Crise du Raja: l’Oasis et les mirages

ChroniqueAprès avoir consommé 9 présidents en 8 ans et demi, le Raja Casablanca, monument du football marocain, devait amorcer le virage le plus périlleux de son histoire, dont l’actualité est marquée par une crise sportive et institutionnelle, à l’occasion de son Assemblée générale extraordinaire.

Le 06/02/2025 à 16h09

Le 5 février 2025 était une date à souligner en rouge, ou plutôt en vert et blanc. Cette date devait marquer la fin de l’ère Adil Hala et le début d’un nouveau processus de reconstruction du Raja. Or, un nouveau volte-face est venu marquer cette télénovela typiquement rajaouie, qui pourrait avoir pour titre «l’Oasis et les mirages».

Après avoir consommé 9 présidents en 8 ans et demi, le Raja Casablanca, monument du football marocain, devait amorcer le virage le plus périlleux de son histoire, dont l’actualité est marquée par une crise sportive et institutionnelle, à l’occasion de son Assemblée générale extraordinaire. Il n’est fût rien.

Said Hasbane et son sponsor émirati sont trending topic depuis quelques jours. L’ex président et actuel candidat à la présidence a abattu sur la table la carte maîtresse de son projet. Depuis, il fait le tour des médias pour prêcher la bonne parole, et convaincre ses multiples contradicteurs sur le sérieux de son projet de relance du club.

Hasbane, en pompier de service, estime qu’il est le seul recours possible pour remettre à flot un club en pleine faillite financière. Cet élu de Casablanca a fait ses armes dans l’ombre des sages qui ont présidé aux destinées du club entre 1996 et 2013.

Considéré comme le dauphin d’Aouzal, Ammor, Hannat and co, il possède un relationnel qui lui a permis de se poser en recours à chaque fois que son club a eu besoin de ses services.

On rappelle que dès son accession à la présidence en 2016 il avait tiré la sonnette d’alarme concernant la situation économique d’un club qui vivait largement au-dessus de ses moyens du temps de Boudrika I.

A l’époque le Raja était une sorte de Titanic. Un club qui coulait sur le plan financier, tandis que le président de l’époque et ses multiples laudateurs sur les réseaux sociaux, jouaient la musique d’un tube que tout le monde peut fredonner pour se donner du courage «tout va bien Madame la Marquise».

Entre temps, Hasbane ne s’est pas fait que des amis dans le magma rajaoui. Certains de ses adversaires mettent en doute le sérieux de son projet de relance et la crédibilité de son sponsor venu d’Abou Dhabi.

Et d’aucuns de rappeler que le prestigieux Olympique de Marseille s’était fait leurrer par les annonces fantaisistes de deux possibles repreneurs, l’un algérien et l’autre canadien.

Ils craignent que l’Oasis, qui devait abreuver un club en soif de liquidité, ne se transforme en mirage, car les rajaouis en ont vu quelques-uns depuis 2013.

D’un Président qui a commencé à creuser le déficit après le Mondial des Clubs 2013, à un autre qui a leurré tout son beau monde en promettant aux supporters qu’il allait amorcer un véritable big bang, en passant par d’autres qui ont promis monts et merveilles, sans tenir leurs engagements les plus élémentaires.

D’ailleurs, le rajaoui lambda vit au jour le jour les dommages collatéraux d’une gestion peu vertueuse, et endure les dérives de la démocratie «Made in Magana».

Aujourd’hui, le club dont le style de jeu a été magnifié par le Père Jégo, vit également une crise existentielle, où les surenchères et les effets d’annonce rivalisent avec les termes sérieux et les arguments de transparence.

Des éléments cardinaux qu’on a retrouvé par moments via la gestion de Hasbane et surtout de Jaouad Zyat. Paradoxalement, la sincérité de ces deux dirigeants, qui martelaient que la crise était réelle et qu’il fallait être patients, pourvu que les lendemains soient meilleurs, leur a coûté leur place à la tête de la pyramide rajaouie.

Sais Hasbane arrivera-t-il à tenir cet engagement ferme? Parviendra-t-il à vaincre les réticences des supporters et en particulier des Ultras, sérieusement remontés?

Saura-t-il adopter une thérapie de choc, qui permettra au Raja d’activer une société sportive gérée de manière rigoureuse, à l’instar d’une RSB ou d’un FUS, qui sont aujourd’hui considérés comme les clubs références du foot marocain?

Est-il aussi une sorte de Don Quichotte, appelé perpétuellement à lutter contre les moulins à vent?

Said Hasbane sera jugé sur sa capacité à unir les multiples factions de rajaouis. Sa campagne sera scrutée attentivement par certains candidats officieux, qui attendent leur moment, et qui pourraient également présenter leur plan Marshall dans les prochaines semaines, voire les prochains mois.

En attendant, le Raja continue sa traversée du désert.

Par Amine Birouk
Le 06/02/2025 à 16h09

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