Maintenant que la victoire (et le match exceptionnel) face aux Etats-Unis a été digérée, les Lionceaux de Tarik Sektioui vont devoir retrousser les manches avant de se lancer dans la bataille d’Espagne. C’est une bataille parce que l’Espagne est l’autre grand favori du tournoi olympique, pratiquement au même niveau que la France, pays organisateur. Et parce que l’Espagne a un compte à régler avec le Maroc: au Mondial du Qatar, les Lions de l’Atlas avaient éjecté la Roja de Luis Enrique dès les huitièmes de finale. C’est le genre de traumatisme qui ne s’oublie pas et que le temps seul ne peut effacer.
On n’oubliera pas, non plus, que lors du Mondial 2018, et en match de poules, l’Espagne avait eu toutes les peines du monde pour arracher, sur le fil, un nul (2-2) aux Lions de l’Atlas.
Donc oui, l’Espagne a développé un petit complexe vis-à-vis du Maroc. Et ce quart de finale aux J.O lui offre une belle opportunité pour exorciser le sort…
L’Espagne sera favorite et c’est un avantage… pour le Maroc. Jouer avec l’habit du favori ne réussit généralement pas aux sélections marocaines. Trop de pression, trop grande peur de mal faire.
Sur le plan technique, être favori, cela veut dire prendre le match à bras-le-corps et avoir la responsabilité de faire le jeu. Non, merci.
Mais attention à ne pas tomber dans l’excès inverse. Au Mondial 2022, l’Espagne avait eu une possession proche de 80 %. Mais les Marocains avaient les armes pour défendre et rester debout, jusqu’au bout, sans craquer.
Avec les Olympiques, les données ne sont pas les mêmes. Cette équipe n’a pas les moyens pour garer le bus devant son but et subir sans craquer. Mais elle a d’autres arguments, notamment offensifs. Elle est aussi dangereuse en transition qu’en attaque placée, en plus d’être percutante sur les côtés.
Ce qui a changé depuis la défaite face à l’Ukraine, et contrairement à ce qui se dit à droite et à gauche, ce n’est pas que les attaquants marocains, d’un coup de baguette magique, sont devenus «moins individualistes». Rien à voir. Sektioui a gardé le même schéma depuis le premier match (un attaquant axial épaulé par deux joueurs de couloir) mais il a changé l’animation.
Face à l’Irak et aux Etats-Unis, les milieux sont régulièrement montés pour créer le surnombre et casser l’isolement de Rahimi. Cela amène des solutions pour le porteur du ballon et les centres trouvent preneurs. El Khannouss et Richardson ont été déterminants à ce niveau. Et l’absence du premier nommé (cumul de jaunes) pose un vrai casse-tête.
Plusieurs options s’offrent à Sektioui. Et cela peut changer du tout au tout.
Plutôt que de faire du poste pour poste, le sélectionneur pourrait être tenté de renforcer sa défense en passant à cinq derrière. Ou en jouant avec trois défensifs au milieu. Ce n’est pas folichon, mais l’intérêt ici est de doubler les couvertures sur les côtés, surtout à droite, avec les montées (et les éventuels mauvais retours) de Hakimi.
La deuxième option, qui a notre préférence, est plus audacieuse. Elle consiste à aligner Ben Seghir dans la position qui l’a révélée en club: milieu axial, assez libre de ses mouvements, exploitant au maximum les intervalles. Ce positionnement pourrait faire mal aux Espagnols…
En bref, Ben Seghir représente une vraie option, qu’il soit aligné d’entrée ou en cours de match. Allez les Lionceaux!