Maroc–Burundi: les plus et les moins!

Ce Maroc–Burundi (1-0) disputé hier a confirmé ce que l’on disait déjà après Mauritanie–Maroc (O-O). Avec la qualification en poche, Vahid s’est servi de ces deux matchs pour effectuer une large revue d’effectif, et tester différents systèmes de jeu. Les deux matchs sont à ranger dans la même catégorie, même si la prestation des Lions a été sensiblement meilleure face au Burundi.

Le sélectionneur national n’a pas chamboulé sa composition et son système de jeu habituel pour le plaisir. Avec des joueurs venus d’horizons divers, avec d’énormes différences physiques et de niveau, voire aussi de culture de jeu, l’objectif de faire adhérer tout le monde à un seul et même projet de jeu est tout sauf simple. Il s’agit de faire cohabiter, dans le même groupe, des garçons issus de la Botola (les Jabrane, Rahimi ou Zniti) et d’autres qui jouent la Champion’s league européenne où ils côtoient le top niveau mondial.

Le langage n’est pas le même. Langage technique, bien sûr, mais aussi langage tout court.

Face au Burundi, un garçon comme Munir El Haddadi a clairement marqué des points et posé sa candidature dans le onze-type de Vahid. Mobile et surtout polyvalent, à l’aise sur le côté et encore plus en deuxième attaquant dans une position plus axiale, il a marqué et régalé.

L’autre réussite du match s’appelle Adil Taarabt, celui que l’on n’attendait presque plus. Passeur décisif pour Munir, il a évolué dans un registre de meneur reculé, bon à la récupération mais avec une touche technique qui lui permet de jouer rapidement vers l’avant, verticalisant ainsi le jeu. Son profil est sans équivalent. Libéré mentalement et physiquement affuté, comme on l’a vu face au Burundi, ce Taarabt pourrait devenir une pièce essentielle dans le dispositif de Vahid.

Pour beaucoup, l’homme du match face au Burundi s’appelle Achraf Hakimi. Ils ont raison. Mais si le joueur de l’Inter a été rayonnant, c’est qu’il a évolué (une première pour lui en sélection) dans une position haute, en donnant parfois l’impression d’être libre de ses mouvements. Ce «luxe» ne sera pas toujours possible. Face à un adversaire plus relevé, et en présence d’un autre maitre à jouer (Ziyech), Hakimi sera sans doute appelé à moins «dézoner». Et à moins briller offensivement. Cela veut dire qu’il y aura du boulot avant d’arriver à faire cohabiter les meilleurs éléments de cette sélection.

Au rayon des «moins», on notera l’apparition anecdotique d’un garçon comme Chakla (c’était sa première!), et le retour difficile d’un Aguerd dont la complémentarité avec Saïss ne va pas de soi.

Face au Burundi, dernier match qualificatif pour la CAN, Vahid n’a pas intégré le moindre joueur «local». Ni Jabrane, décevant en Mauritanie, ni Rahimi qui est sans doute victime de l’émergence de Munir, n’ont été réutilisés. Sans parler de Zniti, qui reste loin dans la hiérarchie des gardiens, derrière Bounou et Mohamedi. Cela veut-il dire quelque chose? A priori, oui: sauf blessure ou suspension des cadors «européens», les internationaux issus de la Botola ne représentent pas des premiers choix dans l’esprit de Vahid Halilhodzic.

S’il y a des perdants de cette double confrontation, face à la Mauritanie et au Burundi, c’est bien eux. Malheureusement!​