Au coup de sifflet final d’un Maroc-Zambie décevant, les esprits les plus critiques ont tiré à boulets rouges sur l’équipe de Regragui. Les choix du sélectionneur national ont été discutés en long et en large, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le plan technique, le coach des Lions de l’Atlas a persisté dans certaines options pour le moins contestables. S’entêter à utiliser Ziyech sur le côté droit, voir en Saïss le leader de la défense et s’obstiner avec un En-Nesyri sevré de ballons ont été les points noirs évoqués par le supporter lambda. L’absence d’affinité technique entre Diaz et Ziyech a également été mise en exergue. Il y avait donc matière à débat dans les cafés du commerce ou sur les réseaux sociaux, d’autant plus que les gestes d’humeur du sociétaire de Galatasaray et du Sévillan avaient de quoi irriter.
Soixante-douze heures plus tard, la confrontation délocalisée contre le Congo devait confirmer les doutes ou les dissiper. Et visiblement, coach Walid a eu le bon goût de se remettre en question. Les choix proposés contre le maillon faible de notre groupe éliminatoire ont été payants. Replacer Ziyech dans le cœur du jeu a fluidifié la manœuvre offensive, d’autant que la complicité sur le côté entre Diaz et Hakimi coulait de source. Ce mouvement sur l’échiquier a libéré Ounahi, offert un champ de manœuvre plus intéressant pour le prometteur Ben Seghir et donné de belles perspectives à un Kaabi plus mobile et opportuniste qu’En-Nesyri. Eh oui, en football, tout est question de mouvement autour du porteur du ballon et de solutions plus dynamiques face à des blocs bas. Derrière, le pourtant très jeune Chadi Riad a apporté ce zeste de vélocité qui peut manquer à un Saïss en fin de parcours.
Bilan : la sélection nationale a dévoilé des pistes et quelques solutions au grand chantier de l’animation offensive face à des rivaux plus attentistes. L’idée est que nos Lions de l’Atlas soient moins prévisibles dans le jeu et que chaque élément laisse son ego de côté, y compris le sélectionneur national. En Espagne, il y a un dicton disant que «rectificar es de sabios», traduisible dans la langue de Molière par «rectifier est une preuve de sagesse». Avouer ses manquements, être à l’écoute de l’autre sans faire preuve de populisme peut parfaitement servir la cause de l’Équipe nationale.
Reste maintenant à peaufiner la communication de Walid Regragui. Ce dernier a une personnalité clivante. On peut aimer comme on peut détester son style. Un peu de «consensualisme» s’impose, à la fois de la part de l’opinion publique et du boss des Lions de l’Atlas. Au sélectionneur de faire preuve de plus de pédagogie pour expliquer son projet de jeu, et au fan d’être plus compréhensif, afin de fédérer et de créer autour de la sélection nationale l’union sacrée nécessaire pour gagner cette satanée CAN qui nous fuit depuis 1976.