L’élimination de l’équipe nationale marocaine lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations a ramené le public marocain à la triste réalité de ses parcours successifs en Afrique. Une malédiction tenace semble s’abattre régulièrement sur les joueurs dès que commencent les matchs à élimination directe. Cette année, c’est Achraf Hakimi qui en a subi les conséquences. Il a raté le pénalty qui aurait complétement modifié la dynamique d’un match complétement maitrisé par les Lions de l’Atlas. C’était totalement inattendu pour le joueur qui a fait preuve d’un extraordinaire sang-froid, en réalisant une Panenka, face au meilleur gardien espagnol en match qualificatif des quarts de finale de la Coupe du Monde, une année auparavant.
Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’un tel détail éliminait le Maroc. On se souvient tous du précédent Ziyech face au Bénin, en 2019.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et des séances de travail sérieuses et engagées ont permis au staff de l’équipe nationale de repartir de plus belle. Un verrou a sauté, le Maroc n’est plus le favori absolu et les joueurs sont redescendus de leur piédestal.
De plus, une nouvelle génération arrive pour remplacer, les blessés, les joueurs mis à la retraite et les joueurs écartés pour absence de résultats ou d’implication.
Elle est très attendue parce qu’elle porte en elle les germes du talent. Brahim Diaz tout le monde en parle, normal, il brille dans un des clubs majeurs du championnat espagnol et dispose de suffisamment d’expérience et de technique pour combler une des grandes lacunes de l’équipe du Maroc: la capacité à transpercer une défense regroupée constituée de deux murs défensifs bloquants.
Un autre joueur va probablement constituer une révélation pour le public marocain. Il n’est pas très connu au Maroc, il joue en France au sein de l’AS Monaco, un championnat peu regardé, et s’appelle Eliesse Ben Seghir. Ce joueur mérite plus d’attention, il est prometteur et va probablement se révéler aux spectateurs lors des deux prochains matchs de l’équipe nationale.
Akhomach, l’ailier de Villarreal, et Youssef Lekhedim, le jeune arrière gauche madrilène -il joue dans l’équipe réserve du Real Madrid- sont les autres nouveaux du groupe.
Ces nouvelles recrues des Lions de l’Atlas vont rejoindre une floppée de jeunes joueurs, dont certains ont commencé leur carrière au sein de l’équipe nationale marocaine lors de la Coupe du Monde et d’autres lors de la CAN 2023. On assiste donc à un véritable renouveau des effectifs avec une pléthore de jeunes talentueux, titulaires dans des équipes importantes du gotha européen. Ils jouent ou ont été formés dans de grands clubs tels le Real Madrid, Barcelone, Villarreal, Alaves, le Bayern Munich, le Bayer Leverkusen, West Ham United, le PSG, l’OM, Reims, Monaco, l'Académie Mohammed VI. Un gage d’expérience des grandes compétitions. Est-ce que ça va suffire? C’est la question que se posent tous les observateurs du football national.
L’équipe nationale nous a souvent habitué à briller sans franchir le pas du couronnement final. En Coupe du Monde, elle a tenu la dragée haute à la puissante équipe d’Allemagne en 1970, elle a brillement terminée 1ère d’un groupe composé de l’Angleterre, la Pologne et le Portugal en 1986, a produit un jeu chatoyant et de très bonne facture en 1994 malgré ses trois défaites et a été victime d’un «complot» en 1998 lorsque le Brésil a perdu face à la Norvège lors d’un match où ils étaient les grands favoris. Même en 2018, le Maroc n’a pas démérité, il a perdu contre le cours du jeu face à l’Iran et contre le Portugal sur un but entaché d’une faute portugaise avant de mettre en difficulté l’Espagne contrainte au partage des points sur le score de 2-2. Le but de la tête d’En-Nesyri face à Ramos et Piqué est resté dans les annales. Inutile de rappeler la demi-finale du Qatar au cours de laquelle, malgré l’absence de la quasi-totalité de la défense, le Maroc a mis en difficulté les champions du Monde sortants et si ce n’est le poteau et un pénalty oublié en faveur des Marocains, le score aurait pu évoluer différemment.
Les efforts de la fédération pour doter l’équipe d’un effectif à la hauteur des ambitions du pays est louable. La confiance renouvelée au staff de l’équipe démontre que la sérénité est de mise. Walid Regragui est un homme chevronné. Il doit juste mieux accorder ses violons pour que la mayonnaise prenne. Ce n’est ni simple, ni évident. Pour utiliser une métaphore alimentaire, c’est pertinent en plein mois sacré du Ramadan, «les ingrédients sont là, il ne manque que la touche du chef».
A moins d’être complétement sous le joug des apôtres de la superstition, personne ne croit à une fatalité, le coach a pris la pleine mesure de sa mission et des difficultés qu’il aura en face de lui. Il a probablement su tirer les enseignements du parcours ivoirien. Le premier, et non des moindres, c’est au niveau de la communication nettement plus sobre et discrète. Le Maroc, premier qualifié de l’histoire africaine à la phase finale de la Coupe du Monde, premier qualifié en 1/8ème et en demi-finale, ancien vainqueur de la CAN a le succès dans son ADN, il suffit qu’il actionne les bons boutons pour franchir la dernière marche, la seule qui vaille, notamment au niveau continental.