La situation actuelle du Raja est assez invraisemblable. Sur le plan purement sportif, il est difficile de croire que l’équipe qui vient d’arracher un nul piteux face à une équipe de Safi évoluant pourtant à dix pendant près d’une heure de jeu (1-1), est la même qui a tout raflé la saison dernière, Botola et Coupe du trône, avec zéro défaite toutes compétitions confondues.
Plus que ses résultats médiocres (modeste 8ème de GNF1, avec 21 points de retard sur le leader, éliminé prématurément de la phase de groupe de C1), c’est dans le contenu que le grand club casablancais affiche un niveau alarmant. Sur le terrain, les Verts sont amorphes, poussifs, donnant souvent l’impression d’errer comme des âmes en peine.
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C’est tout le mal du football marocain, version locale, qui est ainsi exposé. On peut dominer et écraser tout sur son passage pour se retrouver, la saison d’après, dans un état de crise sur et en dehors du terrain. Ce qui dénote d’une très grande fragilité.
Ce qui arrive aujourd’hui au Raja ressemble, point par point ou presque, à ce qui est arrivé la saison dernière au Wydad. Les Rouges, pourtant champions en titre, et avec la même ossature, ont traversé eux aussi une saison fantôme, éliminés partout et produisant une bouillie de football indigne de leur standing. La comparaison ne s’arrête pas là.
Dans les deux cas, en effet, on a assisté à d’incessants changements de staffs techniques. Et surtout à un changement de présidence, aussi brutal qu’involontaire. Said Naciri comme Mohamed Boudrika ont connu des problèmes judiciaires.
On ne va pas rentrer dans les détails, mais on connait tous la manière dont les clubs de la Botola sont administrés. La bonne santé financière et sportive sont liées à la bonne santé du président. Quand celui-ci s’écroule, et peu importe la raison, tout s’écroule derrière lui. Ou presque.
L’impact, alors, est énorme. Et sans doute démesuré. Problèmes de gestion, de primes, de motivation, de mercatos mal négociés, de litiges, etc. La coupe est pleine. Et tout cela est constatable de visu, sur le terrain.
Maintenant, la question est de savoir si on peut mettre toute la misère sportive sur le compte de la mal gestion extra-sportive? Il est permis d’en douter, ne serait-ce qu’en partie.
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Parce que la vérité du terrain prime toujours sur le reste. Regardez le déroulé du match Raja – OCS, qui est édifiant.
Peu avant la pause, et alors qu’il n’avait pas montré grand-chose, le Raja s’est retrouvé devant (1-0) et en supériorité numérique, l’OCS venant de perdre son meilleur attaquant (Diarra).
Pas besoin d’être devin pour savoir ce qu’il faut faire à ce moment-là. Le coaching va de soi. Il faut retirer un défenseur et mettre un attaquant pour tenter de faire le break et assurer les trois points de la victoire. C’est le b.a.-ba du football.
Hafid Abdessadek n’en fera pourtant rien. L’entraineur du Raja refuse de profiter de ce cadeau tombé du ciel. Il attendra l’heure de jeu pour faire des changements très conservateurs, cherchant avant tout à densifier son entrejeu. Absurde.
Au lieu de miser sur un éventuel 2-0 qui lui tend les bras, il veut gérer son maigre avantage. Résultat: il se fait punir et l’OCS revient à 1-1.
L’attitude du coach du Raja est proprement incompréhensible. Crise ou pas, il aurait du jouer la gagne, quitte à perdre. Et si le Raja a encore perdu des points dans la course au podium, ce n’est certainement pas le fait de la crise extra-sportive qui secoue le grand club casablancais, mais parce que l’entraineur ne connait pas ses fondamentaux. Qu’on se le dise.