Le sport, tel qu’il est conçu depuis la révolution industrielle, accompagne un processus de civilisation universelle consistant à réduire l’usage de la violence entre les personnes. On sait, depuis quelques années déjà, que le concept même de civilisation universelle est battu en brèche du fait du comportement hors-la-loi de ceux qui en étaient les locomotives, certains pays occidentaux ou apparentés.
Pour illustrer la première affirmation, rien de tel qu’une discipline comme l’escrime, utilisée comme arme de défense pendant plusieurs siècles. Elle est devenue une compétition sportive à part entière, où nul ne craint pour sa vie.
Limiter l’usage de la violence passe forcément par la mise en œuvre du principe d’égalité. On ne peut être en compétition que face à un adversaire de la même catégorie. Rares sont les sports où hommes et femmes sont dans la même catégorie, c’est une question de morphologie, d’hormones et de puissance.
Le sport moderne a pour objectif de tendre vers l’égalité des chances. C’est ainsi qu’en boxe, ce sont des principes de poids qui sont appliqués. Le golf, sport égalitaire par excellence, si l’on se limite au talent des joueurs, dispose d’un système de handicap qui facilite le nivellement des chances de tous les joueurs.
Toutes ces règles visent la mise en place d’un sport en phase avec les principes libéraux de concurrence saine et loyale. Elles ont connu les mêmes déboires que celles vécues par les sociétés occidentales. La corruption des hommes et la tentation de gagner de l’argent facile sont passées par là. Des affaires sordides ont sali les différentes compétitions sportives.
En football, ce sont des matchs truqués; de gros scandales ont terni le football allemand à la fin des années 70, le football italien dix ans plus tard et le football français en 1993. En cyclisme, c’est le dopage des hommes et du matériel qui a secoué la discipline.
On se souvient de la destitution du champion du monde américain, Lance Armstrong, à qui on a retiré toutes ses victoires au Tour de France, dont il était le recordman absolu avec 7 succès consécutifs.
Le dopage a même tué l’Italien Marco Pantani, un des plus grands grimpeurs de tous les temps, à l’âge de 34 ans, retrouvé mort dans sa chambre à la suite d’une overdose. D’autres champions ont été confondus pour dopage mécanique : ils utilisaient en toute discrétion des vélos à moteur.
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À chaque tentative de triche, les autorités de régulation des sports ont cherché des parades pour préserver l’égalité dans le sport. Cette égalité suppose bien entendu des sanctions similaires en cas de contrôle positif. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Tout dépend de facteurs souvent exogènes au sport et liés soit à la politique soit au pouvoir de l’argent.
La récente polémique autour de l’Algérienne Imane Khelif, qui a été considérée par la Fédération Internationale de Boxe comme un homme, alors que le CIO l’a intégrée en tant que femme montre la complexité des questions d’égalité dans le sport.
De même la suspension, de trois mois, infligée au champion de Tennis Jannik Sinner pour dopage, alors que la patineuse Laura Barquero a été suspendue pour six ans pour la même infraction, soulève des questions sur l’égalité de traitement des athlètes. Il est vrai que l’Agence mondiale antidopage vient de négocier un «deal» (terme à la mode) avec Jannik Sinner, dont le contenu reste tout de même obscur.
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Enfin, les erreurs d’arbitrage et les décisions contestables peuvent également générer des polémiques et remettre en question l’égalité des chances dans le sport. Le récent bras de fer entre le Réal Madrid et la Commission des arbitres espagnols est un exemple de la tension qui peut surgir lorsque les athlètes et les équipes se sentent lésés par des décisions partiales.
Le Real Madrid connu pour ses records de trophées et ses « remontadas » spectaculaires (voir leur match face à Man City), est aujourd’hui sur toutes les manchettes des médias sportifs. Victime de plusieurs erreurs d’arbitrage, souvent initiées par les responsables du contrôle vidéo, ils ont réclamé des audios relatives aux communications entre l’arbitre du centre et celui de la VAR.
Cette réclamation, refusée pour le moment par la CTA, survient dans un contexte de diffusion par Real Madrid TV de vidéos et d’archives accablantes pour des fautes et des traitements inégalitaires de certains arbitres officiant pour les matchs du Real.
Ce bras de fer dérange et invite à la réflexion. Déjà la presse française s’inquiète pour son compatriote Mbappé, victime d’un grand nombre de fautes non sanctionnées. Le Real, invité à surseoir aux diffusions, ne compte pas le faire. Il se dit prêt à recevoir des coups : lorsqu’on déclenche une guerre, on en assume les conséquences.
La fédération espagnole, dans un geste d’apaisement, promet des réformes. Elles seront bienvenues, pour les clubs de la Liga, tous victimes un jour ou l’autre et un défi relevé pour améliorer l’attractivité de la compétition.
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