Une étude sérieuse, commanditée par l’Union Européenne, a reconnu l’importance du football dans la construction de l’Europe. Cette étude a bénéficié d’un budget conséquent dans le cadre d’un programme intitulé «FREE» pour «Football Research in an Enlarged Europe».
C’est une équipe pluridisciplinaire qui s’est chargée de l’étude, composée d’historiens, d’anthropologues, de sociologues et de spécialistes en sciences politiques provenant de neuf institutions universitaires européennes. On peut imaginer qu’une étude similaire sur l’Afrique aboutirait aux mêmes conclusions.
C’est dire l’importance du football dans le rapprochement des peuples. Le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a fait de la construction d’un ensemble économique africain puissant une priorité, le pilier principal de cet objectif étant la coopération Sud-Sud.
La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a, dans cette optique, consacré une grande énergie à la mise en œuvre d’une feuille de route privilégiant une telle coopération. Quarante-quatre conventions ont été signées avec autant de fédérations du continent. Elles sont destinées à développer des échanges fructueux et réguliers dans tous les domaines relatifs au football. La partie visible de cette coopération reste incontestablement la mise à disposition de terrains homologués aux sélections amies dont les stades n’ont pas encore été validés par la CAF ou la FIFA. Ce rapprochement s’inscrit, bien entendu, dans un contexte plus global de co-développement d’une Afrique qui avance.
Le continent a brillé lors de l’Euro 2024. Les joueurs d’origine africaine sont nombreux en Europe, notamment en équipe de France où ils sont majoritaires. Le meilleur jeune du tournoi, Lamine Yamal, est d’origine africaine. Pour les garder et faire briller l’Afrique, un travail de fond est engagé sur plusieurs fronts: formation, infrastructures, sécurité, logistique, savoir-faire en événementiel, etc. Le Maroc a pris une légère avance sur un certain nombre de ces registres, et cela s’est ressenti lors du dernier mondial 2022 au Qatar. En plus de briller en compétition, le Maroc a contribué à la sécurité de l’événement et à sa réussite.
Sa candidature à l’organisation de la CAN 2025, et plus tard à celle de la Coupe du Monde 2030, n’en était que plus légitime, au service de son continent. La candidature algérienne est venue la contrecarrer avec un objectif qui relève de considérations de politique intérieure et non d’un souci de faire mieux. Cette candidature était bien entendue légitime, sauf qu’elle n’était pas préparée. Sa seule logique était de contrarier celle du voisin. D’énormes moyens ont été consacrés à la construction de nouveaux stades et à la rénovation d’anciens. La Confédération Africaine de Football, consciente du caractère opportuniste de cette candidature, a préféré confier l’évaluation des candidats à un organisme indépendant allemand. C’est dire le niveau de précaution. La sentence ne s’est pas faite attendre: le dossier marocain était loin devant. La Fédération algérienne avait pris quelques précautions et s’était portée candidate pour les éditions 2025 et 2027. On pensait que c’était pour obtenir celle de 2027, mais, à la dernière minute, elle s’est retirée complètement de la course. Les centres de décision chez les voisins sont souvent fluctuants.
Hafid Derradji, le fameux journaliste laudateur des nouveaux personnages du régime, avait préparé ce rétropédalage en évoquant des combinaisons de coulisses malveillantes. «On pense comme on est», selon un adage de bon sens, ce qui veut dire que celui qui a l’habitude de certaines pratiques pense que les autres font pareil.
La CAF a fini par confier l’édition 2027 à un trio composé du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie. Jamais à court d’histoires délirantes et complètement loufoques, le sieur journaliste vient de publier un article sur le site «Algérie maintenant» dans lequel il raconte que la CAF souhaite retirer l’organisation de la CAN 2027 au trio cité ci-dessus pour la confier à l’Algérie, «seule nation africaine capable d’organiser une grande compétition à court terme», selon ses dires. On avait l’habitude de ses sorties lyriques sur la grandeur de l’Algérie, même si cette arrogance ne cadre plus avec un continent en plein devenir. On l’a vu lors de la CAN brillamment organisée par la Côte d’Ivoire et, avant elle, par le Cameroun.
Il aurait pu se contenter de cette affirmation, après tout, qui s’en souviendra en 2027? Il a rajouté que «la CAF va solliciter l’Algérie et que son pays va refuser». Il a écrit noir sur blanc: «l’Algérie, toujours prête à aider l’Afrique dans les moments difficiles, refusera cette fois officiellement et publiquement». Briser le plafond de verre du ridicule, on ne pensait pas que Hafid Derradji en était capable ; il vient de démontrer que oui, mais ce n’est pas pour rien. Il vient d’annoncer, il y a quelques jours, en grandes pompes, la création d’un site dédié aux «valeurs et à la préservation de la culture algérienne». Ce site, destiné, selon ses dires, à une consommation interne, va bénéficier de grandes largesses pour l’investissement et le fonctionnement de la part du régime. On peut être ridicule et soigner son portefeuille, sauf que la tâche du ridicule est indélébile.