De facto, Mouine Chaabani doit assumer une grande partie de cette défaite. Arrivé à Berkane avec une flatteuse carte de visite, le technicien tunisien n’a pas su donner à ses joueurs les outils tactiques et psychologiques pour remporter cette coupe. Sur les 180 minutes de cette finale, il n’a proposé un visage ambitieux que lors des 30 premières, avec un pressing haut et des choix payants sur le plan stratégique. Malheureusement, ses consignes, sa formation et son coaching se sont montrés défaillants. Sinon, comment expliquer l’attitude craintive de son équipe pendant les 20 premières minutes de la bataille du Caire? Comment justifier la présence de Tahif au poste d’arrière latéral, alors qu’il n’a pas de repères dans ce poste? Comment lire l’absence d’un milieu récupérateur physique comme Camara et de tout soutien devant la défense pour jouer au moins la contre-attaque à fond? Enfin, comment justifier la titularisation d’un Bassene fantomatique à la pointe de l’attaque?
Chaabani a eu tout faux, comme ses joueurs. Ces derniers ont laissé l’espace et le ballon à un Zamalek qui n’en demandait pas tant. Leur recherche systématique du 0-0 dès les premiers instants du match était pour le moins contre-productive. Le bloc très bas proposé d’emblée ressemblait à une capitulation en rase campagne. Pire encore, la réaction après l’ouverture du score cairote a manqué de justesse technique. Misant leur destin sur les coups de pied arrêtés, les Berkanis n’ont jamais eu les armes suffisantes pour relever le défi de cette finale. D’ailleurs, sur le plan individuel, tous ont sombré, à l’exception peut-être de Labhiri, la palme de la médiocrité étant décernée à un Moussaoui méconnaissable. Il n’y a eu également aucun sursaut d’orgueil, faute de leaders sur le terrain, capables de provoquer une révolte salutaire. Dayo n’a pas tenu son rang, et l’absence des tauliers d’antan comme Naji, Aziz ou Nemsaoui s’est fait sentir.
Enfin, il est impossible de conclure cette analyse sans évoquer l’erreur d’Issa Sy et de la salle VAR, qui ont fermé les yeux sur un possible penalty en faveur de la RSB, avec la complicité du réalisateur du match. Certains prendront la défense de la CAF, en évoquant sa réaction a posteriori concernant la désignation d’un réalisateur espagnol pour la finale retour Al Ahly-Espérance. Eh oui, les malheurs de la RSB feront peut-être le bonheur des Sang et Or de Tunis, histoire de boire le calice jusqu’à la lie.
Désormais, la RSB va s’atteler à finir la saison honorablement avec un retour à l’ordinaire, aux joutes d’une Botola Pro qui roule au ralenti avec ses problèmes de programmation, de grèves de joueurs, de valse des entraîneurs et de conflits d’ego entre dirigeants. Mais ceci est une toute autre histoire…