Soif d’Afrique

Les U17 ont montré la voie. En atteignant la finale de cette CAN, qu’ils ont été tout près d’emporter, ils ont placé la barre très haut. A leur manière, ils disent à leurs aînés: «A présent, c’est à vous de faire aussi bien, voire mieux».

Walid Regragui, qui a assisté à cette finale perdue (1-2) face au Sénégal, a du capter le message. Depuis le Mondial, il n’a jamais cessé de le rappeler: «Avant d’être champions du monde, nous devons être champions d’Afrique». Et avant de gagner la CAN, il faut atteindre la finale. Ce que les U17 ont fait, et avec la manière en plus.

Pour revenir à cette finale perdue, il faut rester fair-play: le Sénégal n’a pas volé sa victoire. C’est un pays de foot, qui a toujours formé de grands joueurs, et qui a le vent en poupe depuis quelques années déjà. Ils ont gagné la CAN chez les A, avec Mané et les autres. Cette victoire chez les U17 ne vient donc pas de nulle part. Bravo à eux.

Maintenant, Chiba et ses Lionceaux ont raté le break alors qu’ils menaient depuis le début du match. Après, peut-être avec la fatigue, ils ont trop reculé et n’avaient plus le jus pour repartir de l’avant. Mais leur performance est remarquable, il faut les féliciter et les remercier aussi.

Ces lionceaux ont montré la voie. On a tous vu qu’ils avaient faim et soif. Soif d’Afrique, pour commencer. Et, demain, soif du reste du monde puisqu’ils iront au prochain Mondial.

Et allez savoir si la bravoure des U17 n’a pas inspiré, moins de 24 heures plus tard, le Wydad en déplacement chez le Mamelodi Sundowns. Il faut croire que si. A l’aller, les Rouges avaient tout fait à l’envers, mais heureusement qu’ils n’avaient pas encaissé de but (0-0).

Au retour à Pretoria, le Wydad a tout de suite donné l’impression d’y croire. Ce n’est pas qu’une question de motivation et de mental, même si ces paramètres peuvent compter double.

Ce qui a marché, ce sont les changements opérés dans la composition d’équipe. Vandenbroeck a fait la bonne lecture de l’échec de Casablanca. Il fallait recomposer son milieu de terrain, d’où l’idée de titulariser Haïmoud dans l’entrejeu. Ce garçon est précieux, et il avait déjà brillé l’année dernière avec Regragui, notamment en C1. Certains l’ont vite oublié, ils nous parlent aujourd’hui de «risque» quand Vandenbroeck titularise enfin Haïmoud au milieu. Mais sans ce risque, il est impossible d’aller plus haut.

L’autre changement a été de mettre Moutaraji à la place de Bouhra. Bien vu. Moutaraji, qui a été décisif dans la conquête de la C1 avec Regragui, a quelque chose que Bouhra n’a pas: en plus d’être bon en transition offensive, il est capable de partir du côté pour «rentrer» et finir les actions (frappe, passe).

Haïmoud et Moutaraji avaient déjà sauvé la fin du match aller. Titularisés d’entrée, ils ont bousculé les plans de Sundowns au retour. Le 2-2 est mérité et méritoire. Le Wydad gagne le droit de défendre son titre continental face au même adversaire, Al Ahly.

C’est d’autant plus remarquable que cette équipe du Wydad a sué eau et sang pour s’arracher des quarts (0-1, 1-0) et des demies (0-0, 2-2). Rasoir. Simba et Sundowns peuvent avoir des regrets, et c’est tant pis pour eux, tant mieux pour le représentant marocain.

Comme les U17, le Wydad aura surtout montré à tous qu’il avait encore, et plus que jamais, soif d’Afrique. Le dépassement de soi dont les joueurs ont fait preuve, lors de ce match retour, ne dit rien d’autre. La volonté de rester sur le toit d’Afrique était très forte. Pourvu qu’elle le reste face à cette équipe d’Al Ahly que les Rouges ont déjà battu deux fois en finale.