Dans chaque compétition sportive, des pays brillent plus que d’autres. Et jusqu’à aujourd’hui dans cette Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023, ce sont le Maroc, le Mali, le Sénégal et l’Algérie qui font les Unes des médias internationaux. Les trois premiers pour leur entrée fracassante dans le tournoi, l’Algérie, elle, c’est pour une raison moins honorable: les multiples dérapages racistes des supporters des Fennecs présents en Côte d’Ivoire à l’égard du pays hôte et de ses citoyens.
Les uns harcèlent les femmes ivoiriennes, d’autres traitent les passants d’esclaves et certains dénigrent la Côte d’Ivoire en lançant à la population locale que «notre pays (l’Algérie, ndlr) est meilleur que le vôtre, 900.000 fois».
Mais celle qui remporte le Ballon d’Or du racisme décomplexé n’est autre que la pseudo influenceuse Sofia Benlemmane. Depuis son arrivée au pays des Éléphants, elle n’a cessé de publier sur les réseaux sociaux des vidéos écœurantes dans lesquelles elle insulte tout ce qui bouge: le peuple ivoirien, les autorités locales et dénigre avec des propos nauséabonds la vie en Côte d’Ivoire. «Il faut que les Algériens sachent comment ils (les Ivoiriens) vivent ici. Nous remercions Dieu d’avoir un pays comme l’Algérie. Normalement, l’Algérie devrait se situer, sur la carte géographique, entre le Portugal et l’Espagne. Parce qu’ici, ils vivent dans la misère. Et c’est peu dire qu’ils vivent à l’âge de pierre. Si je pouvais, j’enverrais les Algériens voir comment les gens vivent en Côte d’Ivoire», a-t-elle déversé son fiel.
Devenues virales, ses vidéos ont été publiées par les médias ivoiriens, africains et internationaux. Résultat: elle a été arrêtée et expulsée du pays qui a fait de sa CAN celle de l’hospitalité.
Dans tout pays dirigé par des personnes légèrement sensées, cette énergumène aurait été immédiatement arrêtée et jugée. Cependant, dans une Algérie gouvernée par une bande de séniles, de surcroît, racistes assumés (le scandale de l’ouverture du CHAN en est la preuve), la Sofia circule librement à Alger. Mieux encore, elle persiste et signe: «le peuple algérien doit s’estimer heureux des bienfaits dont il bénéficie dans son pays», a-t-elle lancé dans une vidéo publiée sur son compte Instagram après son expulsion de la Côte d’Ivoire.
Face à l'ampleur prise par ce scandale, la junte au pouvoir, dans l’objectif de se dédouaner de toute responsabilité, a réservé une grande partie du journal télévisé de sa chaîne publique, EPTV (anciennement ENTV), du mercredi 17 janvier, pour élucider les tenants et aboutissants de ce tapage qui «n’a pour but» que de «nuire à la réputation de l’Algérie et semer la zizanie entre deux pays frères». Et bien évidemment le coupable est tout trouvé: le Maroc.
«Le Maroc, ce pays diabolique, essaye de saboter ce grand événement et empêcher la Côte d’Ivoire de réussir cette édition pour que cette dernière ne fasse pas de l’ombre à la prochaine édition attendue dans le pays du Makhzen», a commenté le journaliste dans une vidéo qui met en exergue une certaine union entre Algériens et Ivoiriens pendant cette CAN. Oui, cela a été dit dans la première chaîne de télévision algérienne.
Avant d’ajouter: «ils ont exploité les déclarations d’une influenceuse algérienne naïve et veulent en faire une affaire d’Etat. Les Algériens et leurs amis ivoiriens ne sont pas dupes et ne tomberont pas dans le piège du régime du Makhzen. Ils sont conscients que les relations entre les deux peuples frères ne seront en aucun cas ébranlées suite à des déclarations d’une influenceuse».
Tout le monde sait que la junte case le mot Maroc dans n’importe quelle situation, à propos de n’importe quel sujet, du plus futile au plus tragique et l’accuse d’être derrière tout malheur –grand ou petit– qui s’abat sur l’Algérie. Mais cette fois, faire porter le chapeau au Maroc alors que les propos racistes ont été proférés par une protégée du régime, est pour le moins surréaliste et surtout stupide.
Cette Sofia n’est-elle pas celle constamment utilisée par le régime pour lui faire faire sa propagande et sa sale besogne? La manifestation, en mai 2022, devant le siège de la FIFA à Zurich pour dénoncer l'arbitrage du match perdu contre le Cameroun qui donnait un ticket pour la Coupe du monde 2022, c’est elle.
La supportrice de l’équipe algérienne arrêtée en Gambie, en novembre de la même année, pour avoir essayé de trouver Bakary Gassama (arbitre du match Algérie-Cameroun), c’est encore elle.
L’Algérienne qui a menacé l’ancien international Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football, de lui «casser les dents», c’est toujours elle.
Cette même influenceuse "naïve" a eu droit à un traitement digne des plus grandes stars lors des Jeux méditerranéens d’Oran 2022, contrairement aux membres du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), qui avaient signalé, via le SG de l’instance Iakovos Filippousis, des «insuffisances organisationnelles importantes et fondamentales, qui ont créé des impressions extrêmement négatives sur les membres de la Famille méditerranéenne et ont provoqué de vives réactions».
Les Ivoiriens ne sont pas les premières victimes de cette privilégiée. Les Marocains ont gouté à sa haine lors d’une manifestation à Paris pendant laquelle elle a scandé «donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal», la chanson préférée des supporters algériens lors du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) tenu en Algérie en janvier 2023.
La haine et le racisme sont structurels en Algérie. Il suffit de rappeler que l’ancien conseiller de Bouteflika, Farouk Ksentini, a dit que «nous (les Algériens) sommes exposés au risque de propagation du Sida, ainsi que d’autres maladies transmissibles à cause de la présence de ces migrants» pour comprendre que le racisme contre les Noirs est assumé de façon décomplexée par le Système. Dès lors, il ne faut pas s’étonner qu’une influenceuse algérienne dise tout haut ce que la junte inculque aux Algériens. Et faire porter le chapeau de façon indigne et vulgaire par la télévision publique algérienne au Maroc ne trompera pas les Africains qui découvrent le monstre que nous subissons et que nous avons pour voisin.