N’ayons pas peur des mots. Ce que les Lionnes de l’Atlas ont accompli dans ce Mondial, c’est un authentique exploit. Pas un miracle, non, parce que cette sélection est exactement là où elle a voulu être, à force de travail et de sérieux. Rien n’arrive par hasard.
Il y a bien eu ce brin de réussite, comme face à la Corée du Sud où les Lionnes ont tenu bon jusqu’au bout. Ou quand cette même Corée, qui n’a alors plus rien à gagner, tient la dragée haute aux redoutables Allemandes. Voir quand la Colombie, assurée d’être qualifiée, n’a pas trop forcé pour recoller au score en fin de match…
Mais il a fallu, surtout, que les Marocaines fassent leur part du boulot: gagner deux matchs après avoir pris une gifle lors du match inaugural. Pour cela, il a fallu qu’elles comptent sur elles-mêmes, sur leur talent et leur force. Et le résultat final, c'est-à-dire cette magnifique présence en huitièmes de finale du premier Mondial auquel elles prennent part, n’est que le couronnement de longues années de préparation et de travail. C’est aussi l’expression d’une volonté au plus haut niveau de l’Etat, une volonté qui a été bien traduite sur le terrain grâce aux efforts et aux sacrifices des un(e)s et des autres.
Maintenant que le cadre est posé, voyons ce que nous réserve la suite de la compétition. Beaucoup vont dire que ce Maroc–France comptera double, pour des raisons que l’on connait tous. On va nous parler du passé commun et difficile entre les deux pays ou de leur présent passionné, toujours complexe.
On va surtout nous parler de la dernière confrontation entre les deux sélections, cette fois chez les hommes, et qui a été dramatique avec une défaite injuste des Marocains lors de la fameuse demi-finale du dernier Mondial. On va aussi nous rappeler que Pedros, le sélectionneur marocain, a une revanche à prendre face au football de son pays. Ou que Renard, qui entraine les Tricolores, garde de nombreuses attaches au Maroc.
Tout cela est vrai et il est impossible de le mettre de côté. Il y a tellement d’enjeux qui entourent de facto une confrontation entre les deux pays, et qui dépassent largement le cadre sportif. Mais il faut malgré tout revenir à l’essentiel, au strictement sportif, à ce qui est basique, simple et direct: un match de foot, rien d’autre, 90 minutes (ou un peu plus) de jeu.
Quand on parvient à ce stade de la compétition, on ne regarde plus en arrière. Les matchs se jouent au présent, sur le terrain, et quand les organismes sont fatigués on puise dans ses ressources mentales pour faire la différence.
Contrairement aux Françaises, qui font partie des favoris, les Marocaines auront moins de pression. Elles sont dans le bonus, dans le dépassement de fonction et d’objectif. C’est un avantage.
L’essentiel est de jouer ses chances à fond et, comme le répète Reynald Pedros depuis le début de ce Mondial, de ne rien avoir à regretter. Allez les Lionnes!