Cette liste est la première après la déception de la CAN, alors forcément elle est attendue. L’attention est avant tout portée sur les «absents», qui n’échapperont pas à l’étiquette de «coupables» (du fiasco de la CAN).
Cela dit, sur les 24 appelés, 18 faisaient partie de l’expédition de la CAN. Regragui est donc dans une logique de continuité. Il a davantage remanié son staff technique que ses choix d’hommes.
Cette continuité dicte le choix des six nouveaux appelés. Le choix d’un Youssef Lekhdim (Yusi Enriquez pour les Espagnols) rentre dans ce cadre. Ce garçon qui joue avec les U19 du Real Madrid n’aurait jamais atterri en sélection si le poste de latéral gauche était pourvu chez les Lions. Mazraoui étant blessé, et Masina n’entrant visiblement pas dans les plans de Regragui, il a décidé de rappeler Attiyat-Allah (qui n’a pourtant disputé qu’un seul match avec son nouveau club, les Russes de Sochi) et d’offrir sa chance, donc, à Lekhdim-Enriquez qui ne connait pas encore le foot d’élite. Un choix étonnant, quoique défendable.
Restons en défense, où deux centraux ont été mis à l’écart: le capitaine Romain Saïss et le doyen Yunis Abdelhamid. Leur absence ressemble à une mise au placard. Pour Saïss, certains évoquent à demi-mot une possible retraite internationale à venir. Pour Abdelhamid, qui ne sera pas renouvelé par son club (Reims), le temps est venu de tourner la page.
Pour remplacer Saïss et Abdelhamid, Regragui a choisi de rappeler Dari et de maintenir Chibi en le faisant jouer à son vrai poste. Pour Dari, il s’agit d’un come-back inespéré. Le garçon, en échec à Brest où il ne jouait plus, a atterri en prêt à Charleroi. Il joue davantage en Belgique, mais le niveau n’est pas le même. Son rappel peut logiquement interpeller.
D’autant que Regragui continue d’ignorer un défenseur central qui connait très bien l’Afrique: Boutouil, indiscutable au Mamelodi Sundowns où il a pratiquement tout gagné. Que faut-il de plus pour donner, enfin, sa chance à cet ancien de la Botola?
Passons au milieu et à l’attaque. En dehors des «recrues» stars, à savoir Diaz et Ben Seghir, Regragui a battu le rappel de Rahimi (il était temps), décisif en club, et convoqué Ilias Akhomach qui fait une saison intéressante à Villarreal.
On aurait pu espérer l’arrivée d’un Hrimat (FAR), probablement le meilleur joueur de la Botola. Ça sera non, et c’est dommage. De même, on attendra avant de voir Sofiane Diop, actuellement blessé avec Nice, porter le maillot national.
Et si personne ne sera choqué par la non-convocation de Boufal ou Amallah, et encore moins Ezzalzouli (laissé pour les U23 de Sektioui) ou Tissoudali (soucis extra-sportifs), voire Saibari (blessure), l’absence de Harit est plus problématique. Fait-il les frais de l’arrivée du tandem de créateurs que sont Ben Seghir et Diaz ou, comme certains le suggèrent, y a-t-il anguille sous roche?
C’est là que l’on regrette l’absence d’explications de la part du sélectionneur. Parce que Harit brille à Marseille, où il n’est jamais facile de s’imposer: demandez à Ounahi, convoqué par Regragui alors qu’il est transparent et régulièrement pris en grippe par le public marseillais, en plus de sortir d’une mauvaise CAN.
Le silence inhabituel du sélectionneur masque peut-être un début de malaise autour de Harit, peut-être aussi d’autres joueurs. Sans oublier que le choix de la continuité peut être interprété comme un refus de remise en cause et d’autocritique. Oui? Non? Avant d’affronter l’Angola et la Mauritanie, qui restent sur une très bonne CAN, Walid Regragui nous devait bien des explications. La prochaine fois, peut-être?