Aujourd’hui, j’ai décidé de vous entretenir de médecine. Oui, vous avez bien lu: de médecine, parce qu’il n’y a pas que le foot dans la vie!
Et je vous vois déjà venir: les plus vieux penseront que je parle d’Ebola, qui nous a privé de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations, en 2015. Les plus jeunes pencheront plutôt pour la Covid-19, qui a mis en pause toute la planète durant des mois.
Eh bien non, vous avez tout faux! Je pense plutôt au Syndrome du Maroc, ce phénomène psychologique observé généralement chez tout dirigeant algérien et chez certains journalistes connus pour leur accointances avec la junte militaire au pouvoir. Il désigne la propension de ces derniers à mettre tous les maux qui leur arrivent ou qui touchent, de près ou de loin, leur pays sur le dos du Royaume.
Derrière chaque malheur –grand ou petit– qui s’abat sur l’Algérie, on cite le Maroc. C’est simple, on peut le caser dans n’importe quelle situation, à propos de n’importe quel sujet, du plus futile au plus tragique. Allez, au choix: feux de forêts en Kabylie, le meurtre abject de Djamel Bensmail, la hausse des prix de la pomme de terre et de la farine, les coupures d’eau, la pénurie de l’huile de table, les crises de couples, les Algériens qui se méfient du vaccin anti-Covid au prétexte qu’il diminuerait la fertilité, et bien évidemment la situation économique. Même l’incontinence urinaire de Saïd Chengriha, chef de l'état-major de l'armée nationale populaire, serait due au stress continu que cause au vieux général le sujet Maroc.
Vous vous dites surement que ce n’est pas nouveau et que la haine viscérale que nourrit le régime d'Alger pour le Maroc ne date pas d’hier. On est d’accord, mais nos voisins de l’est ont développé d’autres formes de ce syndrome. Avant, ils nous accusaient d’événements qui ont eu lieu. Aujourd’hui, ils imaginent des faits qui n’existent pas encore. Leur pathologie s’est exacerbée au point de prédire l’avenir.
Leur dernière trouvaille est que le Maroc, la Fédération royale marocaine de football et son président, Fouzi Lekjaa, complotent pour sortir l’équipe nationale algérienne des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022, prévue du 21 novembre au 18 décembre au Qatar.
Selon les journaleux d’Echourouk, Lekjaa serait derrière la désignation de l’arbitre botswanais Joshua Bondo pour le match aller du barrage entre le Cameroun et l’Algérie, le 25 mars à partir de 18 heures, au Stade omnisports de Douala. Et cette feuille de choux n’est pas la seule à avoir la complotite aiguë. D’autres journaux algériens tissent la trame d’un récit où les forces du mal, dirigées par le Maroc, voudraient barrer la route du Qatar à l’Algérie.
À en croire ces journaux, ledit arbitre avait privé les fennecs d’un penalty lors de leur match, disputé le 7 septembre dernier à Marrakech, contre le Burkina Faso, dans le cadre de la deuxième journée de la phase de groupes de ces mêmes éliminatoires de la Coupe du Monde. Et il aurait été passif face au jeu viril des joueurs burkinabé. Et c’est ce même arbitre, considéré comme inamical envers les Fennecs, qui a été justement désigné pour officier dans un match décisif. La junte algérienne ne croit pas au hasard, et y voit une preuve du complot qui se joue dans les coulisses pour porter un coup dur au moral des Algériens.
Depuis que Chengriha s’est photographié avec les Fennecs, ces derniers n’ont plus gagné un seul match. Le général incontinent a porté la poisse à l’équipe algérienne de football. C’est plus commode de chanter à l’avance la rengaine d’un plan maléfique, orchestré par Lekjaa pour empêcher les Fennecs d’aller au Qatar. Cette manœuvre vise à protéger Chengriha d’une bronca populaire en cas de déroute des guerriers du désert.