L’échec des JO et la responsabilité des présidents de fédérations

JO Paris-2024.

JO Paris-2024.. AFP

Des démissions s’imposent, des réformes sont exigées et un nouveau départ doit être programmé, incluant les bonnes pratiques et écartant celles qui ont échoué.

Le 15/08/2024 à 13h02, mis à jour le 15/08/2024 à 14h18

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été marqués par un grand nombre de polémiques sportives et extra-sportives. Ces critiques, souvent fondées, n’ont pas épargné la délégation marocaine. Forte de 60 participants, elle a déçu et fait l’objet de critiques acerbes relayées des milliers de fois à travers les différentes plateformes des réseaux sociaux.

On peut en parler sans remuer le couteau dans la plaie, ni accabler les dirigeants, particulièrement visés par ces campagnes, mais avec la volonté de comprendre les raisons de l’échec sans aucune prétention. Ceux qui détiennent la potion magique et proposent des solutions miracles n’ont, en général, aucune expérience de la gestion sportive, une discipline en soi.

Le résultat sportif, c’est avant tout le talent, l’intelligence, le travail et la forme du moment d’un athlète, d’un joueur. C’est une réalité que l’on a tendance à oublier. C’est aussi la transmission d’un ADN de victoires. Lorsque vous jouez au Real Madrid, c’est plus facile de gagner. Vous bénéficiez du passé du club et vous savez dans votre fort intérieur que la victoire est possible. De même, quand vous êtes Kenyan, vous savez que le 3.000m steeple est dans vos cordes. Il y a comme ça des traditions sportives qui associent un club ou une nation à une discipline sportive, ce qui fait que les victoires penchent souvent du même côté.

Il y a aussi l’incertitude du sport et la notion d’exploit, qui fait que rien n’est irréversible. La preuve: la nouvelle domination de Soufiane El Bekkali sur le 3.000 m steeple.

Le résultat sportif, c’est aussi un encadrement de qualité. Le rôle de l’entraîneur dans la préparation, la tactique, la stratégie et la mise en place du tout est primordial. La détection des talents, la préparation mentale, indispensable lorsqu’il s’agit de dépasser ses limites, et psychologique pour préserver le champion de la pollution externe, est tout aussi importante.

C’est également une gouvernance de haut niveau capable de prendre en charge la gestion administrative et technique de la fédération ou du club dont un responsable assure la direction. La nomination des entraîneurs et du personnel technique relève du président de la fédération ou du club. Ce dernier doit être jugé aussi sur sa capacité à établir des partenariats et des relations avec les sponsors à travers des financements adéquats pour offrir de meilleures infrastructures, équipements et conditions d’entraînement. Il doit enfin gérer correctement la communication avec les supporters, les médias et la communauté sportive.

Sur le registre de la communication, on peut être tous d’accord: l’échec est cuisant. Le président a enfin le devoir et l’obligation de protéger les athlètes et le pays de toutes les dérives qui, souvent, ternissent le sport. La tricherie et le dopage font partie des fléaux dont on a été protégé par la gouvernance actuelle des fédérations marocaines. Ce n’est pas rien, et il faut leur reconnaître. La rigueur avec laquelle ce sujet a été traité par certaines fédérations nous a peut-être coûté des médailles, certains athlètes ayant choisi de courir sous des bannières moins regardantes ; peu importe, l’honneur est sauf. Les Marocains n’auraient jamais supporté un doute quelconque sur l’attribution d’une médaille. On ne juge pas, mais chacun dispose de la liberté de mettre le curseur des valeurs au niveau qu’il souhaite.      

Si l’on veut s’inspirer des meilleurs, un événement vient de suite à l’esprit : celui de la présentation, au Bernabéu, de la nouvelle recrue du Real Madrid, l’international français Kylian Mbappé. 85.000 supporters se sont réunis pour l’accueillir et lui souhaiter la bienvenue. À l’entrée du joueur sur la pelouse, surprise: le public madrilène s’est mis spontanément à scander son nom et celui du président du club, Florentino Pérez. Cet accueil, on le souhaite à tous les présidents de fédération et de club à l’avenir. Pour y parvenir, un audit des performances est nécessaire. Il doit être réalisé calmement par les fédérations, le CNOM et le ministère en charge des Sports, dans un esprit constructif.

La performance parisienne est loin d’être satisfaisante, mais c’est la meilleure depuis 2004, où le Maroc a obtenu 3 médailles, la meilleure performance étant celle de l’an 2000 avec 5 médailles, dont 4 de bronze.

Paris 2024, c’est aussi la première médaille dans un sport collectif, mais aussi une participation multidisciplinaire. Le Maroc était présent en athlétisme, en boxe et en football, mais aussi en aviron, en beach-volley, avec une participation honorable dans le groupe le plus relevé, en BMX racing, en breaking, en canoë slalom, en canoë sprint, en cyclisme sur route, en escrime, en golf, en judo, en lutte, en natation, en skateboard, en sport équestre, en surf, en taekwondo, en tir et en triathlon. Pour y participer, il fallait souvent réaliser des minimas, ce qui est une performance en soi, et dans certaines disciplines, les participants marocains représentaient l’Afrique et le monde arabe.

Malgré tout, des démissions s’imposent, des réformes sont exigées et un nouveau départ doit être programmé, incluant les bonnes pratiques et écartant celles qui ont échoué. Le tout dans la sérénité, le calme et le respect pour le travail accompli.

Par Larbi Bargach
Le 15/08/2024 à 13h02, mis à jour le 15/08/2024 à 14h18