationale est sous protectorat ? Elle appartient au peuple Marocain.M.Lakjaâ est d'une autre époque.
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