La presse algérienne, et tout particulièrement celle connue pour ses accointances avec la junte militaire, surtout les principaux acteurs des Fennecs, dont l’entraîneur et les joueurs, ont critiqué, à raison, la responsabilité des autorités de leur pays dans la dégradation des stades et l’impraticabilité des pelouses en Algérie.
Mais voilà: le régime miliaire tient comme à son habitude à accuser son bouc émissaire préféré: le Maroc. En l’occurrence, c’est plutôt drôle. C’est même si drôle qu’on pourrait en rouler par terre de rire sur une des vertes pelouses des stades marocains…
Alors même que des voix s’élèvent en Algérie pour dénoncer l’incompétence des autorités à garantir à leur équipe nationale de football un stade digne de ce nom pour ses matchs internationaux, la junte militaire en place mobilise des voix pour s’en prendre injustement au Maroc.
Pas plus tard que dans la soirée d’hier, samedi 9 octobre 2021, TSA (Tout sur l'Algérie), le site internet pro-régime militaire, titrait: «Pelouse du stade Tchaker: chronique d’un scandale qui n’en finit pas».
«Sans altérer la belle performance des Verts face au Niger (6-1), la poursuite de leur série d’invincibilité (30 matchs) ou encore le record d’Islam Slimani, la pelouse du stade Mustapha-Tchaker aura été la fausse note de ce 3e match de l’Algérie dans les éliminatoires pour le Mondial 2022 vendredi», écrit, dépité, TSA.
Et de regretter: «on croyait le dossier définitivement clos après le coup de gueule du sélectionneur Djamel Belmadi le 1er septembre dernier». Le capitaine de la sélection algérienne, Riyad Mahrez, et son buteur historique, Islam Slimani, se sont emportés contre la mauvaise qualité des terrains algériens en conférence de presse, la veille, vendredi 8 octobre (voir leur coup de gueule sur la vidéo ci-dessous).
Mais voilà que ce dimanche 10 octobre, un quidam, se disant «analyste sportif», a apparemment trouvé l’origine de tous les heurts et malheurs de son pays: le Maroc, voilà le fautif.
Sur la chaîne Ennahar TV, le type déclare sans sourciller: «le voisin de l’Ouest finance la CAF. Après la victoire de l’Algérie en Coupe d’Afrique, les Marocains n’ont pas été contents. Alors, ils ambitionnent de détruire la sélection algérienne via l’arbitrage… Aujourd’hui, ils ont pu arriver à leur objectif en déstabilisant l’équipe algérienne…».
Le présentateur a eu beau essayer de raisonner son invité, en lui faisant remarquer que la qualité des pelouses était bel et bien une affaire interne, cela l’a été en vain. Car le fameux «analyste sportif» était manifestement déterminé à jouer le jeu, celui que lui avaient dicté ses maîtres, confortablement installés au Palais d’El Mouradia.
Il a donc asséné, sans vergogne aucune: «aujourd’hui, il est clair que la qualité de la pelouse du stade Tchaker est un complot ourdi par le Maroc». De telles absurdes déclarations se passent de tout commentaire.
Toutefois, les supporters algériens, eux-mêmes, se sont chargés de répondre, avec dérision, aux propos du «sieur», ci-devant voix de ses maîtres.
Après les feux de forêts en Kabylie, le meurtre abject de Djamel Bensmaïl, la hausse des prix de la pomme de terre, de la farine, les coupures d’eau… Voilà que le Maroc est à nouveau désigné comme le bouc émissaire favori de la junte au pouvoir.
Pour autant, ici au Maroc, tout en compatissant avec les citoyens du voisin de l’Est, qui n’ont vraiment pas les dirigeants qu’ils méritent, on ne s’étonnera pas si, demain, une simple rage de dent du président Tebboune soit, elle aussi, imputée au Maroc.