Walid Regragui a eu raison en déclarant, à la fin du match, que les Lions ne méritaient pas le nul. 1-1 au final, le résultat est plutôt flatteur. Sans être supérieurs dans le jeu, les Ivoiriens se sont procuré les plus belles occasions de but.
Les gagnants de ce match, côté marocain, sont les absents. Deux joueurs-clés ont manqué à l’appel: Amrabat et Ziyech, et on peut dire que tout le monde s’en est aperçu. L’entrejeu a été dominé par les Ivoiriens, où le tandem Kessié–Fofana a éteint son homologue marocain. Alors qu’à la baguette, le revenant Harit n’a pas fait oublier Ziyech.
La charnière Saïss–Aguerd, mal protégée par les hésitations du milieu et les retours tardifs des latéraux, a chaviré sous le poids de Haller, la pointe ivoirienne, qui a eu plusieurs situations de face-à-face avec Bounou.
Mais attention, le Maroc n’a pas sombré. Et s’il a déçu dans le contenu, comme l’a dit Regragui, c’est d’abord pour des raisons tactiques. Cette performante peu rassurante porte en effet, d’abord, la signature du coach. Comment cela?
C’est simple. Confronté à l’absence des joueurs cadres cités plus haut, Regragui a décidé de reconfigurer son groupe, plutôt que de faire du poste pour poste. Offensivement, l’animation a été confiée au tandem de l’OM, Harit–Ounahi, chargés de faire oublier Ziyech. Aucun des deux n’a brillé, avec en plus un rendu défensif assez faiblard. Quant à Amine Adli, qui disputait là son 2ème match avec les Lions, il n’a guère pesé sur les débats.
Cela nous amène au milieu, où Regragui n’a aligné aucun joueur à vocation défensive. Le coach a tenté ici ce qu’on appelle un coup tactique en faisant monter d’un cran le latéral Attiyatallah et en demandant à tout le monde de défendre, à commencer par Amallah. Mais rien n’a marché, et le coup a ressemblé à un désordre tactique.
La conclusion que Regragui a certainement dû se faire lui-même, c’est qu’il a besoin d’un vrai 6, une pointe basse au milieu de terrain, capable de faire l’essuie-glace. Et là, force est de constater pour le moment que, derrière Amrabat, c’est plutôt le désert.
C’est la leçon la plus importante de ce match. Sans un milieu compact, c’est tout le groupe qui perd en équilibre et en homogénéité. Les carences constatées face à la Côte d’Ivoire rappellent celles du match perdu en Afrique du Sud, dans une autre configuration tactique, en juin dernier (1-2).
Mais on ne va pas noircir tout le tableau. Il n’y a pas le feu. Regragui est toujours en phase de réflexion et d’expérimentation.
Parmi les points positifs, outre le retour gagnant (et ultra mérité) d’El Kaâbi, qui a marqué un but plein d’opportunisme, il faut noter le recadrage tactique après la sortie de Mazraoui et l’entrée d’El Khanouss, combiné au mouvement Harit-Ezzalzouli. C’est là que les Marocains ont retrouvé cet allant qu’on leur connaissait, avec des latéraux qui ont retrouvé leurs repères et un entrejeu qui a gagné en impact. Pas étonnant que la fin de match fut meilleure, avec une égalisation à la clé.
Alors, faut-il retenir les errements tactiques de la première heure de jeu, ou le dernier tiers du match et ses motifs d’espoir? Sans doute les deux.
Notons aussi qu’en face, la Côte d’Ivoire, qui fait d’ailleurs partie des favoris pour la prochaine CAN, c’était pas mal du tout. Eviter la défaite dans un jour sans, et face à un adversaire de qualité, ce n’est pas un mauvais résultat. C’est surtout cela qu’on va retenir de ce Côte d’Ivoire–Maroc plein d’enseignements.