Mondial 2022: quand l’arbitrage fausse le jeu sous les yeux de la FIFA

Cesar Ramos donne un carton jaune à Sofiane Boufal, lors de la demi-finale France-Maroc (2-0), le 14 décembre 2022

Cesar Ramos donne un carton jaune à Sofiane Boufal, lors de la demi-finale France-Maroc (2-0), le 14 décembre 2022 . DR

La Coupe du monde 2022, la meilleure jamais organisée, est entâchée par des erreurs arbitrales monumentales. Depuis le début du tournoi, la FIFA est pointée du doigt en raison de son mutisme face aux nombreuses injustices commises par les arbitres. Le Maroc a été privé de deux penaltys flagrants dans le match qui l’a opposé mercredi à la France.

Le 15/12/2022 à 16h13

Qu’elle est belle, l’affiche de la finale de la Coupe du monde 2022 ! La France de Kylian Mbappé, championne du monde en titre, affrontera l’Argentine de Lionel Messi. Dimanche prochain, le monde du football pourrait assister au couronnement du meilleur joueur de l’histoire ou à un passage de témoin entre la star de l’Albiceleste et le prodige des Bleus, annoncé comme le futur du sport roi.

La Fédération internationale de football association (FIFA) ne pouvait rêver mieux comme match de clôture de la meilleure édition de la Coupe du monde de tous les temps. Sur le papier, un match Maroc-Croatie n’est pas assez vendeur pour les fans, les chaînes TV et les sponsors qui injectent des milliards de dollars dans les caisses de l’instance internationale.

Ces deux nations ont-elles été «aidées» pour atteindre ce stade de la compétition? Les adeptes des théories du complot pourraient en jurer et livrer une multitude de preuves que l’instance dirigée par Gianni Infantino a manœuvré pour hisser Lionel Messi et Kylian Mbappé jusqu’en finale.

La FIFA n’a rien d’une cabale qui complote contre certaines de ses associations membres pour en privilégier d’autres, mais les erreurs arbitrales à répétition durant les différentes éditions, et toujours contre les «petites» équipes, nourrissent toutes les théories conspirationnistes.

Scandales à répétition 


Les deux demi-finales de l’édition qatarie en sont la preuve incarnée. Le Maroc et la Croatie ont été victimes d’erreurs arbitrales qui ont bouleversé le cours de leurs rencontres respectivement contre la France et l’Argentine. 

Les Lions de l’Atlas ont été privés de deux penaltys flagrants contre les Bleus. À la 27e minute de jeu, Sofiane Boufal est fauché par le latéral gauche français Théo Hernandez dans la surface. L’arbitre mexicain Cesar Ramos, pourtant à deux mètres de l’action, refuse de revenir à la VAR. Et, comble de l’absurde, il siffle une faute contre l’attaquant d’Angers et lui inflige un carton jaune. 

Ce n’est pas tout. En toute fin de la première période, Sélim Amallah est mis à terre dans la surface de réparation par le milieu du Real Madrid Aurélien Tchouaméni. De nouveau, l’homme en noir ne consulte pas la VAR et laisse jouer.

Le plus choquant est tout de même l’attitude des réalisateurs du match qui n’hésitent jamais à repasser les actions houleuses des dizaines de fois, et sous tous les angles possibles, quand c’est Ronaldo, Messi ou Mbappé, mais pour les actions marocaines, ils se sont contentés d’une seule prise, un seul angle.

La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a officiellement déposé, ce jeudi 15 décembre, un recours contre l’arbitrage de la demi-finale France-Maroc (2-0). La FRMF estime que le Onze national a été lésé par Cesar Ramos. Elle estime que «l’arbitre a privé la sélection marocaine de deux penaltys évidents selon les spécialistes de l’arbitrage» et s’étonne que la salle du VAR n’ait pas accompli sa mission.

Le même calvaire a été vécu par les coéquipiers de Luka Modric contre l’Argentine, mardi 13 décembre, lors de la première demi-finale. 

Le Ballon d’Or 2018 n’a d’ailleurs pas caché son amertume à l’issue de la rencontre, pointant du doigt le penalty accordé à l’Albiceleste peu après la demi-heure de jeu. «Nous sommes tristes, nous aurions espéré jouer une autre finale, mais ce ne sera pas le cas. Le penalty encaissé est sûrement un moment clé oui, parce que nous étions bien, nous contrôlions le match, et il y a ce corner que l’arbitre ne nous donne pas, puis ce penalty, qui, pour moi, n’existait pas. Il n’y a pas faute parce qu’il (Julian Alvarez) tire et va percuter notre gardien. C’est clair que ça a beaucoup changé le match», a déclaré le milieu du Real Madrid. 

Douloureux souvenirs de 2018


Ce n’est pas la première fois que les Lions de l’Atlas subissent des erreurs arbitrales dans la compétition reine de la FIFA. Lors du Mondial 2018 en Russie, les coéquipiers de Nordin Amrabat ont été massacrés par deux arbitres: l’Américain Mark Geiger et l’Ouzbek Ravshan Irmatov. 

Le premier avait refusé de recourir à la VAR pour trancher à propos du but de Cristiano Ronaldo qui devait être invalidé par une faute flagrante de son coéquipier Pépé sur Khalid Boutayeb. Résultat: le Portugal l’emporte 1-0.

Le second a quasiment offert le nul (2-2) à l’Espagne en validant le but de l'attaquant Iago Aspas, pourtant entaché d'une erreur d'arbitrage.

Si la VAR avait permis de déterminer que le joueur du Celta Vigo n'était pas en position de hors-jeu sur sa frappe égalisatrice, le problème se situe ailleurs. Sur le corner accordé par Ravshan Irmatov, le ballon est sorti à la droite du but marocain. Or, les Espagnols s'empressent de remettre le ballon en jeu depuis le poteau de corner gauche… et trouvent Iago Aspas, seul dans la surface pour égaliser (2-2, 90e +1).

Une erreur, selon les textes de la FIFA. Dans ses lois du jeu, cette dernière précise que «le ballon doit être positionné dans la surface de coin la plus proche de l'endroit où le ballon a franchi la ligne de but». Dans ce cas, l'Espagne aurait donc dû tirer son corner du côté droit du but des Lions de l’Atlas, ce que semblait, d'ailleurs, indiquer l'arbitre avec son bras, là où s'étaient positionnés à juste titre les défenseurs marocains.

Ces erreurs répétitives créent de la frustration chez les «petits Poucets» qui, pour atteindre des stades avancés dans la compétition, doivent faire face aux «grandes nations», aux blessures et aux hommes en noir.

Au Qatar, les Lions de l’Atlas portaient les espoirs non seulement des Marocains, mais aussi ceux de plus d’un milliard d’Africains qui rêvent toujours de voir une équipe du continent atteindre la finale d’une Coupe du monde. 

Par un coupable «laisser faire», la FIFA abandonne ses principes fondateurs d'universalité, crée de la frustration, nourrit le sentiment d’injustice et conforte les théories du complot. Quand les arbitres faussent le résultat par un parti pris décomplexé, l'équité sportive est bafouée. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui s’est donné pour mission de redorer le blason de l’instance qu’il dirige après les scandales de tous genres de son prédécesseur, doit mettre un terme au favoritisme dont bénéficient «les grandes nations du football» au préjudice des plus «petites». A commencer par une sanction de l’arbitre qui a privé le Maroc de deux penaltys dans une demi-finale de Coupe du monde.

Par Mohamed Yassir
Le 15/12/2022 à 16h13