Merci les Lions, mille fois merci

Abderrahim Et-Tahiry / Le360

Beaucoup se concentrent, un peu trop, sur les erreurs d'arbitrage qui ont émaillé la demi-finale perdue contre la France. Ils feraient mieux de passer à autre chose.

Le 16/12/2022 à 09h58

Alors oui, l'arbitre mexicain de ce France–Maroc et la VAR ont probablement fermé les yeux sur un pénalty pour Boufal. Mais aussi sur un carton rouge pour Achraf Dari. On aurait alors vu un autre match.

Tout cela est vrai. Mais cette page, il faut la tourner. Le Maroc a sans doute livré son meilleur match du Mondial, dans le contenu et dans l'utilisation du ballon. Sa défaite est cruelle. Mais en face, la France n'a pas volé sa victoire, il ne faut pas l'oublier. Et il serait fair-play de le dire.

Si les Marocains ont parfois été brillants (quel match, encore, pour Amrabat et Ounahi!), ils ont aussi montré leurs limites.

Pour aller plus haut encore, il faut disposer d'une vraie puissance offensive. Ce que les Lions de l'Atlas n'avaient pas.

On ne pas tout mettre sur le dos du malheureux En-Nesyri, qui n'a jamais été trouvé par ses partenaires. Et on ne va incriminer le coaching de Regragui, bien au contraire: En-Nesyri était l'attaquant idéal en 1ère mi-temps, quand les Marocains allongeaient le jeu et essayaient d'utiliser les transitions. Et Hamdallah était parfait en 2ème mi-temps quand les Lions se sont installés dans la moitié de terrain française, parce que c'est un joueur de surface, pas très mobile mais capable de devenir un vrai point de fixation.

Regragui a vu juste. Mais son problème, c'est qu'il n'a jamais pu évoluer avec deux éléments devant, seul moyen de maintenir la pression sur la charnière adverse. Avait-il les moyens de faire autrement? Sur ce point précis, non.


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Parce que Hamdallah et En-Nesyri ne sont pas compatibles. Et sur le banc, il n'y avait pas ce profil de 2ème attaquant capable de remiser et de tourner autour de la pointe. 

Cette équipe marocaine est réellement allée au bout de ses possibilités. Elle a tout donné et s'est même surpassée par moments. Dans l'intensité et l'impact physique, dans le jeu sans ballon, dans les sorties de balle et les remontées de terrain, les Lions ont accompli un boulot énorme, colossal même.

C'est pour cela qu'il ne faut pas avoir de regrets. Il faut oublier les "si" parce qu'ils n'apportent rien de plus. Le Maroc est tombé sur une très bonne équipe de France avec un excellent Lloris (son arrêt sur la frappe d'Ounahi est l'un des plus beaux du Mondial), avec un Griezmann à son meilleur niveau, et avec un Deschamps diaboliquement malin qui a choisi de laisser le ballon aux Marocains avant de les punir en contre.

Face au Maroc il y avait une sélection de très haut niveau, avec un entraineur qui est sans doute le meilleur aujourd'hui dans le circuit international. Cette défaite est cruelle, dure à avaler. Mais il n’y a pas de quoi crier au scandale. Répétons-le, les Français n’ont pas volé leur victoire, eux qui ont gagné le Mondial de Russie et ont de grandes chances de se succéder à eux-mêmes.

Acceptons la défaite avec fair-play et souhaitons bonne chance aux vainqueurs. Cela fait aussi partie de l'apprentissage du haut niveau.

Et cette petite finale qui se profile face à nos vieilles connaissances croates? On ne va pas trop en parler parce que le résultat, objectivement, importera peu. Il vaut mieux finir 3ème que 4ème. Certes. Mais l'histoire retiendra que le Maroc a atteint les demi-finales, point barre. Et c’est beau, c’est extraordinaire.

Pour la petite finale, il faut espérer que Regragui offre des minutes aux garçons qui n'ont pas joué: les Chair, Zarouri, El Khannouss. Il faut surtout faire en sorte, quelle que soit l'issue du match, de célébrer le retour de cette formidable sélection qui a porté haut, très haut, le drapeau marocain.

Merci les Lions. Mille fois merci.

Par Footix marocain
Le 16/12/2022 à 09h58