Lionnes de l'Atlas, l'heure de vérité

C’est aujourd’hui que les Lionnes feront leur entrée dans ce Mondial. Le premier match promet d’être le plus ardu: non seulement parce que l’adversaire (Allemagne) fait partie des favoris, mais parce que c’est le tout premier match des Marocaines dans une compétition mondiale. Un sacré baptême de feu.

Cela veut dire que cette sélection est d’abord là pour apprendre et progresser. Elle sort d’une finale de la CAN, jouée et perdue au Maroc, mais la Coupe du monde, c’est le niveau suprême, l'étage au-dessus. On l’a vu avec les premiers matchs de ce Mondial organisé en Australie et en Nouvelle-Zélande: scores serrés, très peu d'écart entre le niveau des équipes, grande intensité dans le jeu.

Fini les scores fleuves, aucun match n'est décidé à l'avance. C'est du foot, et de haut niveau.

Le point le plus délicat, et sur lequel les Marocaines auront sans doute un véritable défi à relever, c’est le rythme, ici très élevé. Le groupe est par ailleurs relevé avec, outre l’Allemagne, la Corée et la Colombie.

Si les Marocaines prennent des points aujourd’hui, face à l'Allemagne, la suite sera prometteuse. Dans tous les cas, on suivra leurs efforts et leurs progrès avec la plus grande attention. Cette équipe a des repères avec une belle ossature autour des FAR, le club le plus représenté (notez au passage l’absence totale des deux «géants» casablancais, le Raja et le Wydad, une vraie anomalie), un coach expérimenté (Reynald Pedros, ancienne gloire du FC Nantes de la belle époque), et tout un peuple derrière elles.

N’oublions pas, en effet, l’engouement extraordinaire née lors de la dernière CAN, avec une finale jouée à guichets fermées. Il faut mesurer tout le chemin accompli ces dernières années. Le foot féminin part de loin. Avec une vraie politique sportive, ce foot est devenu une vitrine du pays.

L’idée ici n’est pas de rajouter une pression supplémentaire à nos Lionnes, mais de mettre les choses dans leur contexte. Vu de l’extérieur, les progrès du foot féminin sont aussi ceux de la cause féminine dans le royaume. Il y a le foot et il y a aussi le reste. C’est cela qu’il faut retenir.

Regardez les 32 sélections qui prennent part à ce Mondial, aucune ne vient du Maghreb ou du Proche et Moyen Orient. Regardez aussi le palmarès de ce Mondial, trusté par des nations qui ont depuis longtemps valorisé les femmes: Etats-Unis, Allemagne, Norvège et Japon.

La présence du Maroc dans ce concert des nations a du sens. Ce Mondial est une sorte de baromètre de la position de la femme dans la société.

Cela nous donne une raison supplémentaire de suivre cette fête du foot. Avec une attention particulière pour nos Lionnes, bien entendu, mais aussi pour la France d’Hervé Renard (0-0 pour son entrée en lice face à la Jamaïque, preuve que toutes les sélections se tiennent de très près), un Renard qui compte encore de nombreux amis au Maroc.

Bonne chance à tous et, surtout, à toutes.