Dans le monde entier, lorsque la ville d’Athènes est évoquée, l’on pense naturellement à l’Acropole et à l’histoire antique de l’une des plus anciennes agglomérations du monde. Pour les Marocains, particulièrement les mordus de football, Athènes évoque surtout les deux frères ennemis: le Panathinaïkos et l’Olympiakos. Ce dernier, basé dans la région du port du Pirée, a vu accoster à l’été 2023, un attaquant doué, mais presque inconnu, répondant au nom d’Ayoub El Kaabi.
Deux saisons footballistiques plus tard, le Casablancais s’est transformé en une véritable légende du club. «El Kaabi est phénoménal, c’est un grand professionnel. Son jeu est spectaculaire et il vit pour les buts», se réjouit Darko Kovacevic, le directeur sportif d’Olympiakos. Lui-même ancien attaquant de pointe, passé par la Real Sociedad, la Lazio, la Juventus…
«C’est un joueur qui trouve le moyen de marquer même quand il n’est pas au top de sa forme»
— Johnny Georgopoulos, journaliste
Kovacevic ne tarit pas d’éloges envers El Kaabi: «un gaucher est par nature, un joueur différent. En plus, il travaille pour l’équipe et il a faim de buts. C’est un attaquant qui exploite la moindre chance. S’il se crée deux occasions, il en mettra une au fond», ajoute l’ancien international serbe.
Sur les pas de Youssef El Arabi
«El Kaabi est devenu l’un des meilleurs attaquants de l’histoire d’Olympiakos», avance Johnny Georgopoulos, journaliste à SDNA. «Cette saison, il a mis 24 buts en 40 matchs. C’est un joueur qui trouve le moyen de marquer même quand il n’est pas au top de sa forme. C’est une véritable machine à buts», poursuit-il. «Je pense qu’il est déjà considéré comme une légende du club», affirme le journaliste, qui suit régulièrement les performances des joueurs marocains en Grèce.
Mais pour parler de popularité, rien de mieux que de s’adresser aux supporters. «Quand le club a recruté El Kaabi, les fans n’étaient pas vraiment enthousiastes. On avait fait une mauvaise saison. Mais on se disait que s’il était aussi bon qu’El Arabi, il y avait peut-être de l’espoir», raconte Savvas Hadjimarcou, fan du club. «Aujourd’hui, on apprécie beaucoup le joueur et l’homme. C’est un garçon humble, qui travaille dur et c’est un buteur de classe mondiale. El Kaabi est le joueur préféré des fans et la star numéro 1 en Grèce», insiste le supporter.
Si El Kaabi a réussi aussi bien sur le terrain, qu’en dehors du rectangle, c’est évidemment grâce à son instinct de buteur. Mais aussi et surtout, grâce à son prédécesseur et ex-coéquipier, Youssef El Arabi. «A sa venue, El Kaabi a beaucoup compté sur l’aide d’El Arabi», confie Darko Kovacevic. Dès le début, El Arabi a été le point d’ancrage pour El Kaabi. «La complicité entre les deux hommes, pourtant concurrents pour le poste d’attaquant, était parfaitement visible».
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Populaire parmi les fans, comme les adversaires
Buteur de l’édition 2023-2024 de la Ligue Europa Conférence, avec notamment une réalisation décisive en finale face à la Fiorentina, El Kaabi a surtout conquis les cœurs des fans, en marquant en demi-finale face à Aston Villa, le favori de la compétition. «Je pense qu’il y a un avant et un après le match face à Villa», estime l’ancien attaquant de la Real. «Depuis, il est très aimé par les supporters», ajoute Kovacevic.
Pour Georgopoulos, le but en finale a définitivement érigé El Kaabi au rang de héros: «tout le monde l’aime. Même les adversaires lui reconnaissent ses nombreuses qualités, comme son sens du but et son attitude sur le terrain. Tout le monde veut son autographe et achète son maillot.»
Savvas, quant à lui, se souvient de cette finale historique face à la Fiorentina. «On a bien rigolé avec des amis, parce qu’on avait entendu dire que Vincenzo Italiano (alors entraîneur du club florentin, ndlr) avait mis en place un plan spécial pour contrer El Kaabi. Mais nous, on était certains qu’il allait marquer», se souvient le supporter.
Changer les mentalités à coups de buts
Élu meilleur joueur étranger du championnat grec au terme de l’année 2024, deuxième meilleur buteur international au monde (IFFHS) et surtout auteur des deux buts qui ont offert les deux titres les plus récents du club, Ayoub est surtout populaire pour son attitude. «Ce que j’aime chez lui c’est qu’il te montre qu’il est serein et qu’il ne se laisse pas impacter par tout ce qui est extérieur à l’équipe», abonde Kovacevic. «Même quand il n’est pas aligné, il est très calme et encourage ses coéquipiers. Ce n’est pas évident quand on est attaquant.»
Pour Savvas, «le background humble d’El Kaabi a parfaitement collé à l’identité d’Olympiakos, qui est un club de la classe ouvrière à Athènes. Pour le centenaire du club (fondé le 10 mars 1925, ndlr), il y a eu un sondage sur le meilleur joueur de l’histoire de l’Olympiakos. J’ai voté sans hésitation pour El Kaabi.»
Le fan inconditionnel des Rouge et Blanc ne s’arrête pas là. «Ayoub a complètement changé la mentalité des supporters. Avant, on voulait que le club recrute des stars. Maintenant, on veut des joueurs comme El Kaabi. On laisse les stars à des clubs comme Fenerbahce.»
Nos trois interlocuteurs s’accordent pour dire qu’El Kaabi devrait rester pour «longtemps» au Pirée. Pour Georgopoulos, «El Arabi et El Kaabi ont présenté une très belle image du footballeur marocain et les clubs grecs seront de plus en plus intéressés par le recrutement de leurs compatriotes.»
